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Afghanistan: les Taliban défient les Etats-Unis

Les Taliban ont reconnu pour la première fois dimanche, dans un geste de défi à Washington, qu'ils abritaient toujours Oussama Ben Laden en Afghanistan, alors que les Etats-Unis, qui menacent Kaboul de représailles militaires, craignent de nouveaux att

01 Octobre 2001 À 22:53

L'ambassadeur des Taliban à Islamabad, Abdul Salam Zaeef, a déclaré que Ben Laden, principal suspect pour Washington des attentats du 11 septembre qui ont fait aux alentours de 5.700 morts ou disparus, se trouvait bien en Afghanistan. Il y est caché sous la protection des Taliban, «pour sa propre sécurité». Le chef suprême des taliban, le Mollah Mohammad Omar a de son côté, dans une rare 111view à la radio officielle afghane, menacé les Etats-Unis d'une poursuite de la guérilla si le régime de Kaboul était renversé. «Les armes peuvent tuer les gens, mais ne peuvent» les empêcher de mourir, a-t-il prévenu, évoquant un éventuel retour «au temps du jihad (guerre sainte)». Le secrétaire général de la Maison Blanche, Andrew Card a reconnu que les organisations terroristes avaient vraisemblablement les moyens de mener une attaque bactériologique ou chimique. «Je ne veux pas être alarmiste mais nous savons que les organisations terroristes (...) ont probablement trouvé le moyen de mettre en œuvre une guerre bactériologique ou chimique», a noté M. Card dans une 111view à la chaîne de télévision Fox. «Les Américains», a-t-il poursuivi, «doivent faire très attention», a-t-il prévenu.

ABSENCE DE CREDIBILITE

Les Etats-Unis ont à nouveau exigé dimanche des autorités à Kaboul qu'elles livrent Ben Laden et les lieutenants de son réseau Al Qaida, en écartant toute idée de négociations.
«Nous avons indiqué au gouvernement des Taliban ce qu'ils doivent faire.
Ils doivent non seulement remettre Ben Laden, mais tous les dirigeants de l'organisation Al Qaida», a déclaré Andrew Card. Etats-Unis ont répété, par ailleurs, n'accorder aucune crédibilité aux assertions du régime de Kaboul.
«Je n'ai aucune raison de croire les déclarations d'un représentant des taliban», a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld.
Il a réaffirmé que l'objectif était de «désintégrer» et «liquider» Al Qaida, partout où elle opère dans le monde.
A Islamabad, le président pakistanais Pervez Musharraf a estimé qu'il n'y avait qu'un «mince espoir» que les taliban acceptent de livrer Ben Laden. Il a exclu toute participation des forces pakistanaises à une éventuelle opération militaire contre Kaboul.
La presse britannique annonçait pour sa part lundi que des avoirs de plusieurs dirigeants taliban au pouvoir en Afghanistan, d'un montant de 61 millions de livres (près de 100 millions d'euros), avaient été gelés en Grande-Bretagne.
Le Premier ministre britannique Tony Blair, qui a assuré pour sa part détenir des preuves incontestables de l'implication de Ben Laden dans les attentats, a annoncé de son côté une série de mesures pour lutter contre le terrorisme au Royaume-Uni.
Celles-ci visent particulièrement les bureaux de change, soupçonnés de «blanchir» des sommes colossales provenant de la drogue et du terrorisme.
Sur le front militaire, Washington continue d'amasser une imposante force dans la région.

PAS DE BOMBARDEMENTS MASSIVES

L'hebdomadaire Newsweek à paraître lundi rapporte cependant que l'administration Bush a renoncé, devant la rareté des cibles stratégiques, à bombarder massivement l'Afghanistan, préférant une action agressive et en profondeur des forces spéciales lancées à la poursuite de Ben Laden.
Selon un décompte de l'AFP effectué à partir des informations obtenues auprès du Pentagone, les Etats-Unis y disposeraient déjà d'au moins 30.000 hommes, 325 avions et plus d'une vingtaine de navires de guerre, sans compter les forces en cours d'acheminement. Sur le terrain, la guerre de l'ombre aurait déjà commencé, des commandos américains et britanniques étant à pied d'oeuvre pour localiser Ben Laden et les camps d'entraînement de son réseau Al Qaida, selon diverses sources.
De son côté, la télévision russe NTV a rapporté qu'un avion de tran114 militaire américain a atterri dimanche vers 10h00 GMT en Ouzbékistan.

RISQUES SUBSTANTIELS

Aux Etats-Unis, les forces de l'ordre sont sur le qui-vive. L'Attorney General (ministre de la Justice), John Ashcroft, a averti que d'autres cellules terroristes préparaient peut-être encore des attentats.
«Nous pensons que de nouveaux actes terroristes sont possibles et notre tâche consiste à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'empêcher», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision CBS. «Nous estimons qu'il y a toujours un risque substantiel d'actes de terrorisme contre les Etats-Unis d'Amérique», a-t-il ajouté sur CNN.
Selon un sondage publié par l'hebdomadaire Time dans son édition de lundi, 64% des Américains sont favorables à une 111vention militaire, mais 63% s'attendent à ce que, en représailles, elle soit suivie de nouvelles attaques terroristes sur le territoire américain.
Répondant à l'appel de plusieurs organisations à manifester pour la paix pendant le week-end, quelque 2.500 personnes dimanche et près de 7.000 samedi ont cependant défilé dans les rues de Washington.
Plusieurs manifestations ont également eu lieu en Europe. A New York, le cabinet du maire Rudolph Giuliani a fourni un nouveau bilan des victimes du World Trade Center, avec 5.219 disparus. Enfin, Washington a également fait monter la pression sur le plan politique, en envisageant ouvertement «l'après-taliban». Une délégation de parlementaires américains a rencontré à Rome des représentants des factions de l'opposition afghane chez l'ex-roi Mohammed Zaher Shah, en exil en Italie depuis 1973.
L'ancien monarque, âgé de 86 ans, souhaite retourner dans son pays pour «réunir une Loya Jirgah (assemblée des aînés et des notables) dès que possible». Il n'a pas exclu que les fondamentalistes taliban puissent «jouer un rôle dans la future coalition gouvernementale».
En ce qui concerne l'aide aux Afghans, un porte-parole de l'ONU a fait état dimanche de l'entrée dans le pays d'un premier convoi de 14 camions. Pendant ce temps, le procès de huit Occidentaux, accusés par les taliban de «propagation du christianisme», a repris à Kaboul. Ils risquent la peine de mort.
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