Fête du Trône 2006

Profil de l'école de la sainte famille du Prophète

Le sujet traité concerne le profil de l'école de la sainte famille du Prophète (P.S.). Nous savons tous que cette famille, vu le haut rang qu'elle occupe dans le coeur des gens et la belle situation que Dieu a voulu qu'elle atteigne, ainsi que le rôle qu'

14 Décembre 2001 À 17:34

(Suite et fin)
A propos de cet esprit du dialogue, citons la tradition rapportée par Al Muffadal ibn Amr qui dit : «J'ai eu une discussion avec un Pérétique sur l'existence de Dieu le Très haut, (les conceptions dualistes s'étaient introduites comme nous le disions plus haut, dans la société musulmane, par les influences des cultures étrangères, surtout à la fin du règne omeyade et le début du califat abasside. Ce mouvement soulevait alors des questions qui peuvent paraître aujourd'hui vraiment étranges, comme par exemple le fait de poser à un savant en sciences islamiques une question aussi insupportable pour lui que celle qui ferait douter de l'existence de Dieu le Très haut. Mais en fait, pareilles questions étaient soulevées même dans la mosquée sacrée et celle du Prophète à Médine). Ainsi disons-nous al Muffadal ibn'Amr ayant eu une discussion sur l'existence de Dieu, Al Muffadal ajoute : «...mais je ne pus retenir ma colère et dit à l'hérétique : «O ennemi de Dieu, tu n'es qu'un athée qui méconnaît le principe selon lequel Dieu t'a créé conformément aux meilleurs mesures et la meilleure image. Si tu prenais toi-même pour point de départ à ta propre réflexion, tu verrais en toi-même les preuves et les arguments de Sa divinité». A quoi l'hérétique répondit ; « Si tu fais partie des théologiens, présente ton argument pour qu'on puisse le suivre, mais si tu n'en fais pas partie, toute discussion avec toi est inutile. Si par ailleurs tu fais partie des partisans de Ja'far ibn Mohamed, ce n'est pas ainsi qu'il discute avec nous. Au contraire, il nous écoute bien plus longuement que tu ne l'as fait, ne juge pas notre discours abominable et ne passe pas outre nos réponses. Certes, il est patient et pondéré, raisonnable et circonspect. Il nous laisse parler et écoute ce que nous disons, prend connaissance de notre argument jusqu'à la fin, et une fois sûr que nous n'avons plus rien à dire, il réfute nos preuves dans un discours concis et en peu de paroles. Là seulement nous ne trouvions rien à répondre. Alors si tu es partisan de cet Imam, discute avec nous de la même manière que lui !»
Tel est l'esprit qui a présidé au dialogue instauré par les Imams alides et que nous souhaitons voir constituer le modèle à suivre par tout savant et tout chercheur aujourd'hui. Certes c'est là un principe puisé dans le livre de Dieu où il est dit au Prophète (P.S.) : «...Discute avec eux de la manière qui est la meilleure».
Malheureusement, en dépit de cette belle exhortation, nous trouvons aujourd'hui certaines sociétés musulmanes où, à la «meilleure manière» vient se substituer la «pire», et la bienfaisance y est remplacée par le rigorisme. Et c'est désormais le fanatisme qui gouverne nos rapports malgré les nombreux versets coraniques qui nous appellent à la vertu dans notre dialogue avec autrui. Parmi les autres caractéristiques de l'école de la sainte famille se trouve, la position adoptée vis à vis du Saint Coran. Pour cette école, tant le livre de Dieu que la tradition du Prophète (P.S.) constituent les deux sources essentielles de toute leur pensée ainsi que celle de leur jurisprudence et leurs normes législatives.
Nous ne pouvons à cet égard que partager l'opinion de l'Imam Ali, surtout pendant ce mois béni de Ramadan où fut révélé le Coran, sur ce Livre lorsqu'il dit : «Sachez bien que le Coran est l'indice qui ne trompe ni ne peut être trompé, le guide qui jamais n'égare, l'interlocuteur qui jamais ne ment. Toute personne qui lui tient compagnie en sort toujours, et avec un surplus, et avec un quelque vice en moins. Le surplus étant la bonne direction et le moins l'égarement . Sachez bien également que nul ne peut dépasser le Coran en valeur et que nul ne peut être plus riche, aidez-vous en donc pour guérir et utilisez-le lorsque vous êtes dans l'adversité. Il est certes le remède des plus grands maux, savoir l'associationnisme et l'hypocrisie, l'erreur et l'égarement. Invoquez par lui Dieu et aimez Celui-ci par lui. Sachez bien qu'il est celui qu'on croit et qu'il est l'intercesseur dont l'intervention est acceptée. Celui pour qui le Coran intercède le jour de la résurrection, Dieu lui pardonne». L'Imam Ali poursuit plus loin : «Le Coran a été révélé au Prophète (P.S.) en tant que Livre dont les lumières jamais ne s'estompent, que cierge dont la mèche est toujours vive, que mer dont on ne peut sonder les profondeurs, que voie droite où l'on ne peut s'égarer et que lueur vivre qui jamais ne s'éteint, que ligne de démarcation (furqan) à la preuve toujours évidente, que construction dont les édifices jamais ne s'ébranlent, que remède dont on ne peut jamais dépérir et que puissance ne connaissant jamais la déroute».
