05 Septembre 2023 À 16:35
Your browser doesn't support HTML5 audio
C'est désormais officiel. Le Maroc fait son entrée dans la liste très restreinte des pays ayant le statut de «Partenaire de dialogue sectoriel» de l'ASEAN. Les ministres des Affaires étrangères des pays de ce groupement géopolitique et économique de grande importance, réunis le 4 septembre à Jakarta, ont officialisé l’octroi au Royaume de ce statut. Par cette décision, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, «le Maroc devient le premier pays d'Afrique du Nord à obtenir ce statut, confortant ainsi sa position en tant qu'interlocuteur privilégié de ce groupement géopolitique et économique de grande importance».
>>Lire aussi : Le Maroc obtient le "Statut de Partenaire de Dialogue Sectoriel" auprès de l'ASEAN
La confirmation du statut de «Partenaire de dialogue sectoriel» au Maroc consacre la Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI concernant la diversification des partenariats et son ouverture sur de nouveau espaces géopolitiques, souligne le communiqué, ajoutant qu’il constitue, également, une reconnaissance par ce groupement du rôle du Maroc, sous la conduite du Souverain, comme pôle de stabilité en Afrique et dans le monde arabe et reflète, enfin, la dynamique des partenariats entre le Maroc et les pays de l’Asie du Sud-Est.
Ce partenariat de dialogue sectoriel définit les bases et les perspectives d’une coopération multiforme entre l'ASEAN et le Maroc dans des secteurs identifiés par les deux parties. À cet effet, le Maroc avait proposé, en février 2018, un plan d’action de coopération ciblant des domaines de coopération d’intérêt commun de nature à contribuer à la vision de l'ASEAN à l’horizon 2025. Ce plan d’action a été actualisé, en février 2023, prenant en compte les développements survenus depuis, notamment les répercussions liées à la pandémie Covid-19.r>Le Maroc, d’après le ministère des Affaires étrangères, a fait part de sa disposition à partager son expérience et son expertise avec les pays membres de l’ASEAN dans des domaines où la réputation du Royaume est connue et reconnue à l’échelle internationale, tels que l’agriculture, la sécurité alimentaire, la pêche, la lutte contre la pollution marine, le commerce, la promotion des investissements, le tourisme et l’éducation.
Commentant l’octroi au Maroc de ce statut de Partenaire de dialogue sectoriel de l’ASEAN, le professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université Ibn Tofaïl, Azzeddine Hanoune, affirme qu’il s’agit d’«un acquis important de la diplomatie marocaine, pour plusieurs raisons». D’abord, du fait du poids grandissant de ce groupement, aussi bien au niveau géopolitique qu’économique. En effet, souligne M. Hanoune, «les pays membres se trouvent dans la région du Pacifique à la croisée de trajectoires géopolitiques qui dessinent le futur de notre monde : relations sino-américaines, sino-indiennes, Japon et Corée du Sud. En outre, le poids économique des pays de ce groupement ne cesse de prendre de l’importance, grâce à une dynamique économique très forte. On y trouve des success-stories données en modèle, comme celles du Vietnam, de Singapour et de la Malaisie».
Aussi, poursuit le professeur de droit public, cette initiative est en fait l’aboutissement d’un travail de longue haleine qui a renforcé la confiance dans le Royaume en tant que partenaire fiable. Auparavant, le Maroc avait obtenu le statut d’observateur au sein de l’Assemblée parlementaire de l’ASEAN. Le Maroc n’est que le neuvième État à bénéficier du statut de Partenaire de dialogue sectoriel, le seul État nord-africain. On ne trouve qu’un seul autre État africain, à savoir l’Afrique du Sud (première puissance économie en Afrique), et un seul autre État arabe, à savoir les Émirats arabes unis, à en avoir bénéficié. On trouve également dans cette liste certaines puissances émergentes comme le Brésil et la Turquie.
De même, l’octroi de ce statut au Maroc est une confirmation de l’orientation diplomatique visant la diversification des partenariats, que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a toujours appelée de ses vœux. «L’ouverture est désormais l’un des traits principaux de la politique étrangère du Royaume», note M. Hanoune. Il s’agit également, ajoute-t-il, «d’un véritable stimulateur de la coopération économique et de l’échange d’expérience au bénéfice des deux parties. Les pays de l’ASEAN ont des expériences édifiantes, notamment en matière d’industrie, d’investissement et d’exportation. Deux autres domaines devraient attirer l’attention, à savoir l’éducation et le tourisme, certains États membres étant devenus des modèles internationaux et on pourrait s’en inspirer».
De son côté, le professeur d'études stratégiques au Collège de Défense (NDC) des Émirats arabes unis à Abou Dhabi, Mohamed Badine El Yattioui, met l’accent sur l’importance du multilatéralisme ne tant que choix stratégique fait par le Royaume. Selon lui, «dans un monde nécessitant une coopération accrue, afin de mieux gérer les crises contemporaines, le Royaume a fait le choix assumé du multilatéralisme depuis de nombreuses décennies». Le Maroc cherche donc à multiplier les alliances, ce qui correspond à une Vision Royale, afin de mettre en place une véritable projection stratégique, souligne M. Badine El Yattioui.
Et de préciser que «les nombreuses reconfigurations que le monde vit permettent des partenariats originaux et intéressants, alors que nous vivons une phase nouvelle de la globalisation». «Le fait que le Maroc soit désormais “Partenaire de dialogue sectoriel” de l'ASEAN en est un parfait exemple. Le Royaume est le premier pays nord-africain à avoir ce statut et il met en œuvre la Volonté Royale de diversification des partenaires, voulue depuis le Discours de Riyad en 2016», conclut le professeur d'études stratégiques.r>