Salon international de l'agriculture de Meknès

L'eau souvent à l'origine de catastrophes naturelles

Près de deux milliards de personnes, soit le tiers de l'humanité, ont subi des catastrophes naturelles au cours de la dernière décennie du 20è siècle. Dans 86 % des cas, il s'agissait d'inondations ou de sécheresse.

14 Septembre 2001 À 21:27

Les catastrophes brutales, comme les tremblements de terre, les éruptions volcaniques ou les glissements de terrain sont très spectaculaires et peuvent faire de nombreuses victimes. Les inondations ou les sécheresses, lorsque l'eau est trop abondante ou trop rare, ont en revanche souvent des effets plus durables et plus profonds sur la santé des victimes.

Deuxième cause

"Les pauvres et les marginaux qui, pour la plupart, vivent dans des logements de mauvaise qualité et dans des régions sujettes aux inondations ou à la sécheresse, sont les victimes les plus vulnérables, rappelle le Dr Jamie Bartram, Coordonnateur à l'OMS du programme Eau, assainissement et santé. En période de sécheresse, la quête désespérée du précieux liquide les conduit à boire de l'eau contaminée et à négliger l'hygiène personnelle. Les situations d'inondation conduisent elles aussi fréquemment à la consommation d'eau non potable”.
"Si l'approvisionnement en eau potable et les systèmes d'assainissement sont déjà insuffisants, les inondations entraînent alors un risque sanitaire majeur. L'inondation des décharges industrielles, contenant de l'huile de vidange par exemple ou d'autres déchets, augmentent les risques pour la santé. Les gens qui ont tout perdu, leur foyer, leur nourriture et leurs moyens de survie, sont les plus vulnérables aux maladies”.
En fréquence, les inondations sont la deuxième cause de catastrophe naturelle, derrière les tempêtes, mais elles touchent plus de régions et de populations que tout autre phénomène. La sécheresse est la plus grande cause de mortalité car elle provoque souvent des famines.
"Les études statistiques montrent que la fréquence des inondations augmente, dit Jamie Bartram. Le nombre des grandes inondations est passé de 66 en 1990 à 110 en 1999. Le nombre de personnes tuées par ces catastrophes en 1999 est deux fois plus important que n'importe quelle autre année de cette décennie. Tout cela survient sur une planète de plus en plus densément peuplée. Alors que les dirigeants du monde continuent de discuter des solutions à long terme, en relation par exemple avec les changements climatiques, il faudrait améliorer la prévention et la préparation, notamment dans les pays les moins avancés (PMA) et plus généralement pour les populations pauvres et vulnérables”.

Solutions pratiques

Avec les inondations récentes ou actuelles en Pologne, Indonésie, dans la vallée du Mississippi, au Zimbabwé, en Sibérie, en Angola, au Brésil, dans le Nord-Est de la France, au Pérou et la sécheresse en Afghanistan, à Cuba, en Floride, dans la Corne de l'Afrique, en Asie centrale, dans le Sud-Ouest des Etats-Unis et au Royaume-Uni, les médias tournent leurs projecteurs sur ces deux types de catastrophes naturelles. L'Etat indien d'Orissa, déjà pauvre, a été particulièrement frappé par l'adversité : il a connu des inondations massives l'année dernière puis la pire sécheresse de la décennie et à nouveau des inondations. Sur une population de 32 millions d'habitants, 27 millions ont déjà été touchés.
Malgré l'ampleur et l'extension géographique des inondations et des sécheresses, beaucoup peut être fait pour éviter ou atténuer leurs conséquences préjudiciables sur la santé. La solution passe par une eau sûre et propre. Des mesures simples et pratiques, comme d'enseigner aux populations comment économiser l'eau et la garder à l'abri des contami110ns ou comment constituer des réserves d'urgence d'eau potable, apporteront déjà une grande aide aux communautés à risque. On sait que la chloration de l'eau diminue l'incidence des diarrhées, du choléra et d'autres maladies.
Une étude de quatre mois sur la contami110n de l'eau dans un camp de réfugiés au Malawi, où`l'on avait observé des épidémies répétées de choléra et de diarrhées, a établi que l'eau provenant des puits ne contenait pas ou peu de germes mais que les réfugiés, en la recueillant, la contaminaient rapidement, principalement par le contact avec les mains. La simple introduction d'un récipient amélioré pour recueillir l'eau a permis de diminuer de 69 % les concentrations en coliformes fécaux dans l'eau des ménages et de 31 % le nombre des affections diarrhéiques chez les enfants de moins de cinq ans dans les familles utilisant le seau amélioré.
En pays tropical, la décrue laisse des sites idéaux pour la reproduction des moustiques, ce qui augmente le risque épidémiologique pour des maladies telles que le paludisme, la dengue ou la fièvre de la Vallée du Rift. Les inondations, associées aux eaux usées circulant à ciel ouvert et à des possibilités réduites de maintenir l'hygiène personnelle, provoquent le choléra, les diarrhées et la propagation des virus gastro-intestinaux. Elles déplacent également les populations de rongeurs à l'origine de flambées de leptospirose et d'infections à hantavirus.

Infrastructures de vidange

Il faut aussi mettre en place des systèmes d'alerte précoce pour déceler l'augmentation des affections diarrhéiques et des maladies transmises par les moustiques et évaluer les risques d'inondation et de sécheresse. Dans de nombreuses régions, il convient d'améliorer l'assainissement car les pays qui disposent de bonnes infrastructures de vidange et d'élimi110n des eaux fécales connaissent beaucoup moins de problèmes directs de santé au cours des catastrophes provoquées par l'eau. Le plus important reste néanmoins d'aider les collectivités locales à se préparer et à réagir.
Si les inondations sautent à l'œil de tout un chacun, il est beaucoup plus difficile de reconnaître les sécheresses. A partir de quand peut-on dire que la sécheresse n'est plus une circonstance passagère mais un état durable ? A la différence d'un typhon ou d'un tremblement de terre, elle peut toucher une très grande zone géographique et mettre des mois, voire des années, à se développer. Il arrive que les décideurs repoussent l'action jusqu'à ce que les effets soient dramatiques et qu'il soit trop tard pour agir efficacement.
La sécheresse déclenche ou intensifie la malnutrition et la famine. Il est difficile d'obtenir des statistiques exactes, les décès étant principalement dus aux pénuries alimentaires et à l'aggravation d'une malnutrition préexistante, mais aussi aux migrations, au phénomène des sans-abri, à la dégradation des infrastructures de la santé publique, de l'adduction d'eau et des soins de santé. La chaleur, par vagues ou dans les pays chauds, peut entraîner des décès lorsqu'elle s'as116 à une pénurie d'eau.
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