LE MATIN
10 Septembre 2001
À 20:50
C'est peut être là le premier sentiment suscité par le macabre spectacle de Sidi Taibi, la localité près de laquelle les cadavres de treize jeunes gens candidats malheureux à l'émigration en Europe ont été découverts. Une découverte qui interpelle comme jamais auparavant émigration ne l'a fait.Car, alors que dans la plupart des cas précédents, les images de l'immense détresse qui porte de jeunes gens à payer le prix fort pour un voyage plus qu'aléatoire étaient diffusées par les seuls médias espagnols, ce qui pourrait éventuellement leur conférer une coupable distanciation , le drame de Sidi Taibi a eu sur les récepteurs l'effet d'un véritable électrochoc. L'émigration clandestine est un mirage mortel contre lequel les jeunes ne sont pas armés.
Ces armes, des responsables d'associations les veulent trouver dans une sorte de coopérativisation des candidats au départ. " Voilà des jeunes gens qui ont versé un droit de passage de plus 8.000 dirhams chacun. S'ils avaient trouvé conseil, ils se seraient groupés pour monter une petite affaire. Dans le cas des victimes du drame de Sidi Taibi où la plupart étaient des ruraux : une affaire d'élevage, d'exploitation agricole commune ou de commerce”.
Encore, ajoutent ces mêmes sources, que ce soit à l'administration d'initier le mouvement. En créant auprès des provinces des centres d'accueil où se rencontreraient les candidats
et où ils se feraient mutuellement part de leurs attentes.
Mais, c'est sur le plan de la sensibilisation que certaines associations pensent intervenir dans l'immédiat. "Il faut mener une campagne permanente montrant les dangers de l'émigration clandestine et l'inanité des objectifs poursuivis par ceux qui l'entreprennent.” Les médias sont appelés à apporter une contribution précieuse dans ce cadre, estiment ces mêmes sources. En rapportant plus souvent des cas d'échecs de tentatives d'émigration et en invitant ceux qui ont fait l'amère expérience de l'exclusion au coeur de la citadelle européenne à s'exprimer, on devrait pouvoir en dissuader plus d'un de construire des châteaux en Espagne . "C'est l'image d'une réussite automatique en Europe qu'il faut combattre. La plupart des jeunes y croient. Si jamais cela a été vrai, ça ne l'est plus aujourd'hui.”