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Bab El Oued, la pire catastrophe qu'ait jamais connue Alger

Des torrents de boue de plus de quatre mètres, dévalant des collines voisines, balayant tout sur leur passage, ont provoqué, le 10 novembre dans le quartier populeux de Bab el Oued, la pire catastrophe qu'ait jamais connue Alger, tuant quelque 650 pers

18 Novembre 2001 À 16:55

Des pluies, tombées en abondance la veille, avaient miné le terrain et des orages, d'une intensité rare sur la ville ce samedi-là, ont provoqué cette catastrophe, sans précédent en Algérie.
Ces pluies diluviennes faisaient suite à une très longue sécheresse, à tel point que des prières avaient été dites dans les mosquées d'Algérie pour attirer la pluie sur le pays.
Situé au pied de collines entourant Alger, Bab el Oued a vu déferler des milliers de tonnes de boue dévalant le lit d'un ancien oued transformé en autoroute pour désengorger l'une des sorties ouest de la capitale.
Des centaines de voitures, de camions et de cars ont été emportés comme des fétus de paille pour aller se fracasser contre des habitations ou encore se jeter, quelques kilomètres plus bas, dans la Méditerranée avec leurs passagers.
«C'était un spectacle insoutenable de voir tous ces véhicules emportés flottant sur ce gigantesque torrent», raconte Farid qui a vu, réfugié sur le toit de sa maison, passer devant lui «des semi-remorques survolant littéralement les flots».
Les torrents de boue ont piégé des dizaines de personnes dans leurs appartements, dans des entrepôts ou encore dans des cars de voyageurs. Beaucoup de personnes étrangères au quartier ont été tuées ou portées disparues, ce qui rendra très difficile l'établissement d'un bilan définitif exact.
Parmi les quelque 160 disparus répertoriés figurent des personnels de l'hôpital Maillot, un des principaux établissements de la capitale. La question des responsabilités de cette catastrophe a suscité une polémique.
Certains y ont vu l'effet d'une urbanisation sauvage laissée se développer par les autorités qui ont fermé les yeux devant la violation de règles élémentaires.
L'Algérie, dont la population a triplé depuis l'indépendance en 1962, connaît depuis des années une crise de logement poussant les Algériens à une frénésie de construction sauvage.
Les collines surplombant Bab el Oued n'ont pas échappé à ce phénomène et le bétonnage sans respect de règles d'urbanisme y connaît de beaux jours.
Ce bétonnage a fait disparaître une partie des bois qui faisaient le charme de ces collines pour laisser la place à des habitations, parfois hideuses, favorisant le ruissellement en cas de fortes pluies, selon des urbanistes dénonçant ces pratiques.
Les dégâts sont énormes et la reprise de la vie normale prendra du temps, ont averti les responsables des opérations de secours sur place.
Leur objectif principal est de rétablir la circulation dans les jours à venir dans tout le quartier dont certaines rues sont encore obstruées par d'impressionnantes masses de terre.
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