Hayao Miyazaki: un musée du dessin animé
Vénéré au Japon pour des dessins animés écologistes et philosophiques comme «Princesse Mononoke» ou «Mon voisin Totoro», Hayao Miyazaki, peaufine une nouvelle oeuvre: pas un film cette fois mais un musée où présenter ses recettes magiques et ses source
25 Septembre 2001
À 16:34
Bercé par le soleil, dans un coin de verdure non loin d'une rivière, le «Museo D'Arte Ghibli» ouvrira ses portes le 1er octobre à Mitaka, dans l'ouest de Tokyo, pas très loin des studios Ghibli, royaume du maître de l'»animé».
Les entrées seront limitées à 2.400 par jour, par groupes s'échelonnant toutes les deux heures et les tickets vendus uniquement dans une chaîne de magasins de proximité (Lawson).
Le «sensei» (maître) Miyazaki, 60 ans, heureux initiateur de la série à succès «Heidi», s'occupe de tous les détails, virevolte d'une pièce à l'autre, habillé en blouse bleue d'instituteur, montre avec fierté le vélo italien d'un ami de famille avant de redresser une aquarelle à peine terminée tirée de ses croquis.
«Cela montre un studio d'animation dans les années 50. L'industrie du dessin animé ne faisait que commencer. Contrairement à aujourd'hui, les gens vivaient avec plus d'insouciance. C'est pour cela que leur expression et leurs yeux sont si brillants», explique M. Miyazaki à l'AFP.
Avec ses pastels jaune, saumon, vert et bleu, et son air de gros gâteau aux formes rondes de conte de fées, le musée dirigé par le «maître» en personne cherche à transmettre cette vision optimiste et légère, typique de l'enfance, tout en enseignant au visiteur le B à BA du cinéma.
«Il faut rendre plus faciles et compréhensibles pour les enfants les mécanismes du film d'animation. Je ne veux pas qu'ils pensent qu'il suffit d'appuyer sur un bouton (pour avoir un film tout prêt), mais il faut qu'ils apprennent que pour faire bouillir l'eau, il faut la chauffer», ajoute-t-il.
Dans le musée, agrémenté de bassins d'herbes folles (Miyazaki adore la nature) et d'un patio aux allures de village suisse (Heidi) où un bucheron coupe le bois, les murs sont de boiseries fines style art déco et les plafonds décorés de fresques où l'on retrouve l'avion de «Porco Rosso» ou le héros mi-hibou mi-chat de «Totoro». «Le Japon était un pays d'artisans mais maintenant nous avons du mal à trouver de bons artisans. Quand j'ai parlé de mon idée pour le bâtiment à des artisans, ils m'ont demandé un plan. S'ils étaient de vrais artisans, il l'aurait dessiné eux-mêmes», s'étonne M. Miyazaki. Il est satisfait cependant d'avoir trouvé quelques personnes d'exception capables de réaliser les vitraux du musée et un monsieur de 70 ans qui a fourni l'énorme hélice fixée au plafond, utilisée comme pale de ventilateur. «L'idée (du musée) n'était pas d'aligner les travaux des studios Ghibli. Ce que je fais par exemple n'est pas à la hauteur de Cézanne ou Da Vinci. Le musée devait être créatif et montrer quelque chose qui puisse durer 100 ans», explique M. Miyazaki.
Une salle a donc été consacrée au processus de création de dessins animés: une ronde de petits Totoro automates et personnages du film, tournent à toute vitesse sous la lumière générant une image en mouvement.
Une autre pièce encombrée de livres, de photos d'arbres ou d'immeubles de grandes villes et d'objets divers (vélos, mappe-mondes, maquettes d'avions, etc..) donne un aperçu de l'imaginaire des réalisateurs.
Les visiteurs, les enfants notamment, peuvent aussi toucher les projecteurs et appareils de montages quand ils ne sont pas en train de sauter sur une énorme peluche figurant le chat-autobus de «Totoro» ou de regarder dans le mini-théâtre au sous-sol, «Kujira-tori» (contre la chasse à la baleine), l'un des trois dessins animés des studios Ghibli créés exclusivement pour le musée.