Les Imams après Ali, à leur tour, parlent du Coran dans le même sens.
A cet égard, permettez-moi d'ouvrir une parenthèse à ce sujet.
Contrairement à ce que pensent certains ici ou là, l'école de la Sainte famille n'a jamais prétendu qu'il y ait eu quelque altération dans le texte coranique ou qu'il y ait eu un ajout ou une réduction.
C'est ce qui apparaît d'ailleurs clairement dans les traditions rapportées à ce sujet par cette école même, ainsi que dans les réflexions des savants de cette même école bénie qui tient à rappeler , tout comme le Livre Saint d'ailleurs, que le Coran a été préservé par Dieu lui-même de toute altération :
«C'est Nous qui avons révélé le Rappel, et c'est Nous certes qui le préservons».
Le Saint Coran est ce miracle de pérennité et le message de l'ultime communauté alors que les Livres révélés antérieurs, s'adressant à des 110ns passagères, ont été corrigés par les messages ultérieurs.
Par ailleurs, ces premiers livres saints n'avaient pas été préservés pour l'éternité et ont donc été manipulés par les mains des faussaires.
Puisque le Coran par contre est le dernier Livre révélé, la communauté islamique de même est pérenne et son message n'a été suivi par aucun autre message. Le Très Haut s'est donc chargé de préserver ce Livre pour qu'il soit le juge entre les Musulmans.
Les Imams de la sainte famille, tout comme le Prophète (P.S.) nous le rappellent par conséquent dans plus d'une tradition qui est parvenue jusqu'à nous et reconnaissent cet aspect du Coran dont ils disent : «Détournez-vous de ce qu'on vous rapporte sur nous concernant le Coran. Acceptez tout qui y est conforme sinon on n'aura fait que broder ce qu'on rapporte sur nous. (Il est dit dans une autre variante : ce qui n'y est pas conforme prenez-le et «détournez-vous, en».
Comment donc le Coran, le principe et le critérium premier, peut-il être déformé ? C'est d'ailleurs pourquoi l'école de la sainte famille insiste sur le fait que ce Livre n'a jamais subit ni ajout, ni réduction dans son texte. S'il existe en effet certaines traditions où le contraire est affirmé, celles-ci ne sont nullement utilisées et toute assemblée de gens du hadith en effet ne s'en soucie guère.
Ces traditions faibles existent en effet parce que les Musulmans ont malheureusement suivi à une époque de leur histoire des colporteurs de traditions apocryphes qu'ils ont attribuées au Prophète (P.S.).
Partant, le cheikh Muhamad ibn al Hassan Attoussi (M460 H) qui a composé de nombreux ouvrages sur le fiqh (jurisprudence) et l'exégèse comme son «Tibyan» parle des ajouts et des réductions dans les traditions et dit que les deux sont rejetés par l'ensemble des Musulmans. C'est d'ailleurs là la position de l'école sunnite, mais aussi celle de l'école de la sainte famille conformément aux paroles de l'Imam de celle-ci, Assadiq qui dit : «Tout doit être conforme au Livre d'Allah et à la tradition du Prophète (sunna), ce qui ne concorde pas avec n'est que superflu».
Parmi les autres caractéristiques de cette école, nous trouvons la question de la justice divine que j'aborderai ici sommairement .
Là aussi malheureusement, à l'époque dont on a parlé plus haut, la société islamique a emprunté certaines notions des cultures étrangères de sorte que le bon grain s'est mélangé avec l'ivraie. Ces idées ont divisé les Musulmans et certains de leurs savants, entre les tenants de la théorie du «Jabr» (la prédesti110n) et celle du «Tafwid» (s'en remettre au décret divin). Néanmoins l'école de la sainte famille méconnaît les deux conceptions et affirme plutôt l'existence d'aussi bien le libre arbitre de l'homme que de la volonté de Dieu et la souveraineté du Tout Puissant sur sa création.
A ce propos on raconte que l'Imam Moussa Arrida dit : «On ne peut se soumettre en étant contraint par Dieu qui ne compas les autres à l'obéissance, comme Il ne les contraint pas à la désobéissance . Dieu n'abandonne pas non plus les créatures de son univers.
Il est le propriétaire de ce qu'Il leur a fait acquérir et des actions qu'ils accomplissent.
Néanmoins, lorsqu'un groupe de personnes décident de se soumettre à Lui, il n'est pas pour les en empêcher, de même que si un groupe décide de Lui désobéir, Il est libre de l'en empêcher, s'Il le veut, sinon ce ne sera pas Lui qui les y aura obligées».
Cette question n'a été connue qu'après que l'école de la saine famille fut devenue célèbre sous le nom de «l'école de la justice» en parlant de justice divine, car Dieu n'est pas injuste vis-à-vis de Ses créatures et ne les contraint ni à la soumission, ni à la désobéissance pour que justement la voie de l'exhortation et de la prédication demeure ouverte et garde toute son importance.
