Chefchaouen prépare son jumelage avec Mertola, une cité portugaise au riche passé musulman
Le président du Conseil municipal de chefchaouen, M. Mohamed Saâd El Alami a signé jeudi soir avec le maire de la ville de Mertola (sud-est du Portugal), un protocole d'accord-cadre d'amitié et de coopération devant déboucher sur un jumelage officiel ent
Cette cérémonie a pris une dimension symbolique du fait de l'inauguration, ce même jour, à Mertola, du premier musée du Portugal entièrement dédié à l'art islamique et dont les pièces provenant de fouilles archéologiques faites sur place, témoignent de la splendeur passée de cette ville, particulièrement sous le règne de la dynastie des Almohades en cette partie du Gharb Al Andalous.
Le public pourra ainsi découvrir une riche collection enfouie pendant des siècles, notamment des pièces uniques telles que les céramiques estampées datant de la période arabe comprise entre les IXème et XIIIème siècles et qui témoignent de la technique avancée et de l'esthétique des arts marocains.
La conjonction de ces deux événements a clairement montré la volonté des édiles de cette ville portugaise de renouer avec leur passé arabo-musulman, longtemps occulte, et d'entretenir cette part de leur patrimoine et de leur identité grâce à l'accord signé avec Chefchaouen.
Le Président de la République portugaise devait inaugurer le musée mais la crise politique née de la démission du Premier ministre a contrarié son déplacement. Dans son message lu durant la cérémonie, à laquelle participaient notamment le secrétaire d'Etat portugais à la culture et l'ambassadeur du Maroc, M.
Salaheddine Tazi, il a rendu hommage à cette initiative tendant à valoriser le patrimoine islamique du Portugal et à dynamiser les échanges entre peuples de culture différente que lie un passé commun.
Le protocole d'accord avec Mertola a été salué par l'ambassadeur du Maroc qui s'est félicité de ce nouveau jalon marquant la coopération de qualité liant le Maroc et le Portugal et qui ne manquera pas de renforcer les échanges et la compréhension, au niveau des élus et des populations.
M. Saâd El Alami s'est réjoui du fait que ses partenaires portugais aient programmé la signature du protocole entre Chefchaouen et Mertola avec cet événement qui témoigne de leur volonté de renforcer les relations avec le Maroc et de s'ouvrir davantage, par son biais, au monde musulman et à la civilisation musulmane.
Il a déclaré à l'agence MAP que cette conjonction d'événements constitue un signal fort au moment où la relation Islam-Occident traverse une mauvaise passe. Elle témoigne ainsi du rôle joué par le Maroc pour valoriser la civilisation musulmane et promouvoir auprès des occidentaux l'image de l'Islam en tant que religion faite de tolérance, de coexistence et de paix.
L'histoire commune partagée par Mertola, qui renoue ainsi avec la civilisation musulmane ayant marqué de son sceau plusieurs siècles de son passé, et singulièrement avec la culture et la civilisation musulmane du temps des Almohades, incite les deux villes partenaires à mettre à profit cette histoire commune pour bâtir un avenir commun basé sur la coopération et la compréhension mutuelles, a dit M. Saâd El Alami.
Dans cet esprit, le protocole d'accord entre chefchaouen et Metrola prévoit des échanges de visites, notamment au niveau des élus, des jeunes et des femmes pour mieux se connaître, des actions de partenariat dans les domaines de la préservation du patrimoine architectural et culturel, de l'urbanisme et de l'environnement.
Outre le passé historique et les ancêtres communs, les deux villes de Chefchaouen et Mertola peuvent revendiquer le titre de sœurs jumelles à plus d'un titre. Un film projeté pendant l'inauguration du musée islamique met en exergue la similitude des sites géographiques, les deux villes étant accrochées de la même manière à la montagne, leurs ruelles étroites sont de la même façon pavées de galets.
La similitude des traits physiques entre leurs habitants est frappante comme l'est celle des gestes au quotidien. De ce côté du Detroit, comme de l'autre, le travail aux champs, les gestes des artisans et des femmes pétrissant le pain ou filant la laine sont toujours pratiquement identiques, perpétués depuis les temps où les deux rives relevaient du même empire marocain.