13 Juillet 2023 À 16:52
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Afin de saisir au mieux toutes les opportunités qu'offre la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), la mise en place d'une infrastructure logistique solide et de qualité est impérative pour fluidifier les échanges commerciaux entre les pays d'Afrique. «Le transport et la logistique constituent pour les exportateurs un sujet d’intérêt prioritaire. Ce sont des axes majeurs pour la compétitivité et le développement du commerce interafricain», souligne le président l’Association marocaine des exportateurs (Asmex). Intervenant lors d’un séminaire organisé, mercredi à Casablanca, par son Association, en partenariat avec les ministères du Transport et de la logistique et de l’Industrie et du commerce autour du thème «Quelle logistique pour la Zlecaf ?»
Hassan Sentissi El Idrissi, président de l'Asmex, a indiqué que «les projections économiques ont montré que si les pays d’Afrique commercent davantage entre eux, le potentiel de devenir le huitième bloc économique avec un PIB combiné de 3.000 milliards de dollars deviendra une réalité et devrait même doubler d’ici 2050». Toutefois, ceci requiert que des actions au niveau national, mais aussi continental soient initiées pour briser les obstacles critiques rencontrés dans le domaine de l’exportation en Afrique, note-t-il. En effet, les échanges commerciaux interafricains comptent aujourd'hui pour à peine 16% du total, comparé à une proportion moyenne de 60% pour les échanges «inter-asiatiques» et «inter-européens». Cela tient pour partie au déficit évident d'infrastructures logistiques et de transport, comme le signale le président de l'Asmex.
De par ses investissements dans les infrastructures et la qualité de ses services et ses acteurs de logistiques, le Royaume du Maroc joue un rôle important en tant que hub continental pour le développement du commerce interafricain. Néanmoins, et d’après le ministre du Transport et de la logistique, le développement de cet «intra-Afrique» nécessite également la mise à niveau des infrastructures, dont celles de la logistique, dans les autres pays du continent.r>Dans le même ordre d’idées, Mohamed Abdeljalil, ministre du Transport et de la logistique, précise qu'«au niveau du ministère, une action est menée à deux niveaux :
• Continuer à travailler pour assurer aux entreprises de transport routier de travailler dans de meilleures conditions à travers des accords bilatéraux sur le transport routier avec les pays qui sont prêts à s'engager avec le Maroc dans un cadre structuré.
• En outre, une étude a été réalisée, à l'initiative du Royaume du Maroc avec le soutien financier de la Banque islamique de développement et le soutien de la Société nationale du transport et de la logistique (SNTL), pour identifier onze zones logistiques dans onze pays d'Afrique subsaharienne, afin de former le noyau d'un futur réseau de plateformes logistiques. «Et aujourd'hui, nous nous trouvons au point où il faut engager les différents pays concernés pour permettre le développement de ces zones logistiques», affirme M. Abdeljalil.
Du fait du déficit routier sur le continent africain, le développement de différentes routes aériennes devrait permettre de générer davantage de flux commerciaux entre les pays africains. Cependant, ainsi que le rappelle le président-directeur général de Royal Air Maroc (RAM), Abdelhamid Addou, le principal obstacle, indépendamment des infrastructures aéroportuaires, tient aux relations que peut avoir le Maroc avec les différents pays de l'Afrique subsaharienne. «Pour moi, le principe du “Ciel unique africain” n'est pas une réalité. C'est une volonté politique affirmée par tous, qui n'a pas encore été traduite dans les faits et qui aura du mal à l'être», souligne M. Addou. Et d'ajouter : «pour être honnête, en Europe, il leur a fallu quarante ans pour y arriver. Sur le continent africain, cette réflexion est en train d’émerger, mais il y a beaucoup d'obstacles dans les relations entre les pays, et même quand tout le travail est fait au niveau politique pour signer des accords d'aviation civile entre les différents pays, ils ne sont pas nécessairement appliqués. Et s'ils ne sont pas appliquées, nous ne pouvons pas mettre d'avions, et si nous ne pouvons pas mettre d'avions en quantité, alors automatiquement nous ne pouvons pas transporter suffisamment de personnes et plus de marchandises».
Pour développer l'offre logistique et en réduire les coûts, le comité scientifique du séminaire a émis une série de recommandations. Celles-ci proposent en particulier de :
• Analyser les flux commerciaux et l’architecture des hubs (emplacements, dimensionnements) pour l’ensemble des pays et les renforcer par des discussions bilatérales ou multilatérales pour une meilleure synergie et optimisation et éviter les redondances.
• Créer un cadre institutionnel permettant aux pays de collaborer dans un climat d’échange d’expériences et d’expertises gagnant-gagnant pour la création d’un réseau de hubs logistiques en faveur des échanges commerciaux entre les pays. À cet égard, l’initiative de la SNTL qui a mené une étude relative à l’implantation de plateformes logistiques dans des pays africains dédiées aux stockage sous douane et à la livraison en temps réel du produit marocain sur plusieurs marchés africains est à saluer.
• Créer une Convention africaine de transport international de marchandise qui prend en compte les particularités des flux des pays africains.
• Encourager l’adhésion de l’ensemble des pays d’Afrique à la convention des Nations unis sur le carnet TIR pour faciliter le transit douanier des marchandises grâce à des procédures de transit douanier simplifiées et à un système de garantie national.
• Mettre en place des régimes spéciaux multimodaux de transport international de marchandise en parfaite synergie avec le C.M.R. (Convention relative au contrat de transport international de marchandises par route) et les Règles de Hambourg (Convention des Nations unies sur le transport de marchandises).
• Standardiser les règles fiscales appliquées aux opérations de transport Internationales et les activités annexes dans le cadre du Transport international.
• Favoriser l’émergence de champions nationaux et régionaux dans le domaine de la logistique, en encourageant les sociétés marocaines à participer à des projets d’investissement transfrontaliers en Afrique et en renforçant les partenariats avec les entreprises africaines spécialisées, et ce pour le développement de corridors de transport intelligents et de centres logistiques régionaux efficaces.
• Mutualiser les efforts et les moyens des acteurs marocains pour répondre à une stratégie nationale de développement logistique en Afrique afin de contribuer à l’amélioration de la compétitivité logistique nationale.
• Créer, dans le cadre du comité national de la mise en œuvre de la Zlecaf, une commission spécialisée en logistique.
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