L’ISTA de Zenata, premier bâtiment certifié HQE pour l’OFPPT

Alto Eko est le leader de la construction durable au Maroc et en Afrique. Il accompagne les entreprises et les organisations dans le royaume pour les aider à améliorer leurs performances environnementales et énergétiques et aller au delà des exigences réglementaires.

Le Matin : On confond souvent HQE et sobriété énergétique. Quelle est la distinction entre les deux ?

Alto Eko : La certification HQE – Haute Qualité environnementale – est une démarche qui conduit vers la sobriété énergétique, mais pas que. Plusieurs critères environnementaux liés à l’énergie, à l’environnement, à la santé et au confort (dits «cibles») sont évalués. Avec HQE, la sobriété énergétique est un objectif parmi 14 autres.

Parmi les nombreux critères du label de la certification HQE Bâtiment, pourriez-vous nous en apprendre plus sur ceux de la qualité de l'air et leur application au nouveau centre OFPPT de Zenata ?

La certification HQE permet de réduire l’impact négatif d’une mauvaise qualité sanitaire de l’air sur les usagers du bâtiment. Trois principaux aspects sont pris en compte dans la conception du bâtiment en HQE :

• La qualité de l’air extérieur et l’implantation du site du projet par rapport à d’éventuelles sources de nuisances ou de pollutions de l’air. L’air extérieur (air neuf) est qualifié selon la norme EN 13779 et est ainsi réparti en 3 catégories. La première correspond à un air très peu pollué ou ponctuellement, la deuxième à un air de qualité moyenne avec présence de polluants gazeux et/ou particules, la troisième à un air extérieur de mauvaise qualité concentrant des polluants gazeux et des particules. L’OFPPT Zenata est exposé ponctuellement à la pollution au dioxyde de soufre provenant de Mohammedia (centrale thermique) lorsque la vitesse des vents est faible ou nulle et ne disperse pas suffisamment les polluants. Le site est à plus de 2 km des sources éventuelles de pollution, ce qui réduit le risque d’exposition. Les vents dominants propagent les polluants de Mohammedia vers Casablanca et Tit Mellil.
• La qualité de l’air intérieur qui peut être dégradée par une mauvaise gestion des poussières lors du chantier. Les émissions de certains vernis ou peintures peuvent aussi l’être par la concentration de CO2 dans l’air, par exemple en salle de classe. Une fois les objectifs fixés, on peut alors dimensionner le système de ventilation et définir les actions à mener pour les respecter. Les concepteurs-architectes veillent au choix de matériaux sains dont la qualité sanitaire a été testée et certifiée. Après les concepteurs, les entreprises travaux contribuent aussi à la qualité future de l’air intérieur. Elles doivent garantir un chantier où les rejets poussiéreux sont gérés et où les réseaux aérauliques sont protégés. Après les travaux, on mesure la qualité de l’air dans le bâtiment pour déterminer la conformité ou la non-conformité. On ne livre le bâtiment qu’une fois le renouvellement de l’air est suffisant pour atteindre la conformité. Enfin, les utilisateurs du bâtiment peuvent jouer un rôle comme ce sera le cas à l’ISTA de Zenata. Chaque professeur devra ouvrir les fenêtres 10 minutes par cours afin d’aérer les classes et d’évacuer le surplus de CO2. Cette solution manuelle est la plus économique et ne requiert aucune énergie électrique.
• Le renouvellement et le traitement de l’air, comme évoqués : air extérieur (dit air neuf) et air intérieur sont renouvelés et traités en permanence pour obtenir la qualité de l’air intérieur souhaitée. Le renouvellement peut être mécanique ou naturel. À l’OFPPT de Zenata, la ventilation sera naturelle, car c’est aussi une solution passive qui ne requiert pas d’énergie électrique.

La gestion des déchets est un sujet fondamental dans les mégalopoles comme Casa-Zenata-Mohammedia. Quelles sont les mesures de gestion des déchets prises pour le nouveau centre OFPPT de Zenata ?

La solution la moins coûteuse, la moins émissive en gaz à effet de serre est la réduction des déchets à la source. Ne pas générer de déchets c’est ne pas engendrer la complexité et le coût de leur gestion. L’ISTA Zenata fait le choix du recyclage. Les déchets produits seront principalement des résidus métalliques, du papier usé et des déchets organiques. Ces déchets sont triés lors du ramassage dans les classes et les ateliers puis collectés et recyclés par prestataires spécialisés en attendant le plan communal. Les déchets organiques sont gérés et compostés par le prestataire en charge de la gestion des espaces verts. La réduction des déchets à la source est une tâche ardue, mais gratuite qui nécessite une volonté répétée de sensibilisation des usagers. L’apprentissage par l’expérimentation est déjà au cœur de la pédagogie de l’OFPPT.

À l'heure où la 5G se déploie, les réseaux Wi-Fi et Bluetooth nous entourent, sans compter les quantités d'énergie absorbées par nos corps du fait de l'utilisation ou du port permanent de téléphones portables, quelles solutions ont été mises en œuvre pour la gestion des ondes électromagnétiques dans le nouveau centre OFPPT de Zenata ?

Les ondes électromagnétiques sont réparties entre les sources liées à l’énergie (câbles électriques) et les sources télécoms. Plusieurs solutions de bon sens ont été mises en place : éloignement du poste transformateur des salles où les usagers sont en occupation prolongée et pas de relais Wi-Fi dans les classes.

Pour conclure, le développement durable se construit à pas-à-pas et de manière multiscalaire. La société d'aménagement de Zenata (SAZ) a, de longue date, lancé la démarche HQE Aménagement sur l’ensemble de son territoire afin de répondre à toutes les finalités du développement durable, à des échelles adaptées à chaque enjeu. HQE Bâtiment vient soutenir cette volonté.

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