Lutte anti-terroriste: Washington affine les préparatifs et tente de rassurer les pays arabes
Les occidentaux continuent d'affiner jeudi leurs préparatifs de l'opération attendue en Afghanistan, après une demande américaine d'aide aux alliés de l'OTAN, alors qu'une large offensive diplomatique vise à rallier des pays arabes essentiels à leur gu
Les Etats-Unis ont demandé à leurs partenaires de l'OTAN la protection des positions américaines dans ces pays membres de l'Alliance, le droit de survol de leur espace aérien et une coopération des services de renseignement, selon le chancelier allemand Gerhard Schroeder. Et le gouvernement français, qui a reconnu pour la première fois publiquement une menace d'attaque biologique, a élaboré un plan d'urgence, «BIOTOX», qu'il souhaite coordonner avec ses partenaires européens.
«Les laboratoires seront mobilisés pour produire les antidotes, lorsqu'ils sont connus», a expliqué le Premier ministre français Lionel Jospin qui a souhaité la création au niveau européen d'une structure permanente chargée de «coordonner» la lutte contre le terrorisme. L'ONU, qui a distribué une aide d'urgence pour la première fois depuis le départ de ses expatriés d'Afghanistan, a commencé aussi mercredi à se mettre en ordre de bataille contre le terrorisme 111110nal avec la mise en place de son Comité antiterroriste. Celui-ci devra notamment s'assurer que les 189 Etats membres refusent tout financement, soutien ou asile aux terroristes et coopèrent dans les domaines policier, judiciaire et du renseignement, sous peine de sanctions.
En Arabie saoudite, le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a voulu rassurer cet allié jusqu'ici réticent à pleinement soutenir une éventuelle action militaire contre les taliban d'Afghanistan.
Le ministre saoudien de la Défense Sultan Ben Abdel Aziz a affirmé que Ryad était désormais «sûr» que les Etats-Unis n'attaqueraient aucun pays arabe après les attentats du 11 septembre.
A Washington, le secrétaire d'Etat Colin Powell a assuré de son côté mercredi à l'émir du Qatar Hamad ben Khalifa al-Thani que Washington ne voulait pas frapper un quelconque pays du Proche-Orient et que la campagne antiterroriste n'était ni «anti-arabe» ni «anti-islam».
Il a assuré que la concentration de forces aux alentours de l'Afghanistan «n'était pas le début d'un conflit avec un pays arabe».
M. Rumsfeld doit poursuivre ces efforts de persuasion en Egypte et à Oman, où doit également se rendre le Premier ministre britannique Tony Blair.
Ces initiatives font suite à une prise de position de Washington en faveur de la création à terme d'un Etat palestinien indépendant, propre à satisfaire les arabes.
Parallèlement à cet intense ballet diplomatique, la pression militaire est maintenue sur le régime des taliban, accusés de protéger l Oussama ben Laden, considéré par les Etats-Unis comme le responsable des attaques suicide du 11 septembre qui ont fait environ 5.500 morts et disparus.
M. Rumsfeld a assuré avoir sa «petite idée» sur le lieu où se cache ben Laden. «Ce n'est pas un missile de croisière ou un bombardier qui seront l'élément déterminant» dans la lutte contre le terrorisme, mais la qualité de la collaboration entre les services de renseignement dans le monde, a-t-il jugé.
Pression
Sur le terrain, une armada américaine et britannique a été mobilisée pour l'opération «Liberté immuable». Elle devrait à terme compter au moins quatre porte-avions, des dizaines de navires de guerre, et quelque 70.000 soldats.
Les modalités d'une 111vention restent encore imprécises, mais des informations ont fait état de contacts entre les Américains et l'opposition afghane, l'Alliance du Nord.
Celle-ci a affirmé que 10.000 combattants taliban étaient prêts à changer de camp et à rejoindre les forces d'opposition.
L'Alliance du Nord, qui compterait 12.000 à 15.000 hommes armés, a proposé d'être le fer de lance d'une opération dirigée par les Etats-Unis, en utilisant ses combattants aguerris qui se trouvent à moins de 50 km de Kaboul.
Sur le plan de l'enquête après les attentats, le président mexicain Vicente Fox a assuré mercredi son «ami personnel» George W. Bush que son pays avait entamé une enquête approfondie sur un financement éventuel de telles activités sur son territoire.
Et un deuxième membre présumé d'un réseau soupçonné d'avoir préparé des attentats contre des intérêts américains en France, Kamel Daoudi, 27 ans, a été mis en examen (inculpé) et écroué à Paris. Il avait échappé il y a dix jours aux policiers lors de l'111pellation de sept complices présumés.
Pour lutter contre les conséquences économiques, le président Bush a donné son feu vert à un nouveau plan de redressement à court terme de 60 à 75 milliards de dollars.
Les compagnies aériennes américaines United Airlines, Delta et USAirways, ont annoncé mercredi des baisses de plus de 30% de leur trafic en septembre comparativement au même mois en 2000.
A Kaboul où le chef suprême des taliban a accusé les Etats-Unis et l'ancien roi Zaher Shah de vouloir convertir le pays au christianisme, les taliban ont accusé la journaliste britannique arrêtée la semaine dernière en Afghanistan d'être membre des forces spéciales, ce qui réduit les espoirs d'une libération rapide, a rapporté jeudi la presse britannique.
Yvonne Ridley, journaliste du Sunday Express, a été arrêtée le 28 septembre en Afghanistan et accusée d'être entrée illégalement dans le pays.
La tension autour de l'Afghanistan a aggravé la situation alimentaire dans ce pays de 26 millions d'habitants réduits à l'indigence par plus de vingt ans de guerre et de violence, ainsi qu'une longue période de sécheresse.