Au fil de la Semaine : Proche - Orient, le prix de la paix
Depuis le 11 septembre, mardi noir pour le monde entier, il n'est pas de jour qui passe sans que la «Une » des journaux, des radios et des télévisions ne s'ouvre sur les conséquences des attentats de New York et de Washington.
LE MATIN
21 Septembre 2001
À 22:47
Depuis le 11 septembre, mardi noir pour le monde entier, il n'est pas de jour qui passe sans que la «Une » des journaux, des radios et des télévisions ne s'ouvre sur les conséquences des attentats de New York et de Washington. Un chiffre provisoire de 7000 morts , Wall Street et les places boursières mondiales dans l'œil du cyclone, la confirmation que la récession économique sera précipitée, une tension sourde et permanente à travers le monde et cette riposte imminente, matinée d'angoisse entre chien et loup. La campagne américaine contre le terrorisme, baptisée «justice sans limites » éclipse décidément tous les autres problèmes de la terre !
A commencer par celui du Proche-Orient qui, jusqu'aux attentats du 11 septembre, ravissait la vedette, médiatiquement s'entend, aux autres sujets d'actualité. Il était même apparu à certains observateurs que le Proche-Orient déterminerait la guerre ou la paix dans le monde. A telle enseigne que les Etats-Unis, indifférents à vrai dire, l'Europe et la Russie impuissantes, le monde arabe reclus dans d'insolubles problèmes, n'y pouvaient rien face à l'arrogance d'un Sharon qui voulait à tout prix en découdre avec les Palestiniens. Depuis 1949, pourtant, le problème du Moyen-Orient, c'est-à-dire israélo-palestinien, n'a jamais été autre chose qu'un problème international, issu du partage arbitraire fait par l'ONU en 1948, exposant le peuple palestinien à vivre pendant des années sous des tentes, dans des camps et à s'exiler enfin!
La logique voudrait que ce problème fût, naturellement, réglé dans une perspective internationale. C'est-à-dire en mettant sur la même table de discussions - et de négociations - outre les principaux protagonistes, les 110ns unies, les Etats-Unis, l'Europe, la Russie, la Ligue Arabe et le Comité Al Qods. La conférence de Madrid, organisée en 1990 sous l'impulsion de James Baker, alors secrétaire d'État, s'inscrivait dans une dimension internationalisée du règlement du conflit. Et les pourparlers marathons d'Oslo, menés en catimini entre négociateurs israéliens et palestiniens, qui débouchèrent sur la célèbre poignée de mains entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat à la Maison Blanche, sous le regard de drille de William Clinton, en constituaient le prolongement.
Est-ce à dire que des garanties internationales avaient été faites, expressément formulées pour donner au processus de paix, commencé à Camp David avec Anouar Sadate et Mennahem Begin, toutes ses chances de succès. Le processus de paix n'a été rompu que depuis que ces mêmes garanties internationales, autrefois imposées par les deux superpuissances, les États-Unis et la Russie, ne sont plus respectées. Benjamin Netanyahu a fait des accords d'Oslo et de Washington une seule bouchée.
Et, ce faisant, il a du coup balayé tous les espoirs nourris d'un côté comme dans l'autre par les tenants de la paix aussi bien dans le monde arabe qu'en Israël même. L'assassinat d'Itzhak Rabin par un terroriste juif a semé le trouble dans les esprits, mais surtout enterré l'espoir d'une paix durable, conquise au prix de plusieurs morts.
Quelques bons esprits, y compris au sein du monde arabe, n'hésitent pas à reprocher à Yasser Arafat d'être passé à côté de la paix avec Ehud Barak. Ils lui font même endosser l'échec subi par ce dernier aux élections législatives et l'arrivée au pouvoir d'Ariel Sharon qui, depuis lors, ne cesse de brandir la hâche de guerre et de relancer le désastreux cycle de répression en Cisjordanie et à Ghazza. Profitant même de la détresse des Américains, suite aux attentats de New York et de Washington, et de la confusion qui s'en suit encore, Ariel Sharon n'a-t-il pas lancé ses troupes contre les Palestiniens ?
Suite page 2
Force nous est de dire que l'heure d'un réexamen du dossier,avec une autre approche, s'impose. La proposition d'une conférence internationale sur le Proche-Orient, vivement appuyée par Yasser Arafat, par la Russie, la France et beaucoup d'autres pays, n'est-elle pas la solution idoine aujourd'hui ? Pendant trois décennies, le Proche-Orient avait pour principaux parrains les Etats-Unis d'Amérique et la Russie. L'équilibre de la terreur, variante de la guerre froide, assurait tout de même une relative accalmie et raison garder. A coup sûr, cette double pression internationale, même si elle se traduisait par un partage en deux blocs, avait le mérite de maintenir un statu quo en attendant que la politique reprenne quelque jour ses droits. Or, ces pressions constituaient, à n'en pas douter aussi, une manière de garantie internationale propre à empêcher que les uns et les autres ne se livrassent à des aventures suicidaires. La gravité atteinte à présent nous interpelle : seul un Sommet des chefs d'Etat, une conférence internationale peut relancer, avec les garanties qui y sont afférentes, le processus de paix et garantir les accords qui en résulteraient.