Économie

Les dix tendances qui impacteront le secteur des services financiers en 2023

SAS, spécialiste de l'analytique et de l'intelligence artificielle, a analysé les tendances qui auront le plus d'impact sur les organisations du secteur financier en 2023. Voici les pronostics de ses experts concernant ce que les consommateurs, les sociétés financières et les autorités de contrôles peuvent anticiper au cours de cette année.

Le relèvement du taux débiteur par Bank Al Maghrib poussera les banques locales à s’aligner en rehaussant les taux des crédits, estime SAS.

16 Janvier 2023 À 14:01

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L’année 2023 s’annonce mouvementée pour le secteur des services financiers. C’est ce que prédisent des experts de SAS, spécialiste de l'analytique et de l'intelligence artificielle, dans une analyse sur les tendances qui auront le plus d'impact sur les organisations du secteur financier au cours de cette année. Comment les leaders du secteur utiliseront-ils leurs données et leurs analyses avancées pour affronter cette tempête ? Cette analyse a donné lieu à des pronostics concernant ce que les consommateurs, les sociétés financières et les autorités de contrôles peuvent anticiper au cours de cette année en dix points :

1. La prévisibilité est de retour

«2023 ne sera pas l'année du chaos. Elle marquera le retour d'une certaine prévisibilité. Les impacts économiques de la crise sanitaire mondiale étaient prévisibles : demande refoulée, marché du travail tendu et chaîne d'approvisionnement perturbé. La combinaison de ces facteurs devait alimenter l'inflation, entraînant des hausses de taux comme réponse politique évidente», indique Anthony Mancuso, directeur Risk Solutions Consulting chez SAS.r>Dans un contexte qui sera marqué par une augmentation des défauts de paiement et une forte volatilité des marchés, une analyse basée sur des scénarios, une surveillance en temps quasi réel et une agilité organisationnelle générale constitueront un différentiateur clé, selon cette analyse.

2. La prise de décision centrée sur le client

La capacité à prendre des décisions tout au long du cycle de vie d’une relation avec le client deviendra un facteur de différenciation important dans la course à l'acquisition et à la fidélisation des clients, note SAS. Les acteurs financiers devraient penser à des décisions holistiques intégrant les volets risque, fraude et marketing simultanément, créant une expérience client exclusive qui peut démarquer de la concurrence. Stu Bradley, Senior Vice President of Fraud and Security Intelligence prédit que «l’augmentation des pertes dues à la fraude et la tendance à l'automatisation motiveront une gouvernance centralisée des solutions disparates ainsi que la consolidation des capacités décisionnelles lors de l'intégration et tout au long du parcours client».

3. Les «entreprises zombies» font face à un calcul économique

Le relèvement du taux débiteur par Bank Al-Maghrib, à l’image des banques centrales dans le monde, notamment la BCE et la Fed, poussera les banques locales à s’aligner en rehaussant les taux des crédits, estime SAS. Ce qui pousserait à une «exacerbation» de la situation financière des entreprises, notamment parmi les dénommées «entreprises zombies» – celles qui ne réalisent pas suffisamment de bénéfices pour couvrir leurs dettes –, car les emprunts deviennent plus chers et moins accessibles. De ce fait, les entreprises qui ne disposent pas de bilans solides et de capacité à générer des flux de trésorerie seront exposées à un risque élevé de défaut, alors que celles qui survivent donneraient la priorité à la qualité des bénéfices et à la durabilité des flux de trésorerie par rapport à leurs taux de croissance.

4. Les banques redoublent d’effort en matière d’ESG

Alors que l’on s’attendait à ce que le contexte de turbulences économiques actuelles pousse les institutions financières à se retirer des initiatives environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), des signes indiquent que la plupart des banques maintiennent le cap ou doublent l’effort, relèvent les experts du SAS. Une récente enquête auprès de 500 dirigeants bancaires a révélé que les trois quarts (76%) pensent que les services financiers ont l'obligation de résoudre les problèmes sociétaux. Toutefois, 64% des dirigeants pensent que le secteur bancaire est à la traîne par rapport aux autres secteurs pour faire progresser les objectifs ESG.r>«De toute évidence, les leaders des services financiers reconnaissent l'opportunité de renforcer la résilience à long terme, même s'ils résistent à la tempête à venir. Avec l'ESG comme étoile polaire, les banques pourraient sortir de cette récession plus résolues sur le plan budgétaire – et celles qui mènent la révolution ESG récolteront sans aucun doute la récompense supplémentaire d'avoir renforcé la confiance et la fidélité des clients dans le processus», estime Alex Kwiatkowski, directeur Global Financial Services.

