Le souffle inspirateur de l'Imam El Jazouli
La succession spirituelle de Sidi Abdelaâziz Tebaâ, largement discutée, est assurée en fin de compte par Abdellah El Ghezouani…
>Trois Cheikhs avaient pris part à une compétition de très haut niveau. Abdelkrim El Fellah et Sidi Rahal El Boudali ont été
Bref, Sidi Rahal, décide alors de quitter Marrakech pour s'établir dans les environs de Marrakech où il a fondé une zaouiya. Il y continuera ses activités scientifique et culturelle jusqu'à sa mort vers l'an 950 de l'Hégire. La mémoire populaire lui garde jusqu'à une date récente, de nombreux prodiges qu'il aurait réalisés.
L'Alem Rahal El Farouki, qui avait animé dans les années soixante-dix plusieurs causeries religieuses au mois de Ramadan serait bien un descendant de la ligne de ce grand mystique. Quand au troisième candidat, Abdelkrim El Fellah né dans l'extrême Souss, il avait quitté sa région natale très jeune.
Arrivé à Marrakech, il avait demandé tout au début auprès du Cheikh Tebaâ, héritier du courant soufi de l'Imam El Jazouli. Le cheikh Tebaâ l'a reçu d'ailleurs avec beaucoup d'égards : «Nous prenons Abdelkrim du miel et nous le remettons dans le beurre…».
Abdelkrim restera longtemps à ses côtés avant de s'établir à son compte, se démarquant par son sens accentué de l'hospitalité.
Il dira lors la succession de son Cheikh : «Je suis votre table, celui qui désire un repas, qu'il vienne». Effectivement sa table était toujours prête et remplie de repas copieux, de toutes sortes de viande et de fruits abondants» pour fins gourmets ou autres…
Le sultan Ahmed Ben Mohamed Saâdi et son frère Abdellah Mohamed Ech-Cheikh lui rendaient souvent visite dans sa zaouiya.
Abdelkrim n'était pas seulement réputé pour son hospitalité, mais il était un bon éducateur et surtout un agriculteur de valeur pour avoir relevé le défi de planter à la place de chaque jonc un arbre, et de creuser plusieurs canalisations.
HOSPITALITE, VERTU SECONDE
Mort en l'an 933 de l'Hégire et enterré à Bab Aïlane à proximité du tombeau du Cadi Ayad, Abdelkrim laissera après lui au moins deux grands héritiers : Abou Mohamed Abdellah dit El Kouche (père de Zahra Bent El Kouche, une des plus célèbres femmes soufies du 10 et 11e siècle de l'Hégire), et bien entendu Abou Amr El Kostali qui aurait donné la chance à dix-sept mille disciples. Avant de fonder son propre zaouiya, Abou Mohamed Abdellah El Kouche s'occupait particulièrement de la cuisine de son Cheikh El Fallah. Il va ainsi perpétuer sa tradition d'hospitalité envers les disciples et les visiteurs, prenant en charge la zaouiya de son maître.
Il fera partie des volontaires pour combattre les Portugais qui l'ont capturé et emprisonné à Azemmour. Il sera relâché et contraint de quitter Marrakech pour Fès, où il finira ses derniers jours.
Abou Amr El Kostali est né dans une famille de notables. Son père avait légué un terrain à Sidi Abdelaâziz Tebaâ qui lui a servi pour la construction de sa zaouiya. Il a appris la lecture tardivement, mais il s'est vite rattrapé au point qu'un jour, un savant lui a répondu : «Monsieur, ces questions que tu me poses, n'intéressent presque plus personne de nos jours…».
Abou Amr avait ouvert sa zaouiya au quartier Hammam D'hab vers 952 de l'Hégire. Quelques ouvrages y étaient enseignés notamment «Chifa» du Cadi Ayad, commentaire du livre «El Hikam» d'Ibn Ataâllah par Mohamed Ben Abbad. L'économat de la fondation était assuré par Ahmed Ben Abdellah El Marrakchi.
Les disciples les plus connus d'Abou Amr (Bouaâmar) étant Abou Bakr Dilaï et Abou Abdellah M'hammed Ben M'barek Zaâri. Ce cheikh très respecté avait joué un très grand rôle de conciliateur entre les factions rivales sous le règne des Saâdiens. Son oratoire situé à une trentaine de kilomètres du sanctuaire de Moulay Bouazza est jusqu'à nos jours visité par les gens de Salé entre autres. Mai sa zaouiya n'est plus qu'un souvenir, alors que le nom de Sidi M'hammed Ben M'barek à côté de ses contemporains Bouaâbid Cherki et Sidi Ahmed Belkacem, évoque à plus d'un titre l'apogée du mysticisme dans cette région - floraison des Saints au 10ème siècle de l'Hégire.
L'HOMME DE DRAA
A côté des voies soufies d'essence purement jazoulie, un courant se voulant en même temps jazouli, zerrouki avec à la source les enseignements d'Abou El Hassan Chadili a vu le jour à Draâ. Son fondateur est Mohamed Ben Nacer Draï qui avait constitué la zaouiya mère à Tamegrout sur la rive de Oued Draâ.
Tamegrout serait dans ses années fastes, un noyau d'une véritable université pour le nombre des manuscrits et des ouvrages traitant de toutes les disciplines qu'elle contenait. On raconte que Si Mohamed Draï se rendrait au Machrek pour acquérir des ouvrages de «Sahih El Boukhari» à un prix d'or, peut-être leur pesant. Sidi Mohamed Ben Nacer penchait pour un enseignement simple qui prend en compte le niveau du disciple. Il a ainsi formé plusieurs ouléma et soufis dont son fils Ahmed, Abi Ali El Youssi, Abdelmalek Tajouaâti, et Abi Salem Al Ayachi.
La voie Naciriya s'est répandue très vite dans le pays au point que Marrakech et la banlieue, ne comptaient pas moins de vingt-quatre zaouiyas. Actuellement à Casablanca (ancienne médina), la zaouiya naciriya, ne sert depuis quelques années, qu'aux prières quotidiennes et du vendredi. Mais, le fameux «Douaâ Naciri» interdit sous le protectorat est toujours de vigueur dans les réunions des confréries apparentées. «Sidi Zouine» une des zaouiyas naciries tombées dans l'oubli durant de longues années a repris depuis quelque temps sa ferveur grâce à feu S.M. Hassan II qui a pris en charge sa rénovation. La ville de Salé, abriterait, encore à coup sûr, une zaouiya en activité !
La zaouiya de Sidi Zouine située à quelques kilomètres de Marrakech, a pour vocation l'enseignement du Saint Coran et différentes disciplines. Elle reste moins fréquentée, en comparaison avec les deux zaouias célèbres d'Agadir et de Taroudant…