14 Juillet 2023 À 19:43
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Un communiqué, publié jeudi 13 juillet, au nom des élus locaux du Parti authenticité et modernité (PAM) de la province de Laâyoune, vient mettre au jour le bras de fer entre ces derniers et la direction du parti, sur fond de mise à l’écart par Abdellatif Ouahbi du député de Laâyoune Mohamed Salem Joumani.
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Le communiqué, qui n’est pas authentifié et qui ne porte pas de signature, renseigne en tout cas sur le malaise que vit le PAM à quelques mois de son congrès national. Alors qu’on croyait ce conflit oublié, les propos tenus par le secrétaire général du parti lors de la récente réunion du conseil national, qui s'est déroulée samedi dernier à Salé, ont visiblement ravivé les rancœurs.
Au cours de cette réunion, le chef du parti avait pris la parole pour justifier l'exclusion du député de Laâyoune Mohamed Salem Joumani des rangs du parti. À travers des déclarations incisives, il avait laissé entendre qu’il détenait des dossiers compromettant contre lui, sans toutefois exprimer son intention de les dévoiler pour le moment.
M. Ouahbi a toutefois tenu à préciser que l’exclusion de Mohamed Salem Joumani n'avait rien personnel et qu'il s'agissait d'une résolution prise à l'unanimité par les membres du bureau politique lors d'une réunion qui s'est tenue en mai dernier. Il est important de souligner que la fille de M. Joumani, Lalla Elhajja Eljoumani, est également députée du PAM et membre du bureau politique.
Quelques jours après les déclarations de M. Ouahbi, un communiqué attribué aux élus du PAM de Laâyoune fait surface. On y dénonce les propos du secrétaire général du PAM et son acharnement contre «le député parlementaire et membre du conseil municipal de la ville de Laâyoune, Mohamed Salem Joumani, avec toute la symbolique historique, nationale, régionale et locale qu'il incarne».
Selon le communiqué, les propos de M. Ouahbi véhiculent un ensemble de «messages inacceptables et sans précédent», car «ils transforment le débat d'une décision relative à un contexte organisationnel en une attaque contre l'action politique, partisane et démocratique dans la ville». De plus, le communiqué déplore le fait que M. Ouahbi ait «dépassé les limites en portant atteinte aux rôles historiques et actuels des acteurs politiques».
Pour Samir Goudar, membre du bureau politique et président de la commission préparatoire du cinquième congrès du PAM, le communiqué en question n'a pas été formellement transmis au parti et, de ce fait, il ne bénéficie d'aucune caution officielle de la part des élus de la province de Laâyoune. «Le communiqué ne porte aucune signature», tient-il à souligner. Pour étayer sa position, il rappelle que des représentants des provinces du Sud, notamment ceux de Laâyoune, sont des membres actifs de la commission préparatoire du congrès et s'y impliquent pleinement, dans le respect des procédures établies.
D'autre part, selon des élus locaux contactés par «Le Matin» et qui ont requis l'anonymat, cette affaire risque de prendre une tournure autrement plus complexe. Selon eux, cette tension est révélatrice d’un bras de fer entre MM. Ouahbi et Joumani qui dure depuis les élections du 8 septembre 2021, lorsque le PAM avait décidé, dans le cadre d'un deal avec d’autres formations alliées, de confier la présidence de certaines collectivités territoriales de la région de Laâyoune à un élu issu de la coalition de la majorité.
Depuis lors, Mohamed Salem Joumani avait décidé de suspendre ses cotisations au parti. C'est d’ailleurs l’argument avancé par le bureau politique en mai pour justifier son expulsion, expliquent nos sources.