Khartoum relâche Tourabi et des opposants
Le Président soudanais Omar Al-Béchir a ordonné, lundi, la libération d'opposants accusés de complot avec l'aide des Etats-Unis, ainsi que du dissident islamiste Hassan Al-Tourabi, poursuivi dans le cadre d'une autre affaire.
Dans un discours au Parlement, le président Béchir a suspendu la procédure engagée contre huit membres de l'Alliance 110nale démocratique (AND, coalition de l'opposition nordiste et de la rébellion sudiste) arrêtés en décembre lors d'une rencontre avec un diplomate américain, et ordonné la libération des six dirigeants encore détenus.
Les prévenus avaient été arrêtés sous l'accusation d'espionnage et de complot contre le régime avec l'aide des Etats-Unis et de la rébellion sudiste à la suite d'une rencontre avec le diplomate américain, qui avait été expulsé.
Le dégel entre Khartoum et Washington s'est accéléré à la faveur des attentats du 11 septembre sur le sol américain. Le 28 septembre, l'abstention des Etats-Unis au Conseil de sécurité a permis la levée des sanctions, essentiellement symboliques, de l'ONU contre le Soudan.
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a rendu hommage à cette occasion au "changement d'attitude” de Khartoum envers le terrorisme.
Les Etats-Unis ont néanmoins maintenu leurs propres sanctions contre le Soudan, placé depuis 1993 sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme.
Khartoum a accordé de 1990 à 1996 l'asile au terroriste présumé Oussama ben Laden, principal suspect des attentats du 11 septembre, ainsi qu'à plusieurs de ses collaborateurs, notamment un dirigeant de l'organisation égyptienne intégriste Al-Jihad, Aymane Al-Zawahiri, considéré comme le bras droit du chef d'Al-Qaïda, l'oganisation de M. Ben Laden.
Le président soudanais a en outre ordonné lundi la libération de l'islamiste Hassan Al-Tourabi et des dirigeants de son parti, le Congrès 110nal populaire (CNP), en détention depuis février, après avoir conclu un accord avec les rebelles sudistes de l'Armée de libération des peuples du Soudan (SPLA)
M. Béchir a également suspendu les poursuites contre M. Tourabi et ses partisans.
Le Soudan est en proie depuis 1983 à une guerre civile opposant le sud, à majorité chrétienne et animiste, aux gouvernements successifs du nord arabo-musulman.