5. La crypto-monnaie stimule les organisations criminelles

Certes, la surveillance réglementaire devra être accrue, mais la crypto-monnaie n'est pas morte, estime SAS. Les organisations criminelles continueront d'utiliser la cryptographie pour masquer leurs activités néfastes et blanchir leurs gains mal acquis. De leur côté, les forces de l'ordre et les régulateurs affineront leur capacité à comprendre le mouvement et l'échange de fonds illicites. «Ceci tout en améliorant ainsi la capacité de l'industrie à trianguler la traite des êtres humains, le trafic de drogue, le blanchiment d'argent et d'autres activités criminelles avec rapidité et précision», complète Dan Barta, consultant principal en Fraud and Financial Crimes.

6. L'essor des API et du cloud computing

Alors que l'évolution des relations entre les facteurs de risque expose les limites et les faiblesses des anciens systèmes de gestion de risques, «les institutions financières se tourneront vers les API (les interfaces de programmation d'applications) et d'autres outils pour corriger ou remplacer les liens faibles au fur et à mesure qu'ils seront détectés», assure Martin Zorn, Managing Director Risk Research and Quantitative Solutions. Le cloud computing et la rapidité de mise sur le marché des solutions ciblées deviendront ainsi beaucoup plus importants à mesure que les institutions chercheront d'abord à «boucher les fuites du barrage» avant de s'attaquer au remplacement à grande échelle des anciens systèmes.

7. Les consommateurs exposés au risque lié au changement climatique

«Au fur et à mesure que les risques financiers liés au changement climatique seront mieux compris, les banques commenceront à les intégrer dans les prêts hypothécaires et les prêts aux entreprises», indique Naeem Siddiqi, Senior Advisor for Risk Research and Quantitative Solutions. Les clients devraient se préparer à payer des prix plus élevés s’ils vivent dans des zones actives d'ouragans, d'inondations et d'incendies, estime-t-il.

8. Les régulateurs modernisent l’arsenal de la lutte contre le blanchiment d'argent

Les cellules de renseignement financier (CRF) sont présentes sur les marchés mondiaux depuis plus d’une année. Les criminels et les fraudeurs fiscaux sont devenus les plus grands «innovateurs» du boom de la crypto-monnaie, laissant un gap important dans l'efficacité des rapports d'activités suspectés, soulignent l’analyse de SAS. Alors que les conflits mondiaux continuent d'alimenter des sanctions considérablement accrues contre les acteurs malveillants, les CRF vont repenser leur mode de fonctionnement et leur autorité légale dans le cadre des systèmes informatiques qui soutiennent leurs missions.

9. La perte de vitesse de la mondialisation, une réelle opportunité pour les startups de la fintech

La mondialisation qui a conduit le monde au cours des 30 dernières années est en net retrait, sous l’effet d’un contexte de contraction continue de la chaîne d'approvisionnement et de pressions politiques et sociales croissantes», selon les experts de SAS. Norman Black, directeur, EMEA Insurance Solutions assure : «Alors que les écosystèmes commerciaux évoluent vers un mode opératoire plus régional, les entreprises œuvrant dans le monde des services financiers ajusteront leurs stratégies et opérations rapidement et de manière pragmatique». Ce qui offrirait de nouvelles opportunités aux fintechs et assurtechs géographiquement alignées pour s'intégrer aux acteurs traditionnels de l'industrie, stimulant l'agilité et l'innovation pour tous. «Alors que le climat des affaires devient moins hospitalier, de tels partenariats représenteraient une bouée de sauvetage précieuse pour les startups technologiques. Ceux qui y vont seuls auront du mal à survivre» ajoute-t-il.

10. Renaissance de l'analyse par scénarios

L'incertitude tourbillonnante autour du changement climatique, de l'instabilité géopolitique, des crises énergétiques et d'autres facteurs inspireront une renaissance de la gestion et de l'analyse par scénarios. «Loin d'être une sortie statique, le scénario deviendra une sortie dynamique de modèles de risque dédiés», affirme Christian Macaro, Principal Risk Solutions Advisor chez SAS. Des sujets tels que la création de scénarios, la perturbation de scénarios, l'analyse des risques associés à un scénario donné et la reverse-ingénierie d'un scénario pourront répondre aux questions laissées sans réponses par les approches traditionnelles.

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