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Le protocole de Kyoto dépend désormais de la Russie

La ratification du protocole de Kyoto sur le réchauffement climatique dépend désormais de la Russie et des concessions qui lui seront faites dans les négociations qui s'ouvrent aujourd'hui à Marrakech (Maroc), selon des diplomates est et ouest-européen

28 Octobre 2001 À 19:35

La ratification du protocole de Kyoto sur le réchauffement climatique dépend désormais de la Russie et des concessions qui lui seront faites dans les négociations qui s'ouvrent aujourd'hui à Marrakech (Maroc), selon des diplomates est et ouest-européens.
Au moins deux camps s'affrontent à Moscou pour influencer la décision du président Vladimir Poutine de ratifier ou non. Le ministère de l'113mie "n'a cure du climat” et veut seulement savoir si la Russie "gagnera de l'argent” avec les échanges de droits de pollution prévus par Kyoto.
L'administration météorologique russe, qui conduit les délégations dans les conférences climat de l'ONU, Hydromet, est plus nuancée "parce que son fonds de commerce, c'est le climat”. Elle joue serré sur toutes les modalités du protocole qui sont négociés depuis la conclusion de l'accord en 1997.
Kyoto n'a été ratifié par pratiquement aucun des pays industrialisés auxquels il impose des réductions chiffrées de carbone, ensemble de six gaz réchauffant la planète dont le CO2 (gaz carbonique). Condamné en mars comme trop contraignant par les Etats-Unis, il avait été jugé moribond, compte tenu du poids du premier pollueur planétaire.
Il avait été ressuscité à Bonn en juillet après des concessions européennes en faveur de plusieurs pays, notamment du Japon et de la Russie dont dépend la ratification de Kyoto depuis le retrait américain.
Les Européens avaient accepté une large prise en compte des "puits de carbone”, c'est-à-dire la capacité qu'ont les forêts de stocker les gaz à effet de serre. Ils avaient accepté des "forfaits” au titre des puits, permettant d'alléger l'effort des pays industrialisés dans le cadre de Kyoto.
L'encre de l'”Accord de Bonn” à peine sèche, la Russie avait tenté en vain de bloquer son adoption formelle en exigeant un doublement de son forfait "puits”.
Selon des sources proches de la présidence belge de l'Union européenne, elle a annoncé son intention de revenir à la charge à Marrakech "sans fournir de données” permettant de justifier cette "revendication inacceptable”.

Grande bénéficiaire

La Russie fait partie des grands bénéficiaires du protocole de Kyoto.
Contrairement à la plupart des autres pays industralisés elle n'est pas obligée de réduire ses émissions et doit seulement les stabiliser en 2008-12 à leur niveau de 1990. Elle dispose en fait d'énormes marges sur son quota en raison de la fermeture de ses usines polluantes après la chute du communisme.
Elle pourrait mettre entre 2,4 et 4,1 milliards de tonnes entre 2008 et 2012 sur le futur marché 111110nal des échanges de droits d'émission, avait indiqué fin juin à l'AFP le chef de l'Hydromet, Alexandre Bedritsky.
La chute des émissions russes de carbone atteint 38% en 1999 par rapport à 1990, selon des estimations officieuses russes communiquées à l'AFP. Elle se situerait entre 18% et 24% vers 2010.
La Russie craint que le départ des Etats-Unis, qui auraient dû acheter d'importantes quantités de CO2 pour respecter Kyoto, n'entraîne un effondrement des prix sur le marché devant être lancé en 2008.
Outre une rallonge de "puits”, pour avoir encore plus à vendre, elle exigera à Marrakech un démarrage immédiat d'un mécanisme du protocole qui lui permettra d'importer des technologies "propres” en échange de droits d'émission pour les investisseurs.
Tokyo paraissant acquis à une ratification de Kyoto, elle est en mesure de marchander la sienne au prix fort.
Avec en sourdine la menace de faire affaire avec les Américains qui étudient déjà des mesures 110nales et régionales pour réduire leurs émissions de CO2.

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