Par ailleurs, en matière d'unicité de Dieu, cette école a également plus d'un mot à dire et plus d'une affirmation à établir dans les domaines des actes des hommes, des attributs de Dieu et du culte. Cette pure conception de l'unicité telle que nous la connaissons, nous la retrouvons dans les paroles des Imams de la sainte famille. On peut citer à cet égard une tradition qu'on rapporte sur Ali. Un rabbin juif avait demandé à cet Imam : «Depuis quand ton Dieu existe-t-il ?» Il reçut cette réponse : «On dirait plutôt : Quand a-t-il été quand il n'a pas été? Son existence est avant l'existence, bien avant et bien après, avant l'infini et après l'infini». Surpris par cette réponse, le rabbin demande à Ali s'il était un prophète, mais celui-ci lui dit : «Malheur à toi ! Je ne suis qu'un serviteur parmi les serviteurs du Prophète (P.S.)» Le rabbin lui demande alors : «Aurais-tu vu ton Dieu ?» Et Ali de répondre : «Malheur à toi, penses-tu que j'adore un Dieu sans le voir ?» Et comment l'as-tu vu ?» demande le rabbin. Ali répond alors : «La vue parvient jusqu'à lui par la contemplation par les yeux, mais ce sont les cœurs qui le voient grâce à la foi authentique».
Parmi les caractéristiques de cette école, citons aussi ce domaine cognitif et spirituel qui s'intéresse à l'Amour de Dieu, qui mène à l'anéantissement de l'être et à l'union avec Dieu. Là aussi, certains s'y sont malheureusement intéressés au point de se conduire en moines et d'autres jusqu'à s'éloigner complètement de toute idée de mysticisme et d'amour divin. Mais, nous ne pouvons que constater que l'école de la Sainte famille a préservé un certain équilibre entre l'aspect cognitif et la passion du mystique.
Nous trouvons à cet égard l'invocation de Dieu qu'utilisait l'Imam Ali Ibn al Hussein les nuits du mois de Ramadan, surtout les plus fascinantes, nous trouvons, disais-je, que cette invocation comporte l'essence spirituelle qui lie l'être à son Créateur. Nous recourons à cette invocation que nous récitons en arabe dans la République Islamique Iranienne pendant toutes les veillées du mois béni de Ramadan.
C'est une invocation qui s'étend sur plus de dix pages. Je me permets, Sire, de vous en présenter une partie bien sûr, considérant ainsi vous remettre, comme on dit, ce qui vous appartient en fait, puisque vous faites, vous-mêmes partie de cette sainte famille.
L'Imam Ali Zin al Abidin dit : «Ô mon Dieu, si tu m'enchaînais pour m'interdire en public pour que ne me parvienne pas Ton flux en dévoilant à tous mes turpitudes, puis tu ordonnes qu'on me jette en enfer en me séparant des personnes pieuses, tu ne mettrais fin ni à ma quête de Toi, ni à mes méditations pour mériter Ta grâce.
Ni mon Amour pour Toi, ne quitterait mon coeur. Ô Mon Maître, si ma souffrance s'intensifiait sous ton pouvoir, je Te demanderais à Toi la patience de la supporter.
Sauf que je sais que cette souffrance ne s'accentue pas pour ceux qui se soumettent à Ton pouvoir et ne se réduit pas pour les pécheurs qui Te désobéissent».
Nous récitons également dans nos veillées, une invocation de l'Imam Ali où il est dit : «Dieu, faites que par mon invocation ma langue devienne éloquente et mon coeur fou d'Amour pour Toi»; ainsi que : «Accorde-moi O mon Dieu, mon Maître et mon Seigneur de quoi supporter la flamme de Ton feu parce que je ne peux supporter de me séparer de Toi. Accorde-moi de quoi supporter la souffrance que tu me fais subir, parce que je ne peux supporter de me priver de Tes bénédictions».
Je conclus par l'invocation adressée à Dieu en cette nuit bénie du mois de Ramadan, alors que nous sommes en les dix derniers jours pendant lesquels se trouve la Nuit du Destin. «Dieu, fais que nous nous soumettons à Toi et éloigne-nous de Ta désobéissance, purifie nos intentions et accorde-nous Ta grâce en nous indiquant la voie droite, en consolidant notre langue dans la vérité et en emplissant nos coeurs de sciences et de savoir. Dieu, purifie notre nourriture en nous éloignant de toute denrée illicite et retiens nos mains pour qu'elle ne commettent ni vol ni injustice. Epargne-nous toute parole futile et nos yeux de tout acte trompeur et toute dépravation des moeurs. Dieu, daignez rendre les responsables justes et cléments et leurs administrés intègres, nos personnes âgées, dignes et décentes, nos jeunes, édifiés par l'exhortation qui mène au repentir et nos femmes vertueuses et pudiques. Dieu fais-nous parvenir à Tes desseins en nous éloignant des péchés. Nous T'adressons nos prières en cette nuit bénie d'accorder aux Musulmans et à leur guides ce qui est susceptible de leur procurer leur bien, leur dignité et leur prospérité».
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