114s et télévision : le grand souk médiatique
La course à l'audimat est bien lancée dans le paysage audiovisuel marocain avec les deux chaînes 110nales qui ont compris l'intérêt du 114 pour appâter et attirer les télespectateurs du Royaume.
LE MATIN
16 Septembre 2001
À 15:40
Alors c'est l'overdose avec la retransmission de plusieurs matches de championnats européens, forcément les plus relevés avec de grandes stars quitte à concurrencer sérieusement la compétition locale et donc vider les stades.
2M a choisi le Calcio et la Liga, soit les championnats italien et espagnol.
TVM pour ne pas demeurer en reste cette saison a opté pour le championnat de France.
Certes les deux chaînes précitées n'oublient pas le football 110nal avec la retransmission d'une rencontre dominicale.
Et, l'on pourra toujours dédouaner 2M et TVM en rappelant qu'avec la parabole il est aisé de zapper pour suivre les différents championnats européens en direct et que le numérique avec les cartes piratées sont à portée de beaucoup de bourses.
Tout cela est vrai et devrait être dépassé dans la conjoncture du football 110nal si à la base de ce nouvel ordre médiatique s'imposait une règle de rétribution aux clubs de plus en plus désemparés entre leurs deux instances, le Groupement et la Fédération, les informant peu sur la situation on ne peut plus confuse entre elles et les différents partenaires (chaînes de télévision, groupe Darmon et New Publicity).
Difficile de se retrouver dans cet écheveau médiatico-publicitaire et surtout les clubs, dindons de la farce qui se donnent en spectacle (et c'est le cas de le dire) sans rien recevoir. Où, plutôt, avec un tel retard qu'ils ne comprennent rien au système.
Un embrouillamini bien en place
Tâchons de reconstituer le «puzzle» pour jeter la lumière sur le mécanisme qui grince à plusieurs niveaux. Le Groupement qui a la charge du championnat et la Fédération qui s'occupe de la Coupe du Trône ont tous deux conclu des accords avec le groupe Darmon pour commercialiser leur produit à la TVM, moyennant une rétribution qu'ils se chargent de reverser aux clubs.
Premier accroc : trois stades souvent sollicités, (le complexe Mohammed V à Casablanca, le complexe Prince Moulay Abdellah et le Stade du FUS à Rabat) sont loués par la société New Publicity) qui gère les espaces publicitaires depuis des années. Le groupe Darmon tente le bras de fer pour disposer seul desdits espaces mais en vain puisque le bon droit est du ccôté de New Publicity qui menace de saisir la justice. Les instances fédérales tentent la cohabitation entre les deux publicitaires, tant bien que mal. Les clubs, comme les vaches qui voient défiler les trains, touchent, dans le meilleur des cas des clopinettes avec un retard monstrueux.
Et vint alors 2M la saison dernière qui creva l'écran en proposant au WAC et au Raja , deux millions de dirhams chacun, pour la retransmission en direct du complexe Mohammed V de leur s matchs à domicile.
Il n'en fallait pas plus pour la TVM pour dénoncer l'accord en rappelant que la vieille Dame de la Rue El Brihi disposait de la totalité du championnat avec la liberté de choisir sa rencontre dominicale. Là encore on chercha le compromis pour partager les «chocs» dudit championnat. Entre temps, les autres clubs émirent des réserves sur leur exclusion du gâteau pour finalement obtenir 80.000 DHS comme compensation à chacun de leur passage au complexe Mohammed V. Mais au cours de toutes ces tractations, le WAC et le Raja se firent doubler par le Groupement qui parapha l'accord avec la chaîne d'Aïn Sebaa. Et depuis, les deux clubs frères ennemis attendent toujours de voir la couleur de cette monnaie de singe ! …
Le groupe Darmon jamais à court de réserves pour retarder le règlement des droits de télévision est aujourd'hui en conflit ouvert avec le Groupement et les avocats de deux parties ne sont toujours pas parvenus à un accord pour aller jusqu'au bout du contrat. Le recours à la justice n'est pas à exclure et les candidats à la succession du groupe Darmon ne se bousculent pas au portillion des deux instances fédérales. Les clubs, pour leur part, aimeraient bien qu'on leur laisse au moins la liberté de commercialiser eux-mêmes leurs matches. Simple exemple : le récent WAC-JSK en coupe de la CAF s'est déroulé sans le moindre panneau publicitaire. Et le WAC est tout heureux d'avoir «tiré» 200.000 Dhs de la seule manne publicitaire de son maillot. Peut-être qu'en jouant avec une gandoura , le club aura gagné davantage ! …
On a souvent évoqué comme frein à l'exploitation de l'espace publicitaire dans les trois stades précédemment cités la présence de New Publicity mais cette société qui a joué le jeu en acceptant un dédommagement annuel d'un million de dh pour s'effacer attend toujours la signature de son accord avec le Groupement.
Sans doute les stylos sont dessechés et qu'avec la rentrée des clashs (fort attendus) d'aucuns trouveront enfin de nouvelles fournitures pour mieux habiller le produit publicitaire …