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Coopération Nord-Sud: Bruxelles à l'écoute d'Agadir

Bruxelles est toujours à l'écoute d'Agadir. Huit mois après la naissance dans la capitale du balnéaire marocain des premiers pas de la zone de libre-échange qui, à terme, devrait faire de la rive sud de la Méditerranée une aire de commerce sans entraves,

21 Décembre 2001 À 10:51

L'événement a été considéré comme particulièrement porteur. Au plan de la coopération interne à l'ensemble maghrébin, notamment. Comme la plupart des partenaires économiques des pays de l'Afrique du nord et de l'ouest, l'Europe considère que sa coopération avec «les cinq» passe par une meilleure organisation de leurs échanges intra-régionaux. On l'a de nouveau affirmé à Bruxelles: il n'y a pas de coopération nord-sud viable sans le préalable d'une coopération sud-sud forte.
C'est pourquoi l'initiative d'Agadir est toujours considérée par l'U.E comme un modèle de coopération régionale pour les pays méditerranéens. Tant et si bien, en fait, que le commissaire européen aux relations extérieures l'a de nouveau répété solennellement en qualifiant récemment le projet d'Agadir de «premier jalon sur la voie de l'instauration d'une interconnexion d'échanges dans la coopération sud-sud susceptible de renforcer le partenariat Nord-Sud». Il n'est pas le seul. Son porte-parole a pour sa part estimé que «ce n'est que dans le cadre d'une telle initiative régionale que les deux rives de la Méditerranée peuvent se développer.» C'est sans doute ce qui explique que dans la capitale de l'exécutif européen on se déclare ravi à l'idée que l'Algérie puisse un jour se joindre à l'initiative prise par le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie.
Il semble pourtant que ce ne soit pas là l'essentiel des attentes européennes. Un certain nombre de commentateurs croient avoir décelé dans le souhait européen des résonances beaucoup plus profondes que celles émises par le projet d'une simple structuration économique.
En fait, estiment-ils, c'est à l'édification de l'ensemble maghrébin que font allusion les européens. Si tel était le cas, ce serait alors l'une des rares fois qu'un partenaire étranger invite l'ensemble qui lui fait vis à vis à se présenter en bon ordre à d'éventuelles négociations entre eux.
Du côté des maghrébins, cette invitation peut également être vécue comme un aveu d'échec.
Cela fait maintenant plus d'un lustre que la construction de l'ensemble régional marque le pas en dépit de velléités de reprise tout aussi sporadiques que passagères.
Si l'Europe semble s'en émouvoir, c'est que le temps presse et que peut-être la pertinence du projet est en train de prendre du plomb dans l'aile. Probable qu'avec la persistance des pesanteurs de la conjoncture, le Maghreb ait de plus en plus de difficultés à voir le jour et que la zone «Mena sans Israël» soit une solution de dépassement des blocages actuels.
Cette éventualité, certains observateurs croient en déceler les prémices dans le fait que le Liban ait emboîté le pas à l'Algérie à quelques heures seulement d'intervalle.
Cette nouvelle adhésion pourrait signifier que l'Union européenne exerce un plus grand attrait sur le Moyen-Orient, une partie du monde arabe réputée chasse gardée des Anglosaxons aupravant. Elle pourrait également préluder à une relance du projet unitaire maghrébin.
Ces mêmes analystes pensent que les hypothèques qui pèsent actuellement sur l'édification de l'ensemble régional sont solubles dans une communauté plus grande. Selon cet avis, la zone MENA moins Israël devant qui on maintiendrait néanmoins la porte ouverte dans le cas où il se conformerait à la légalité internationale, devrait pousser à la roue du Maghreb.
Si tel était le cas, ce serait la première fois qu'un mouvement fédérateur commence par la périphérie pour finir par le centre.
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