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Réforme des retraites : la CDT critique les atermoiements du gouvernement

Devant se réunir aprés le mois du Ramadan, la Commission chargée de la réforme des retraites constitue un cadre de dialogue avec les partenaires sociaux s’agissant de ce dossier fort délicat. Mais pour la CDT, la ministre de l'Économie et des finances tarde à fournir aux syndicats les documents nécessaires qui leur permettraient de mieux cerner l’ampleur du déficit et la nature des mesures à prendre. Selon la Confédération syndicale, le gouvernement temporise, étant donné le climat social tendu.

02 Avril 2023 À 18:54

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Dans un contexte social plutôt tendu, marqué par le renchérissement du coût de la vie, les syndicats attendent de pied ferme la tenue de la prochaine réunion de la «Commission chargée de la réforme des retraites». Une commission dont la création s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions de l’Accord social et de la Charte nationale du dialogue social, conclus le 30 avril 2022 entre le gouvernement, les centrales syndicales et les organisations et associations professionnelles des employeurs.

Pour rappel, la première réunion de la Commission chargée de la réforme des retraites a eu lieu en octobre 2022 et une autre a eu lieu durant le mois de février dernier. La dernière réunion, nous explique Abdelhak Hissane, membre de la commission au nom de la Confédération démocratique du travail (CDT), a permis d’examiner les études réalisées par le gouvernement portant sur la situation des retraites, études dont l’évaluation aborde les données relatives aux Caisses de retraite jusqu’en 2021.

Les syndicats demandent des documents pour mieux cerner l’ampleur du déficit des caisses des retraites 

Mais les syndicats, nous confie M. Hissane, ont demandé au gouvernement de leur fournir des documents supplémentaires. Selon lui, les syndicats, qui s’attendent à la tenue d’une prochaine réunion juste après le mois sacré du Ramadan, avaient demandé au gouvernement, lors de la réunion de février dernier, de fixer la date de la prochaine réunion, mais l’Exécutif avait demandé du temps avant de pouvoir proposer une date. «Cette réunion sera consacrée à la discussion de la situation des Caisses de retraite et sera l’occasion de faire le diagnostic de la situation actuelle et savoir dans quelle mesure les caisses souffrent d’une crise financière. Il sera question de déterminer les raisons de cette crise, de savoir si les caisses sont véritablement au bord de la faillite et d’identifier les causes de cette situation ainsi que la responsabilité de l’État par rapport à cette situation», explique-t-il.

Par ailleurs, selon notre interlocuteur, il semble que le gouvernement ne soit pas pressé de mener à bien ce chantier, en raison des circonstances actuelles, «en lien avec la cherté de la vie et aussi vu les manifestations massives en France contre la réforme des retraites là-bas». Le syndicaliste affirme que son organisation va présenter son point de vue à la lumière des données et des chiffres qui lui ont été exposés, tout en rappelant que la CDT avait demandé des documents supplémentaires afin de pouvoir évaluer la situation de manière assez précise et faire ainsi une lecture des données et des chiffres présentés. Mais notre syndicat n’a pas encore reçu de documents dans ce sens, déplore-t-il.

La proposition du gouvernement pour éviter la faillite des caisses de retraite 

Il convient de rappeler enfin que le ministère de l’Économie et des finances (qui préside la Commission) avait présenté les grandes lignes d'une réforme des régimes de retraite basée sur l’augmentation des cotisations (taux de 28%) et le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans.

Le gouvernement fait savoir que les Caisses de retraite sont au bord de la faillite et que le régime des pensions civiles épuisera ses réserves (68 milliards de dirhams) d’ici 2028. Au départ, le gouvernement prévoyait de mettre en œuvre ce plan dès mai 2023.

La réforme des retraits constitue depuis toujours un dossier délicat mettant aux prises les forces syndicales et le gouvernement. Et la nature du contexte national actuel marqué par l’érosion du pouvoir d’achat de larges couches sociales rend cette réforme autant nécessaire et que difficile. Le contexte international pèse lui aussi indirectement sur les acteurs de ce dossier, compte tenu notamment ce qui se passe en France. Pour beaucoup d’observateurs, l’ensemble de ces facteurs profiterait plus aux syndicats qu’au gouvernement, lorsqu’il sera question de relancer les pourparlers.

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