22 Février 2023 À 15:23
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La question de l’égalité des genres était au programme, mardi, à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) lors du séminaire «Empowering women to shape the future of jobs» organisé sur le campus de Benguérir en marge de la Semaine de la science. Issu d’une collaboration entre la Banque mondiale, le ministère de l’Économie et des finances du Maroc et de l’UM6P, cet événement est le premier séminaire mondial en préparation des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international au sujet des enjeux de développement actuels, qui se tiendront à Marrakech en octobre prochain.r>Ce rendez-vous de haut niveau a rassemblé Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des finances, Aawatif Hayar, ministre de la Solidarité, de l’inclusion sociale et de la famille, Sri Mulyani Indrawati, ministre des Finances d’Indonésie, Axel van Trotsenburg, directeur général des opérations de la Banque mondiale, ainsi que Hicham El Habti, président de l’UM6P. Au total, ce sont des milliers de participants qui ont assisté à ce séminaire en présentiel, mais aussi à distance.
Cet événement se tient dans des circonstances alarmantes quant à l’égalité des sexes sur le marché du travail. En effet, selon des chiffres de l’UM6P et de l’Unesco, l’écart moyen mondial entre les hommes et les femmes dans la participation à la vie active est de 30%, voire de 56% dans certaines régions du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Asie du Sud. Du côté du Royaume du Maroc, le taux d’emploi des femmes était de 15,9% au T3 de 2022, tandis que leur taux d’activité est de 20%. À noter que, malgré une présence féminine plus faible dans le secondaire, plus de la moitié des étudiants à l’Université sont des femmes.r>Ces taux ont non seulement une incidence sur l’émancipation des femmes, mais également sur la façon dont elles sont touchées par les crises ainsi que leur capacité à bénéficier des transformations structurelles, de la digitalisation et de la transition verte. «Au-delà de l'injustice évidente d'une telle situation, il y a aussi un coût d'opportunité économique pour des sociétés entières. La discrimination sexuelle est un handicap pour la prospérité», explique le président de l’UM6P. Du fait de ces taux alarmants, le séminaire «Empowering women to shape the future of job» a pour objectif d’échanger sur le rôle des femmes en tant que leaders et actrices du changement sur le marché du travail en parallèle avec les changements structurels et la révolution verte que connaît le monde entier. Dirigeants des secteurs privé et public, membres de la société civile, étudiants, institutions de développement et délégations diplomatiques ont pu débattre sur le sujet.r>À long terme, ce rendez-vous cherche à avoir un impact durable en faisant évoluer les normes sociales, en renforçant la représentation des femmes dans les secteurs à prédominance masculine et en offrant des opportunités économiques aux femmes. Si ces évolutions structurelles s’opèrent dans une logique de développement durable, les bénéfices iront, d’une part, aux femmes et, d’autre part, à la société en provoquant une croissance durable et inclusive, affirme le directeur général de la Banque mondiale. Ajoutant que «les pays et les organisations doivent regarder vers demain afin de créer une nouvelle réalité plus respectueuse des femmes. C’est le cas de la Banque mondiale pour qui l’égalité des genres est primordiale pour le développement».
Cet événement de haut niveau a, en outre, été l’occasion pour souligner les efforts entrepris par les différents pays et organisations aux niveaux mondial et régional. Au vu de la localisation du séminaire, un focus a été fait sur le Maroc. D’ailleurs, la ministre de l’Économie et des finances du Royaume a rappelé, en visioconférence, que «l’égalité des genres est au centre des préoccupations du Maroc». Concrètement, cinq actions clés ont été établies par le ministère, à savoir l’augmentation de l’accès à l’éducation et au sport, la fin des stéréotypes de genre en favorisant l’inclusion culturelle, l’amélioration de l’accessibilité au mentorat et à un réseau, la mise en place d’horaires de travail flexibles et convenant à une vie de famille ainsi que la promotion de l’égalité des genres.
La ministre de la Solidarité, de l’inclusion sociale et de la famille a, quant à elle, souligné les avancées du Maroc à ce sujet, telles que la révision du Code de la famille et des lois contre les violences faites aux femmes. Cependant, à la suite d’une concertation, trois paramètres de cause à effet ont été relevés. La famille est le critère majeur dû à la pression, au peu de politiques familiales globales et de structures pour la petite enfance. La mentalité vient ensuite par manque d’un environnement sain. Ghita Lahlou, vice-présidente générale de la Confédération générale des entreprises du Maroc, ajoute, de son côté, que «le système de valeurs marocain renvoie une meilleure image aux mères de famille qu’aux auto-entrepreneuses». Enfin, les femmes relèvent un manque d’autonomisation, quel que soit leur niveau scolaire. Autrement dit, l’éducation, la sécurité et le financement sont les axes de travail majeurs, résume Ghita Lahlou.
À noter que la question de la confiance revient également. «Il faut éduquer nos filles au leadership pour qu’elles aient confiance en elles», poursuit Aawatif Hayar. La ministre des Finances d’Indonésie, Sri Mulyani Indrawati, a profité de son intervention pour s’adresser aux filles et aux femmes du monde entier : «Ayez confiance et soyez courageuses, même si vous êtes la seule femme dans une pièce d’hommes. Faites de votre mieux et devenez un modèle pour les autres.»
Margaux Nourry, journaliste stagiaire
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