Fête du Trône 2006

Entretien avec Ahmed Ghayet: fières retrouvailles...!

Avec une grande expérience dans le domaine associatif, M. Ahmed Ghayet s'investit depuis plusieurs années dans le domaine sociale notamment au profit des maghrébins en France et bien évidemment en faveur de ces cocitoyens au Maroc. Son engagement, sa bonn

07 Décembre 2001 À 10:58

Le Matin : Vous entretenez personnellement des relations privilégiées avec les officiels français ; comment comptez-vous fructifier ces rapports dans le cadre de la mission sociale de votre association Maillage ?
M. A. Ghayet : Conseiller d'Elisabeth Guigou, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, après l'avoir été auprès de Martine Aubry, j'ai également un engagement associatif (depuis 1983), notamment au sein du "Maillage des nouvelles générations” qui regroupe de jeunes marocains d'une quinzaine de villes de France.
J'essaye de mener mes deux activités de front, ce qui est plutôt aisé du fait des convergences des centres d'intérêt : jeunesse, citoyenneté, population issue de l'immigration, métissage des cultures, relations entre pays d'origine et pays de résidence, activités 114ives, Islam...etc. Tout naturellement, j'essaye de faire bénéficier la ministre de mon expérience du terrain et bien entendu je multiplie les contacts de haut niveau avec la jeunesse issue de l'immigration, qui peut ainsi faire entendre sa voix, ses revendications ; avancer ses dossiers etc... j'essaye d'avoir un rôle de médiateur, de passerelle.
L.M. : Votre action sociale vous permet d'être en contact avec la jeunesse marocaine vivant en France et de sonder leur perception de leur pays. Quelle idée les MRE de la deuxième et troisième générations se font-ils de leur pays d'origine ?
M. A. Ghayet : Depuis 18 ans, depuis la fameuse "Marche des Beurs”, je suis immergé au sein de la jeunesse d'origine maghrébine ; j'en suis issu et j'en suis toujours un membre, que j'espère, le plus actif possible.
Les générations avancent et la mienne, qui a aujourd'hui entre 30 et 40 ans, se doit d'être un référent pour les suivantes. J'ai donc ressenti, accompagné, vécu les évolutions qui ont traversé cette jeunesse ; tant dans ses rapports avec la France que dans ses rapports avec le Maroc.
L'idée que les jeunes franco-marocains ont de leur pays d'origine a beaucoup évoluée.
Longtemps le Maroc a été pour eux le "pays des parents”, le "pays des vacances”, connoté parfois négativement. Aujourd'hui ces jeunes sont en train de "s'approprier” leur pays d'origine : cela est dû notamment aux actions et à la volonté du Souverain qui a su comprendre ces nouvelles générations et se faire comprendre d'elles. Ces jeunes viennent de plus en plus nombreux en été, mais cherchent aussi à participer au développement du Maroc, par des actions sociales, culturelles, 114ives, économiques ; par des échanges ; par un engagement aux côtés de l'enfance et de la jeunesse défavorisées.
Cette jeunesse retrouve une fierté de ses racines, de son origine marocaine et même si le chemin à parcourir est parfois semé d'embûches, je pense que les retrouvailles sont en bonne voie.
L. M. : Pensez-vous que des actions ponctuelles, aussi modestes soient-elles, peuvent contribuer réellement au développement des régions défavorisées, rurales en l'occurrence ?
M. A. Ghayet : Je suis persuadé que toute action, quelle que soit son envergure, est de nature à contribuer au développement du Maroc. La première génération, (les parents) a largement participé à l'électrification des douars, à la construction des routes, au creusement des puits...
Ils ont beaucoup apporté à leur région d'origine. Les plus jeunes poursuivent l'action, par la construction par exemple, de "Maisons de jeunes”, de terrains de 114, par des dons à des orphelinats, des actions de partenariats avec des ONG locales... Et puis, il y a l'apport de la communauté immigré- et sa participation active- à la Campagne de solidarité et de la Fondation Mohammed V.
L. M. : Parallèlement à votre action en faveur de la promotion de l'alphabétisation et l'aide à l'épanouissement des enfants et des jeunes par le 114, ne pensez-vous pas qu'il serait utile de participer au lancement de projets créateurs de richesses (Ex. coopérative, usines...) ?
M. A. Ghayet : L'éducation de la jeunesse, la construction d'une société, le développement d'un pays... sont des œuvres de longue haleine. Il va de soi que les projets créateurs de richesses, donc d'emplois, donc de pouvoir d'achat... sont essentiels. Mais chacun doit faire selon ses compétences, son savoir-faire, son champ d'action. Parmi les jeunes issus de l'immigration, il y a ceux qui aujourd'hui ont "réussi” dans des domaines économiques, de l'entreprise...etc.
A eux de s'investir en cette direction dans leur pays d'origine, mais pour cela il est indispensable de créer les conditions adéquates : transparence, honnêteté, responsabilité,... etc.
L.M. : Le tissu associatif se renforce chaque jour par la création de nouvelles associations. Ne croyez-vous pas que cette prolifération rapide présenterait le risque de voir le secteur social investi par des personnes ou des parties intéressées ?
M. A. Ghayet : Le foisonnement associatif tant au Maroc qu'au sein de la communauté immigrée en France est un atout considérable.
Que de plus en plus de femmes, de jeunes... deviennent acteurs est très positif.
Que la prolifération présente des risques, cela est sûrement vrai, comme en tout d'ailleurs, mais je pense qu'au bout du compte seul le travail effectué, compte. Alors ne nous laissons pas distraire de nos objectifs et parions sur la bonne volonté, l'intelligence et l'honnêteté.

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