Kitin Munoz et la Mata-Rangi III traversent l'Atlantique

Pour cette journée dominicale ramadanesque qui a marqué le début de l'aventure de l'un des leurs, les habitants de la petite cité atlantique garderont en mémoire, une chaleur humaine, des embrassades, des accolades et une aisance de contact avec «ces fous de la mer» marqués par les six mois qu'ils ont passés parmi eux. Tout le monde s'activait à apporter les dernières retouches pour que le départ de l'expédition soit au rendez-vous. En ce jour férié pour les petits pêcheurs, brandissant les drapeaux marocain et espagnol, l'on retiendra les haies d'honneur «marines» effectuées à bord de leurs petites embarcations artisanales autour de la mata-rangi. Ils ont même pris le large avec le radeau, tire par un catamaran et l'ont «escorte» à la sortie du port de Sidi Ifni.
«Nous voulons témoigner à Munoz, l'enfant de Sidi Ifni, notre amour et l'encourager dans cette aventure pour laquelle il a choisi notre pays et notre cité», a indiqué un jeune pêcheur qui avait regagné la berge pour embarquer un autre jeune photographe pour des photos souvenirs avec l'équipage à bord de la mata-rangi.
Kitin Munoz n'a pas manqué de rendre un vibrant hommage à «ses concitoyens» pour l'accueil et l'hospitalité qui lui ont été réservés ainsi qu'aux membres de l'expédition de la mata-rangi III (yeux du paradis).
«Je tiens à remercier S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, pour la haute sollicitude dont le Souverain a entouré notre expédition depuis son arrivée au Maroc. Je tiens également à exprimer ma gratitude au Souverain pour m'avoir désigné consul honoraire du Royaume en Espagne comme je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué au succès de cette expédition depuis son arrivée au Maroc», a affirmé l'explorateur espagnol lors d'une cérémonie organisée en l'honneur de l'expédition en présence de plusieurs personnalités dont le gouverneur de la province de Tiznit, l'ambassadeur du Chili au Maroc et la vice-consul d'Espagne à Agadir, représentant l'ambassadeur de son pays à Rabat.
Le départ de l'expédition a été fêté dans une ambiance conviviale selon les traditions des tribus Aït Baâmarane, les troupes locales ont été au rendez-vous et les cavaliers tiraient des salves en l'honneur du radeau qui s'apprêtait à lever l'ancre avec les deux drapeaux marocain et espagnol flottant côte-à-côte en signe d'amitié séculaire entre les deux pays comme l'avait précisé Kitin Munoz lors de son intervention.
Une nouvelle expédition scientifique de traversée
de l'Atlantique
La Mata-rangi, yeux du paradis dans la langue de râpa nui, est le nom donné à l'expédition entreprise pour la troisième fois par Kitin Munoz, l'objectif étant cette fois d'atteindre le continent américain. Avec cette nouvelle aventure, l'explorateur espagnol complète la trilogie des expéditions mata-rangi et mener des recherches maritimes.
Avant de diriger l'expédition mata-rangi, Kitin Munoz avait navigué sur une autre embarcation en roseaux (URU) au cours d'un voyage entre le Pérou et la Polynésie française. L'expédition du radeau dont le départ a été donné de Sidi Ifni est la troisième de l'explorateur et le navigateur espagnol après qu'il eut décidé de diriger la construction de la Mata-rangi II qui prit le départ en 1998 du port d'Arica, au nord du Chili. A cette occasion, et après avoir parcouru plus de 10.000 km, l'équipage fut forcé de se séparer d'une partie de l'embarcation après trois mois de navigation, car elle fut réduite en poussière par un parasite de la mer. Dans ces conditions, l'embarcation put toute de même naviguer 1.500 km pour atteindre les îles marquises.
Pour ce troisième voyage, Kitin Munoz a décidé de poursuivre son projet en partant cette fois de la Méditerranée. Le 6 mai dernier, l'embarcation avait levé l'ancre du port de Barcelone, où l'explorateur et un groupe d'artisans Aymaras spécialistes en construction navale construisirent la troisième embarcation Mata-rangi.
L'expédition fera escale dans plusieurs ports espagnols et marocains: Valence, Alicante, Malaga, Carthagène, Tanger, Rabat, Agadir et Sidi Ifni où le départ a été donné dimanche pour entreprendre la grande traversée de l'Atlantique pour rejoindre le continent américain.
Le projet lancé par Kitin Munoz vise, entre autres, la recherche scientifique dans le but de corroborer la thèse de Thor Heyerdahl, -archéologue et explorateur norvégien qui, en 1947, parcourut 8.000 km à bord d'une embarcation en bois- sur la navigation primitive.
A travers ce voyage, il affirma que les anciens peuples d'Amérique avaient mis au point une culture maritime suffisamment sophistiquée pour pouvoir utiliser les océans comme voies de communication et comme canaux pour les mouvements migratoires entre les continents.
A partir de cette thèse, il formula l'hypothèse selon laquelle les civilisations précolombiennes purent ainsi se déplacer du continent américain aux îles des pacifiques pour les peupler.