Fête du Trône 2006

Boukhari condamné à regagner sa cellule pour trois mois

Dans l' “affaire de diffamation et d'injures publiques” et dont l'inculpé n'est autre qu'Ahmed Boukhari, le tribunal correctionnel de Casablanca-Anfa s'est prononcé hier, en début d'après-midi, condamnant le prévenu à 3 mois de prison ferme, 20.000 DH d'a

12 Décembre 2001 À 22:31

Et ce n'est pas tout, Ahmed Boukhari a "attaqué” la wilaya qui a refusé de lui délivrer son passeport.
Hier, donc, dans la salle n°1 du tribunal de 1ère instance de Casablanca-Anfa, ni Boukhari ni son avocat n'étaient présents lorsque le président de la Cour, M. Nadifi, a lu le jugement condamnant le prévenu à retourner derrière les barreaux, pour 3 mois, comme pour l'affaire des chèques sans provision.

Rappel des faits


Trois anciens agents des services secrets marocains (CAB1) des années 60, Mohamed El Achaâchi, Abdelkader Saka et Mohamed Mesnaoui, avaient déposé deux plaintes contre Ahmed Boukhari, lui aussi était affecté à ces services, pour diffamations et injures publiques. Le Parquet a retenu la complicité de Ahmed Boukhari dans ces deux délits et engagé donc des poursuites judiciaires.
Mercredi 5 décembre 2001, à la surprise générale, maître El Jamaï et son assisté Ahmed Boukhari décident de se retirer des audiences consacrées à ce procès, protestant contre ce qu'ils considèrent être une parodie de justice dont l'issue était connue d'avance, accusant le procureur du Roi d'agir dans cette affaire selon les instructions du ministre de la Justice.
Le représentant du ministère public, M. Zouaki, tout comme l'avocat de la partie civile, Me Mohamed Naciri, ont déploré ce retrait injustifié, le mettant sur le compte de manœuvres de l'accusé, confronté à la dure réalité des choses, se trouvant dans l'incapacité d'apporter les preuves matérielles impliquant Mohamed El Achaâchi, Abdelkader Saka et Mohamed Mesnaoui dans la disparition de Mehdi Ben Barka.
Me Naciri a dénoncé les agissements d'Ahmed Boukhari visant à incriminer des innocents au moyen d'une campagne médiatisée derrière laquelle l'odeur du gain matériel ne serait pas étrangère.
A l'extérieur de la salle, Me Abderrahim El Jamaï était très sollicité par les journalistes et tenait une conférence de presse improvisée. L'avocat n'a pas mâché ses mots pour dire que ce procès était une mascarade, que le jugement ne l'a guère étonné.
A la question de savoir s'il compte interférer appel, Me El Jamaï a répondu : "Je ne sais pas, pour l'instant… Nous nous demandons devant quelle juridiction nous ferons appel.

Une affaire de passeport


Me El Jamaï a déploré que les autorités judiciaires du pays continuent à s'acharner sur son client, à le priver de ses droits, citant à titre d'exemple le refus de lui délivrer son passeport (d'ailleurs Boukhari devrait se rendre à Paris le 20 décembre où il est convoqué par un juge français chargé du dossier Ben Barka). A ce sujet, nous avons appris de son avocat que Ahmed Boukhari a assigné en justice la wilaya de Casablanca pour refus de lui délivrer son passeport, le 28 novembre dernier, au tribunal administratif. Mardi dernier, à l'audience tenue par cette juridiction, la wilaya, par la voix de son défenseur, a demandé au tribunal administratif de prononcer son incompétence dans cette affaire.
Les déboires de Ahmed Boukhari ne s'arrêtent pas là et d'autres surprises sont attendues par celui qui a osé défrayer la chronique judiciaire et lancé un pavé dans une mare trop médiatisée. Ahmed Boukhari pourra éviter de regagner sa cellule, dans les prochains jours, s'il interjette appel contre ce jugement. Mais, sortira-t-il pour autant, de l'auberge où il s'est enfermé ?
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