M. Benaïssa contre "Le Journal " : la partie civile réclame 20 millions de DH à titre de réparation du préjudice
Le procès pour diffamation, intenté par M. Mohamed Benaïssa, (actuellement ministre des Affaires étrangères) contre MM. Abou Bakr El Jamaï et Ali Ammar (Le journal hebdomadaire) a repris jeudi dernier à la Cour d'appel de Casablanca, sous la présidence de
Après l'audition des prévenus, l'audience de jeudi dernier fut essentiellement consacrée aux plaidoiries des deux avocats de la partie civile qui ont mis à nu les desseins de la publication incriminée, dénonçant la volonté des prévenues de chercher à "vendre plus de papier” , la célébrité , de confondre critique et diffamation , voire insultes, et de refuser le droit de réponse à M. Benaïssa.
Et de réclamer des dommages et intérêts d'un montant de vingt millions de DH . Reprise du procès, le 24 janvier 2002.
Prenant la parole à l'ouverture de l'audience, Maître Hassar (partie civile) a rappelé que les prévenus avaient mené une campagne acharnée contre M. Benaïssa, le chargeant de graves accusations.
"Si une seule des accusations portées contre M. Benaïssa était établie, ce dernier aurait fait l'objet de poursuites judiciaires”, a souligné l'avocat qui situa les faits dans l'ordre chronologique, depuis le 7 avril 1999 où la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Washington fut achetée.
Coïncidence douteuse
Selon le défenseur de M. Benaïssa, la campagne menée par MM. El Jamaï et Ammar allait s'intensifier par la suite, coïncidant curieusement avec la visite au Maroc de Mme Madeleine Albright (ex-secrétaire d'Etat américain) , suivie un peu plus tard par celle de M. James Baker.
" C'est vous dire, monsieur le président, à quel point les auteurs de ces articles offensants voulaient porter atteinte à la crédibilité et à l'honneur de M. Benaïssa”.
Me Hassar poursuit sa plaidoirie en indiquant que la campagne de calomnies fut lancée par l'hebdomadaire "Al Ousboue” puis reprise par "Le Journal hebdomadaire” dans trois de ses numéros , soulignant au passage que M. Mustapha Alaoui , directeur d'"Al Ousboue” avait fait l'objet d'une condam110n pour diffamation.
L'avocat de la partie civile a stigmatisé les termes utilisés dans les écrits diffamatoires, présentant M. Benaïsssa comme étant derrière une société - écran pour réaliser une transaction commerciale illégale, à son profit, au détriment du Trésor public.
Les journalistes accusateurs ont, paraît-il , étayé leur thèse en s'appuyant sur un relevé bancaire "maquillé” et sur un prétendu témoignage d'un fonctionnaire américain de l'Administration des impôts.
Déduction
" Et lorsque vous avez posé la question au prévenu, M. Boubker El Jamaï, lors de son audition, sur l'authenticité des informations qu'il avait publiées, il vous a répondu qu'il s'agissait simplement de déductions …”
Pour l'avocat, les écrits du "Le Journal hebdomadaire” constituent non seulement une diffamation, mais vont plus loin, accusant M. Benaïssa de détournement de fonds et d'abus de confiance.
Il indiqua également que, suite à ces allégations mensongères, une commission 110nale s'était rendue sur place, aux USA pour s'assurer que la transaction réalisée ne souffrait d'aucune lacune et qu'elle était conforme aux cours du marché immobilier local.
Et de citer, en guise de conclusion, les montants versés par l'Etat, pour l'acquisition de résidences diplomatiques dans diverses capitales mondiales . Emboîtant le pas à son confrère, Maître Lahlou s'est demandé si quiconque prenait une plume, avait le droit de verser dans la diffamation.
Pas question d'être contre la liberté de la presse objective et responsable.
"Comment un journaliste, s'appuyant sur le oui - dire se permet de calomnier des innocents , les traitant de mafieux, sans prendre la peine de recouper les informations qu'il détient ? ”, s'interroge l'avocat de la partie civile.
D'après Maître Lahlou, l'objectif de MM. El Jamaï et Ammar était de vendre plus de papier et de gagner en célébrité” ajoutant qu'une certaine "presse de caniveaux” avait repris les informations grotesques et non fondées pour discréditer M. Benaïssa devant l'opinion publique. Il souligna que la critique et la diffamation ne pouvait aller de pair et que les prévenus n'avaient même pas respecté la déontologie de la profession, encore moins les droits de l'Homme, lorsqu'ils ont refusé de publier le droit de réponse que leur avait adressé M. Benaïssa.
"C'est la preuve de leur mauvaise foi. Ce n'est pas de la critique dont ils ont usé, mais d'insultes, avec emploi d'expressions vulgaires.Heureusement, qu'il existe une presse objective , assumant pleinement ses responsabilités”, a conclu l'avocat qui a réclamé un relèvement du montant des dédommagements en faveur de son assisté, à hauteur de 20 millions de DH.Rappelons que devant le tribunal de première instance, MM. Boubker El Jamaï et Ali Ammar ont été condamnés à trois mois de prison ferme chacun et à verser en solidarité, 2 millions de DH à titre de dédommagement du plaignant.