Le vent de faillite de Sabena souffle sur le Maroc
La faillite de la compagnie belgo-suisse Sabena n'a pas tardé à se faire sentir au Maroc.
Considérée comme l'une des plus anciennes et prestigieuses dans le monde, la Sabena a suspendu depuis le 6 novembre la desserte de Casablanca, bloquant à l'aéroport Mohammed V de nombreux passagers, alors que neuf employés de sa représentation au Maroc seront licenciés.
Tous les vols de Sabena reliant Bruxelles à Casablanca ont été arrêtés. Le dernier vol est parti Madrid, a annoncé le directeur pour le Maroc de Swissair-Sabena, M. Herbert Burgi.
La compagnie Sabena, créée en 1923 et détenue à 50,5 % par l'Etat belge et 49,5 % par le groupe helvétique Swissair, desservait Casablanca par 7 vols hebdomadaires, soit un vol par jour.
Le tribunal de commerce de Bruxelles, saisi mercredi matin par la compagnie, a prononcé dans la soirée la faillite de la compagnie.
Dans un entretien avec l'Agence MAP-Casa, M. Burgi a affirmé que neuf employés, dont certains travaillant à Sabena depuis trente années, seront touchés par la mesure de licenciement. Depuis deux années, la Sabena a une représentation mixte avec Swissair à Casablanca. Vingt personnes travaillent pour cette représentation, la moitié sous contrat avec la Sabena et l'autre avec Swissair. Nous allons trouver un accord à l'amiable pour l'indemnisation des personnes qui seront licenciées, sans recourir à la justice et, pour ma part, je me battrai au plus haut niveau pour atteindre cet objectif, a-t-il assuré.
Sabena existe au Maroc depuis 50 ans. Pour ces employés, qui ont rendu de loyaux services à la compagnie, ce qui arrive aujourd'hui est un grand drame et une catastrophe, a-t-il relevé réaffirmant sa disposition à tout faire pour trouver des solutions satisfaisantes. Une employée du bureau casablancais de Sabena-Swissair a déclaré à l'agence MAP, sous couvert de l'anonymat, que la compagnie emploié 9 personnes et une stagiaire au Maroc : cinq au siège de sa représentation et quatre plus la stagiaire à l'aéroport Mohammed V.
La Sabena est dans notre cœur et on n'arrive pas à croire ce qui se passe aujourd'hui, affirme-t-elle arrivant difficilement à contenir ses larmes.
Je vais boucler bientôt deux décennies de travail à la Sabena et certains de mes confrères ont plus de 30 ans. Vous réalisez donc notre état d'esprit, dit-elle d'un ton amer.
M. Burgi a indiqué que le personnel est très bien informé de l'évolution de la situation et nous essayerons de trouver des arrangements avec les employés qui doivent nous quitter, précisant que le bureau de Sabena-Swissair continue de fonctionner normalement étant donné que Swissair s'occupe des activités de Crossair, qui dessert quatre vols sur le Maroc. Crossair était une filiale du groupe Swissair jusqu'au 1er octobre 2001 avant d'être cédée à des investisseurs privés suisses.
Mais pour s'adapter à cette nouvelle situation, nous essayerons de trouver de nouveaux locaux moins grands et continuer à servir Crossair au Maroc, a-t-il ajouté.
Actuellement, la représentation occupe un spacieux espace au 7ème étage de la tour des Habous en plein centre de Casablanca : un plateau de deux bureaux, signé des années de gloire de la compagnie.
Mais à d'autres temps d'autres mœurs : une atmosphère lourde règne actuellement au bureau. Quand je suis monte dans un avion de la Sabena il y a quelques jours, j'ai failli pleurer, affirme cette employée, souhaitant que la compagnie tienne compte des services que nous lui avons rendus en préservant nos droits et en nous accordant une indemnisation satisfaisante, avant de formuler le souhait de voir la presse s'intéresser à leur cas.
Concernant le problème des passagers ayant acquis des billets Sabena, le directeur pour le Maroc de Swissair-Sabena indique que ces clients doivent payer un supplément pour rentrer en Belgique, en prenant le vol d'une autre compagnie, alors que les passagers en possession d'un billet autre et qui avaient fait une réservation sur Sabena, ils peuvent changer de billet aisément et prendre une autre compagnie sans devoir payer de supplément.
Mais le problème se pose surtout pour les RME, en séjour au Maroc, qui avaient pris un billet aller-retour en Belgique mais qui se trouvent sans vol et avec un titre de tran114 sans aucune validité, après la décision des autres compagnies de ne plus accepter les billets de Sabena de crainte de ne pas se faire rembourser.
Sur ce point, ce responsable suisse admet la complexité de la situation. Ces clients ne peuvent pas facilement se faire rembourser le prix de leur billet car ils sont devenus de ce fait des créanciers de la compagnie comme tant d'autres, a-t-il reconnu.
Interrogé sur la rentabilité de la ligne Bruxelles-Casablanca, il a indiqué que la desserte était rentable avec une très bonne occupation des sièges mais malheureusement la recette moyenne n'était pas conséquente. On a eu beaucoup de tarifs de marché, beaucoup de touristes avec des prix promotionnels mais pas assez de clients voyageant en classe affaires, déplore-t-il.
Selon des informations parvenues à l'agence MAP,les recettes nettes de Sabena au Maroc depuis le début de l'année jusqu'au moment de la faillite,le 6 novembre, s'élèveraient à quelque cinq millions de dh qui normalement devraient être transférés incessamment en Belgique.
M. Burgi a enfin émis le souhait que le Maroc reste desservi par des compagnies aériennes belge et suisse. peu importe le nom de la compagnie,le plus important est qu'il y ait une liaison directe entre la Suisse et le Maroc, avec une compagnie suisse, et entre la Belgique et le Maroc avec une compagnie belge.