Spécial Marche verte

A propos du livre de Farid Britel: le mécénat au Maroc

L'ouvrage que vient de publier Farid Britel aux éditions 116hepress sous le titre «Le mécénat au Maroc» constitue un événement dans la réflexion générale qu'il importe de mener sur la culture dans notre pays.

13 Octobre 2001 À 00:02

L'imposante préface de Jacques Rigaud, président de l'As116iation pour le développement du mécénat industriel et commercial (Admical) et conseiller d'Etat en France, contient un bel argumentaire pour convaincre le lecteur de l'apport de l'ouvrage et surtout de sa justesse dans l'amour d'un débat constructif sur une question cruciale.
Ceux qui ont suivi ou participé aux rares occasions offertes pour entamer cette réflexion, dont la dernière fut des journées d'études sur le mécénat au Maroc organisées il y a quelques années, conjointement par le ministère des Affaires culturelles et l'Unesco, reconnaissent dans le livre l'attachement de l'auteur à cette problématique et à ses apports aux discussions de fond nourries par l'ardente volonté de faire avancer les choses. Si le témoignage devait être encore étayé, l'ouvrage actuel de Farid Britel est une belle promesse tenue sur ses convictions et les solutions sûrement soutenues (notamment sur le cadre juridique et fiscal).
L'ouvrage «Le mécénat au Maroc» de bonne facture quant à la clarté du propos, à la conduite de la problématique selon un agencement accessible et surtout par le fait qu'il constitue la summa divisio de ce qu'il faut absolument savoir sur la question. De ce point de vue «utilitariste» le décideur en premier lieu, le mécène potentiel, les acteurs de la scène culturelle (dont le chercheur universitaire qui peine encore à l'intégrer au cursus académique) et enfin le lecteur féru de curiosité sur le devenir culturel du pays y trouveront dans le livre de Farid Britel de précieuses composantes d'un dossier complet.
Il est clair d'abord quant au style utilisé, soutenu et agréable pour n'avoir pas alourdi l'expression par des références surchargées. De ce point de vue, l'auteur n'a pas cherché, peut-être sciemment, à en faire un corpus académique (alors que la matière s'y prête largement eu égard aux carences notoires d'un "droit de la culture» encore embryonnaire). Mais tous les éléments essentiels y sont présents et font de l'ouvrage une vraie matrice à de travaux ultérieurs (il est vrai que de rares mémoires se trouvent ça et là dans le listing de quelques facultés, de droit notamment).
Mais c'est le débat de fond que le lecteur se rendra compte que l'ouvrage est un passage obligé sur une question qui demande encore à être solutionnée notamment dans ce qui concerne ses développements modernistes (tel le mécénat d'entreprise) alors que celui traditionnel demande davantage d'encouragement mais mérite un sérieux "lifting». "…Nous entendons par mécénat dans le présent ouvrage toute action réalisée avec un objectif d'intérêt général, dans le domaine culturel, 116ial, humanitaire et de l'environnement, et ne cherchant pas de profit commercial immédiat, le profit en termes d'image et de notoriété étant par contre tout à fait légitime», nous dit l'auteur et l'on devine "la synthèse» de la situation qui prédomine au Maroc et qui tient compte des éléments intrinsèquement juridiques mais aussi de ce qui est extra juridiques. L'expérience du vécu par l'auteur, non sans raison, se trouve bien imbriquée à l'universalité d'une définition. C'est dire que du début à la fin de l'ouvrage, l'on est tenu en haleine par les affirmations que dictent le savoir confirmé, l'expérience avérée et les interrogations d'un témoin qui croit fermement en la chose "mécène».
Pour ces raisons, il faut voir dans ce corpus une sorte de manifeste sur le mécénat mais qui réunit toutes les méthodologies possibles pourvu qu'elles arrivent à convaincre. L'ouvrage est tantôt purement didactique (histoire abrégée sur des repères fondamentaux, des institutions 110nales incontournables (Habous) et comparées (exemple de la France) non sans retombées heureuses sur les propositions de solutions légales…; tantôt purement sélectif quant aux groupes et "familles» mécènes… alors que le travail as116iatif rural regorge d'exemples notoires (notamment d'origine immigrée de France…) et, enfin, parfois controversé lorsqu'il s'agit du rapport "culture/entreprise».
L'ouvrage donne ainsi l'impression, très positive, de vouloir tout dire sans en avoir ni l'espace ni le temps pour communiquer les convictions de l'auteur. L'inventaire général des questions abordées, si riche en composantes incontournables du débat sur le mécénat, si inventif en propositions pour donner aux décideurs des pistes prometteuses, si incisif quant aux ouvertures sur l'opinion des acteurs (témoignages vivants bien que très sélectifs), si rationnel quant au traitement de la question épineuse de l'encadrement juridique et fiscal, fait du livre "Le mécénat au Maroc» un ouvrage fondateur de la réflexion sérieuse et responsable. Sachant bien que "la culture a besoin d'argent» (J. Rigaud), le financement de cette activité demeure au cœur de son développement. Les collectivités publiques (Etat et ses prolongements), le marché ont leurs caractéristiques chez nous et leur place réjouit la question de "la réforme et ses usages» qui se trouve inscrite dans l'agenda politique avec rigueur. Le troisième volet de la source est le mécénat. Farid Britel vient de nos gratifier d'une belle argumentation pour prendre au sérieux ses promesses.


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