Économie

Neo Motors : les révélations de Nassim Belkhayat

Neo Motors, le tout premier fabricant automobile marocain, entamera la production en pré-série de son premier modèle «Neo», fin juin prochain. Les premières livraisons sont prévues pour juillet, soit quatre mois avant le début de la production en série planifiée pour novembre de cette année. Le co-fondateur et PDG de la société, Nassim Belkhayat, table sur 2.500 unités ventes d’ici 2024. La capacité de production actuelle de 5.000 véhicules sera atteinte en 2 ans. D’ici la fin de l’année, le constructeur marocain engagera des travaux d’extension et d’acquisition d’équipements avec le lancement de nouveaux modèles, en perspective d’atteindre 27.000 véhicules produits. Le budget prévisionnel pour l’extension avoisine les 110 millions de DH, qui s’ajouteront aux 45 millions de DH investis durant la phase de lancement, financée par des fonds propres et emprunts bancaires.

Selon Nassim Belkhayat, la production de véhicules électriques n’est pas envisagée, mais reste une option en fonction de l’évolution de l’écosystème local. Ph. Sradni

21 Mai 2023 À 13:49

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2023 est une année historique pour Neo Motors. Le tout premier fabricant automobile marocain entamera la production en pré-série de son premier modèle «Neo», fin juin prochain. Ce modèle a été présenté à Sa Majesté le Roi le 15 mai, au Palais Royal de Rabat. Les premières livraisons sont prévues pour juillet, soit quatre mois avant le début de la production en série, qui est quant à elle planifiée pour novembre de cette année. «Il nous a fallu 7 ans pour exister, mais aujourd’hui on est là pour très longtemps», a souligné avec détermination Nassim Belkhayat. Le co-fondateur et président-directeur général de Neo Motors était l’invité de «L’Info en Face» jeudi dernier.

Le modèle "Neo" est une voiture 100% Marocaine 

Les véhicules sont fabriqués, avec un montage «hand-made» (manuel) dans l’unité industrielle de Neo Motors située à Aïn Aouda (Région de Rabat), un site de 5.000 m² sur une assiette foncière de deux hectares. «Le premier modèle est un crossover : un SUV citadin trois portes,  un véhicule mythique, intemporel, indémodable, agréable et fiable. Le prix varie entre 165.000 et 195.000 DH selon la motorisation : un 3 cylindres 82 chevaux et un 4 cylindres 115 chevaux, moteur thermique essence. Nous aurions souhaité que le prix soit plus accessible, mais le coût des matières premières a flambé. Même s’il s’est tassé aujourd’hui, il reste le double de ce qu’il a été lorsqu’on avait commencé le projet», précise Nassim Belkhayat. Selon le patron de la société, la voiture Neo reste, tout de même, accessible, avec «un très bon» rapport qualité-prix. «Les Marocains sont exigeants. Ils veulent de la qualité, de la sécurité et de la fiabilité. Nous avons fait de notre mieux et nous sommes ravis du produit que nous avons présenté devant Sa Majesté. Nous sommes confiants que Neo trouvera sa place sur une partie du marché», estime l’invité de «L’Info en Face».

Neo Motors s’appuie sur l’écosystème automobile local

À noter que l’homologation définitive de ce premier véhicule a été délivrée par l’Agence nationale de la Sécurité routière en février 2023, après avoir réussi l’ensemble des tests et des essais. Le châssis échelle conçu et fabriqué au Maroc a été inspiré de la fameuse Jeep Willys développée dans les années 1940 avant d’être dupliqué et amélioré par nombre d’entreprises. Pour l’équipement, «nous n’avons pas réinventé la roue», précise Nassim Belkhayat. Neo Motors s’appuie sur l’écosystème automobile local, une industrie forte qui a fait ses preuves «grâce à la Vision Royale qui a permis de construire un environnement des affaires solide et attractif pour les investisseurs». Ainsi, le taux d’intégration locale est élevé à commencer par le moteur thermique essence (Peugeot de Stellantis), fabriqué à Kénitra. Les tôles d’acier sont également achetées localement auprès de Maghreb Steel. Elles sont pliées, découpées et transformées chez Technique Aciers puis soudées et électrozinguées chez Socafix à Casablanca (pour le montage de la structure châssis). Les batteries viennent aussi du Maroc auprès d’Alma, la ligne d’échappement est produite par Tuyauto, les faisceaux par Taza câble, le verre par Induver, le radiateur par Denso, l’habitacle par Polydesign, les joints par Sealynx…

Concernant le SAV (Service après-vente) et la distribution, Neo Motors suit la même approche et s’appuie sur un réseau de partenaires. Elle a ainsi noué un «partenariat de confiance avec le géant pétrolier marocain Afriquia». D’autres partenariats sont en discussion avec des «industriels marocains leaders dans leurs secteurs d’activités». Pour ce qui est de la commercialisation, outre le site en ligne, des pop-up stores (boutiques) sont prévus dans un premier temps sur l’axe Casablanca-Rabat «qui représente 60% du marché automobile», avant d’étendre progressivement le réseau selon l’évolution de la demande et de la capacité de  production. Nassim Belkhayat table sur 2.500 unités vendues d’ici 2024. «Actuellement, nous avons une capacité de production de 5.000 véhicules que nous pensons atteindre sous 2 ans. Nous allons, en fin d’année, engager des travaux d’extension, et d’acquisition d’équipement qui nous permettront de passer à plus de 20.000 véhicules, avec bien sûr le lancement de nouveaux modèles», détaille le patron de la société au journal «Le Matin».

La meilleure façon de soutenir la voiture Made in Morocco c’est de l’acheter

À noter que la convention d’investissement avec l’État a été signée en septembre 2019. «Cet engagement d’investir 156 millions de DH sur 10 ans sera atteint en 3 ans seulement, avec plus de 27.000 véhicules produits», annonce Nassim Belkhayat. Le financement reste le nerf de la guerre. La phase de lancement a nécessité plus de 45 millions de DH, financés par des fonds propres et emprunts bancaires, «la démarche d’ouverture de capital et de recherche de fonds d’investissement, n’ayant pas abouti».r>Le budget prévisionnel pour l’extension avoisine les 110 millions de DH, avec de nouveaux modèles et le 5 portes. Pour cette phase de développement, Neo Motors fera de nouveau appel «au moment venu» à des bailleurs de fonds, type fonds d’investissement.r>«Nous n’avons pas besoin de fonds pour financer notre plan de développement actuel, mais la meilleure façon de soutenir le véhicule national, c’est de l’acheter», estime Nassim Belkhayat. Déjà, plusieurs demandes pour le véhicule Neo ont été enregistrées, et un intérêt a été également relevé au niveau du marché africain. D’ailleurs, «les exportations vers le reste du continent devront progressivement démarrer dès 2024».

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