Les derniers fidèles d'Oussama ben Laden, retranchés dans les montagnes de Tora Bora (est), seraient près de capituler, selon les commandants afghans de l'Alliance de l'Est, alors que des informations contradictoires circulent sur la présence de leur ch
14 Décembre 2001
À 22:28
Un haut responsable américain s'est malgré tout dit convaincu, sur la foi d'indications "prometteuses”, que ben Laden était toujours à Tora Bora aux côtés de ses volontaires islamistes. Dans le sud, près de 200 Marines américains, aidés de soldats australiens, ont pris le contrôle, tôt vendredi, de l'aéroport de Kandahar, où ils auront pour mission de rechercher des mines et des engins piégés. La bataille de Tora Bora, qui oppose depuis une dizaine de jours plusieurs centaines de combattants "arabes” du réseau al-Qaïda de ben Laden aux moujahidine afghans, soutenus par les bombardiers américains, approcherait de sa conclusion, si l'on en croit les commandants locaux regroupés dans une Alliance de l'Est. "Les gens d'al-Qaïda à Tora Bora sont finis”, a affirmé vendredi l'un d'eux, Hazrat Ali. Il a indiqué aux journalistes qu'une centaine de combattants arabes étaient acculés sur une crête pilonnée par l'aviation américaine. "Maintenant, ils sont encerclés” par nos forces, a-t-il ajouté. Dès le début de la matinée, des bombardiers s'étaient succédés pour larguer un tapis de bombes sur la montagne de Meelawa, a constaté un journaliste de l'AFP. Simultanément, des tirs d'armes légères, de mitrailleuses et de mortiers pouvaient être entendus dans les montagnes. 111rogé sur la présence d'Oussama ben Laden dans les quelques positions encore tenues par al-Qaïda, le commandant Hazrat Ali est resté vague. Il a déclaré que le leader islamiste ne se trouvait pas dans la position bombardée vendredi matin. "Il se trouve probablement sur une autre position”, a-t-il dit. L'agence Afghan Islamic Press affirme de son côté que l'homme accusé par les Etats-Unis d'avoir orchestré les attentats du 11 septembre n'est plus à Tora Bora. Selon cette agence basée au Pakistan, le chef du réseau al-Qaïda se trouvait dans la ville de Jalalabad (est de l'Afghanistan) le 12 novembre lors de la chute de Kaboul. Il serait ensuite parti pour Tora Bora, à une cinquantaine de kilomètres au sud, dans le complexe souterrain de grottes creusées au temps de l'occupation soviétique de l'Afghanistan (1979-1989). Puis, ben Laden a quitté ce repaire vers le 25 ou 26 novembre pour une desti110n inconnue, a poursuivi l'agence, sans toutefois identifier ses sources. Les Etats-Unis, qui ont dépêché des commandos des forces spéciales en renfort à Tora Bora pour traquer ben Laden, craignent que le chef d'al-Qaïda n'ait pu passer au Pakistan grâce à ses complicités au sein des zones tribales pachtounes. "J'ai vu des rapports considérés comme venant de sources sûres qui, pour certains, suggèrent qu'il est encore en Afghanistan et, pour d'autres, suggèrent qu'il a quitté l'Afghanistan”, a reconnu Donald Rumsfeld pour la première fois depuis le début des opérations en Afghanistan. Selon un haut responsable américain qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, plusieurs indications "prometteuses” semblent toutefois prouver que ben Laden est toujours dans la région de Tora Bora, caché dans la vallée d'Agam ou la vallée de Wazir, truffées de grottes. Ses fidèles d'al-Qaïda sont repoussés du nord vers le sud par les forces du commandant Hazrat Ali dans la vallée d'Agam et par celles du commandant Mohammad Zaman dans la vallée de Wazir, a-t-il expliqué, alors qu'au sud, les deux vallées débouchent sur la frontière pakistanaise où Islamabad a déployé quelque 4.000 soldats appuyés par des hélicoptères. Washington a offert une prime de 25 millions de dollars pour la capture, mort ou vif, de ben Laden, et 10 millions de dollars pour celle de son protecteur, le mollah Mohammad Omar, chef suprême des talibans. Le Pakistan craint une infiltration du chef islamiste et de ses lieutenants via les zones tribales pakistanaises, à majorité pachtoune, où ben Laden reste un héros, et où le pouvoir central n'exerce aucun contrôle. "Même durant leur occupation de l'Afghanistan dans les années 80, les Soviétiques ne pouvaient pas empêcher les moujahidine de passer d'un côté à l'autre de la frontière”, a rappelé un responsable tribal. Quarante membres présumés d'al-Qaïda ont ainsi été arrêtés parmi quelque 450 personnes qui ont fui l'Afghanistan au cours des trois dernières semaines, ont reconnu vendredi des responsables pakistanais. A Londres, à une semaine de la mise en place du nouveau gouvernement intérimaire afghan, des responsables militaires de plusieurs pays se sont réunis vendredi pour discuter des modalités de déploiement à Kaboul de la force multi110nale prévue par l'ONU. La réunion a rassemblé des militaires britanniques, français, allemands, espagnols, italiens et américains, ainsi que des Turcs et des Jordaniens, tous volontaires pour participer à cette force. Par ailleurs, la diffusion par Washington d'une cassette vidéo trouvée en Afghanistan, montrant ben Laden avec des proches en train de se vanter d'avoir planifié les attentats suicides du 11 septembre, a suscité diverses réactions. Pour la presse européenne, la cassette constitue la "preuve” irréfutable de sa culpabilité et montre au grand jour le caractère "fanatique” de l'homme le plus traqué de la planète. Dans les pays arabes, en revanche, l'authenticité du document est sujette à caution. Les Egyptiens 111rogés vendredi accusaient les Etats-Unis d'avoir produit un faux, certains parlant même d'une "farce hollywoodienne”, alors que le journal qatari Al-Sharq estimait que la cassette ne faisait qu'”épaissir le mystère” autour des véritables auteurs des attentats du 11 septembre. En Syrie, des proches de la mère de ben Laden n'ont pas pu confirmer qu'il s'agissait bien de lui. "J'ai vu le film à la télévision comme tout le monde, je ne peux pas confirmer si c'est bien lui ou si c'est quelqu'un qui lui ressemble”, a indiqué un membre de sa famille, qui vit à Lattakié, dans le nord-ouest de la Syrie. La mère, ainsi qu'une des épouses du terroriste présumé sont originaires de cette région, mais elles ne se trouvent pas actuellement en Syrie. En Asie, les militants de groupes islamistes 111rogés vendredi ne croyaient pas non plus à cette vidéo. "On voit mal Oussama autoriser un enregistrement vidéo alors qu'il parle de l'attaque”, a estimé un porte-parole de la milice indonésienne Laskar Jihad. Le parti radical pakistanais Jamiat-Ulema-e-Islam a qualifié le document de propagande. "Les Américains, s'ils ont des preuves, devraient prouver sa culpabilité devant un tribunal et non sur des chaînes de télévision et dans des journaux dirigés par des juifs”, a déclaré un porte-parole. La Chine, qui doit faire face à la montée d'une contestation islamiste au Xinjiang (nord-ouest), juge pour sa part crédible cette vidéo. "Tout le monde sait” qu'Oussama ben Laden soutient le terrorisme, a déclaré un porte-parole.