Fête du Trône 2006

A Marrakech, le cinéma africain a confirmé son originalité et sa profondeur

Pendant six jours, le Festival international du film de Marrakech a fait rêver public, cinéphiles et professionnels du 7ème art et leur a permis de plonger dans les fictions du monde, apprécier une foison de films et admirer différents cinémas. Ce festiva

02 Octobre 2001 À 22:19

Marrakech n'a pas oublié le continent noir puisque cette première édition pousse ses frontières jusqu'en Côte d'Ivoire et Burkina Faso, à travers les projections en compétitions officielles pour les longs métrages de "Adanggaman”, de Roger Gnoan M'hala et pour les courts métrages de "Bintou” de Fanta Regina Nacro. Sans oublier la présence d'un illustre hôte du festival qui n'est autre que le grand cinéaste sénégalais Sembene Osmane, membre du jury de fifm, qui est aussi parmi ceux qui ont lutté pour qu'une industrie cinématographique africaine voie le jour et pour une solidarité entre les cinéastes de tout le continent.
Ce choix est une évidence non seulement parce que le Maroc a manifesté de tout temps et aujourd'hui en particulier son attachement à ses racines africaines et à leur raffermissement par le biais de la culture mais aussi eu égard à la bonne cuvée africaine en matière de cinéma, laquelle ne cesse de s'affirmer au fil des ans et des festivals.
Force est de constater que ce droit d'être les cinéastes africains l'ont conquis par leur talent et grâce à l'originalité de leur production quoique la cinématographie africaine est toujours victime d'un certain ostracisme et souffre d'handicaps inhérents à la modestie de sa production, ce qui l'empêche de jouer à armes égales avec les autres cinémas. Néanmoins, sa profondeur et son originalité font que ce cinéma à sa place au Panthéon du 7ème art et on a pu ainsi constater l'arrivée en force d'un nouveau cinéma africain qui a su se défaire des stéréotypes, cliches et autres schématises, se ressourcer de sa culture, de son vécu et de ses riches traditions tout en élaborant un style de narration originale. Actuellement en pleine mutation, ce cinéma est l'oeuvre d'une nouvelle génération de réalisateurs, appelés à prendre la relève de glorieux prédécesseurs ayant pour noms Idrissa Ouedraogo et Gaston Gabore, du Burkina Faso, Souleymane Cisse, du Mali, Med Hendo, de Mauritanie...
Ces jeunes s'appellent Nabil Ayouch, Faouzi Bensaïdi, Noureddine Lakhmari (Maroc), Henri Joseph Koumba Bididi (Gabon), Roger Gnoan M'bala (Côte d'Ivoire), Camille Mouyke (Congo Brazzaville), Fanta Regina Nacro et Adama Rouamba (Burkina Faso), Jean Odoutan (Bénin), Cheikh Omar Sissoko (Mali).
Ils ont un âge moyen de 30 ans et ont pu assurer à l'Afrique une présence active dans des festivals aussi bien en Europe (Cannes, Locarno, Oslo, Stockholm...) Qu'en Australie, au Canada ou au Japon.
Le premier festival international du film de Marrakech s'est voulu, pour sa part, une fenêtre ouverte sur ce cinéma prometteur, initiative qui mérite d'être saluée et qui donne à penser que Marrakech l'africaine ne saurait "étrenner” son festival international sans que l'Afrique ne soit présenté.

Copyright Groupe le Matin © 2025