03 Septembre 2023 À 14:29
Your browser doesn't support HTML5 audio
Souffrant d’une insuffisance cardiaque sévère depuis 2010, Abdelkader Jraïfi, un homme âgé de 68 ans, a fini par accepter l’opération d’implantation d’une pompe cardiaque appelée LVAD. Il s’agit d’un appareil dont le rôle est d’assurer une assistance ventriculaire en vue de pomper le sang vers le corps. L’opération, qui était d’ailleurs sa dernière chance, a été réalisée avec succès par une équipe 100% marocaine au sein de l’Hôpital privé international de Casablanca. Une première dans l’histoire de la médecine cardiovasculaire dans notre pays. D’après le staff médical, l’opération s’est déroulée sans problèmes particuliers et les suites post-opératoires ont été simples. Le patient a quitté le service de réanimation il y a une semaine et son état est stable. L’équipe de «Matin TV» lui a rendu visite et c’était aussi l’occasion pour nous de rencontrer le staff médical pour avoir plus de détails sur cette expérience.
S’exprimant au micro de «Matin TV», M. Jraïfi dit avoir frappé à toutes les portes. «Je suis parti en France et un cardiologue, pourtant très connu dans ce domaine, a laissé entendre qu’il n’y avait plus d’espoir et que j’étais condamné à continuer ma vie avec un cœur dont la partie gauche était pratiquement morte», confie-t-il. De retour au Maroc, M. Jraïfi a rencontré l’équipe marocaine qui lui a proposé de subir le LVAD. «La décision n’était pas facile à prendre, mais mon père était aussi courageux», souligne Kawtar, la fille de M. Jraïfi. Pour elle, la réussite d’une telle aventure médicale, menée sous la conduite du chirurgien cardio vasculaire, Mohamed Amrani, n’était possible que grâce à une collaboration multidisciplinaire impliquant les compétences des équipes de chirurgie, de cardiologie, d’anesthésie-réanimation qui s'est mobilisé pour la prise en charge de ce patient. «L’équipe était très courageuse. Malgré son âge et son état de santé et abstraction faite des chances de réussite de cette opération. Elle disait tout simplement qu’on devait le sauver», se réjouit sa fille.
>>Lire aussi : Laâyoune: Première opération à cœur ouvert à l'hôpital régional Moulay Hassan Ben Mehdi
L’opération d’implantation d’une pompe cardiaque LVAD n’est pas facile. «C’est un acte opératoire qui est assez compliqué, vu toute la logistique nécessaire, et ce à toutes les étapes, que ce soit en pré ou en post-opératoire», affirme Dr Youssef Raïs, médecin anesthésiste-réanimateur au sein du HPIC. Toutefois, ajoute-t-il, l’opération permet au patient d’avoir une vie quotidienne plus simple. De son côté, Dr Karim Mediouni, anesthésiste-réanimateur au HPIC, note que le LVAD peut aujourd’hui remplacer une transplantation cardiaque qui est une chirurgie lourde et qui impose au patient de vivre dans le pays où il a été transplanté. «Pour le LVAD, la durée de la chirurgie est relativement plus courte que la transplantation cardiaque et même le suivi post-opératoire reste moins difficile», confirme-t-il. Et de préciser qu’après l’opération, un coordinateur LVAD assure la surveillance de l’appareil et reste connecté avec son patient.
Pour le cas de M. Jraïfi, cette surveillance est assurée actuellement par Younes Benttaleb, anesthésiste/VAD coordinateur, que nous avons également rencontré au sein de l’HPIC. Ce dernier a expliqué au «Matin» que son rôle aujourd’hui consiste aussi à former le patient et sa famille à l’utilisation optimale des batteries, chargeurs et autres accessoires nécessaires pour le fonctionnement de l’appareil du LVAD. «En cas de problème, le patient ou un membre de sa famille appelle le coordinateur LVAD pour l’assister à distance. Ce dernier pourrait éventuellement lui demander de se diriger à la clinique s’il y a urgence», explique-t-il. Et de préciser que de nombreuses personnes à travers le monde continuent leur vie normalement avec le LVAD. Des études, note-t-il, ont même été effectuées dans ce sens pour rassurer davantage les patients par rapport à ce type d’intervention.
À propos des frais de l’opération, les médecins indiquent que le coût est élevé certes, mais reste inférieur à celui d’une transplantation. Ils lancent, toutefois, un appel à toutes les instances publiques, notamment le ministère de la Santé, l’Agence nationale de l’assurance maladie et à toutes les mutuelles pour contribuer à la prise en charge des patients souffrant d’insuffisance cardiaque sévère et leur offrir ainsi l’opportunité de vivre une vie normale.