Profil du pieux fidèle
Le Coran ne manque pas de nous indiquer dans plusieurs versets certaines des caractéristiques modèles sur la personnalité de la société musulmane. C'est dans cette optique que le Professeur Omar Hachim a bien voulu exposer par le fait de la quintessence d
Les versets objet de notre conférence nous décrivent les caractéristiques des personnes pieuses. Néanmoins, à la lecture du Coran et à la méditation de ses versets, on s'aperçoit vite que Dieu recense telles vertus à plusieurs endroits de Son Livre. Ainsi, nous en relevons quelques uns par exemple au début du chapitre «La Génisse», dans «la Famille de `Imran», dans «Celles qui vont» et dans bien d'autres encore où sont dépeints les belles vertus sur lesquelles se fonde la société musulmane idéale.Les versets objet de notre conférence nous décrivent les caractéristiques des personnes pieuses. Néanmoins, à la lecture du Coran et à la méditation de ses versets, on s'aperçoit vite que Dieu recense telles vertus à plusieurs endroits de Son Livre. Ainsi, nous en relevons quelques uns par exemple au début du chapitre «La Génisse», dans «la Famille de `Imran», dans «Celles qui vont» et dans bien d'autres encore où sont dépeints les belles vertus sur lesquelles se fonde la société musulmane idéale.
Il semblera de prime abord que ces caractéristiques ne font que se répéter et semblent comporter par conséquent une redondance dans le texte coranique. Il n'en est rien, car celles-ci se complètent en fait et se rejoignent pour former un ensemble homogène et interdépendant. Ainsi, certaines de ces caractéristiques modèlent la personnalité de la société musulmane à travers l'appel à la foi en Dieu, d'autres par contre insistent sur le rôle législatif et cultuel, alors que d'autres encore raffermissent les relations que les hommes sont appelés à entreprendre dans les liens qu'ils entretiennent entre eux et bien d'autres caractéristiques d'un autre genre que le Coran ne manque pas de nous indiquer dans bien d'autres versets.
Les versets que nous avons choisis pour entamer notre conférence comportent en fait la quintessence de ces caractéristiques et le plus haut degré des vertus qu'elles sous-tendent. C'est la résultante d'une foi authentique, d'une pratique religieuse véridique et de comportements sociaux sincères.
Ces caractéristiques idéales sont par ailleurs non seulement présentées à la communauté musulmane, mais aussi à l'ensemble des sociétés humaines. Nous les présentons ici à la communauté universelle afin qu'elle perçoive l'Idéal auquel aspire notre religion ainsi que la manière dont celle-ci conçoit «la meilleure société suscitée parmi les hommes». Loin de nous l'idée de les utiliser pour répondre aux assertions des détracteurs de notre religion et qui utilisent les plus spécieux des arguments, tendant ainsi à acculer notre communauté dans le banc d'accusation.
Nous ne répondrons pas non plus aux allégations des orientalistes et celles des personnes qu'ils se sont conciliées pour amener la 110n à se défendre tel un prévenu cherchant à se disculper. Non! Nous nous élèverons au delà, car aussi bien notre doctrine que notre communauté sont aptes à répondre à de telles bassesses.
Outre qu'elles font apparaître la grandeur de l'Islam, ces caractéristiques à elles seules constituent une réponse qui réduit au silence tous nos détracteurs qui prétendent que l'Islam est une religion rigoriste, violente et sanguinaire, ou bien ceux qui soutiennent que cette religion est arriérée et n'a fait qu'empêcher ses adeptes de prendre le train en marche de la civilisation et de la modernité.
Non et mille fois non! Tant les principes et les valeurs que l'idéal que l'Islam a instaurés l'ont été «pour la meilleur communauté suscitée par Dieu parmi les Hommes».
Si maintenant les Musulmans ont connu quelque déclin à une période donnée de leur histoire, cela ne tient pas à un vice rédhibitoire inhérent à la religion, mais plutôt à quelque déficience affligeant certaines sociétés musulmanes à une époque déterminée.
Les vertus idéales présentées par ces versets bénis sont tributaires d'autres qualités censées être acquises préalablement et énoncées à d'autres endroits du texte coranique. Certaines d'entre elles appellent au dialogue avec les gens du Livre, avec les infidèles et mêmes avec les ennemis de l'Islam précisément pour les confondre en balayant leurs assertions. D'autres, ultérieurement, en relatant les péripéties de la bataille de Uhud, constituent un véritable enseignement pour ceux qui ont outrepassé les consignes du Prophètes (P.S.).* Après cette bataille ce fut en effet, l'humiliation qu'inflige la défaite. Néanmoins c'était là une belle leçon à méditer sur la promptitude dans la prise de décision dans le repentir et dans la quête de l'absolution et du paradis.
Par ailleurs, le Coran, avant d'exhorter à ces belles vertus enseigne tout d'abord aux croyants les bienfaits du renoncement. Le Livre saint appelle à l'instauration d'une communauté musulmane fondée sur des relations saines et dépouillées de vices dont, en premier lieu, la pratique de l'usure qui corrode les valeurs morales et nuit aux rapports socio-économiques dans une société: «O, les croyants! Ne mangez pas de cet intérêt qui va se multipliant de double en double. Peut être serez-vous gagnants», dit le Coran qui clame encore: «Craignez le feu préparé pour les mécréants. Et obéissez à Dieu et au Messager. Peut être vous fera-t-on miséricorde».
Ces versets montrent en effet que les biens acquis illicitement, ou de provenance douteuse nuisent à l'âme de l'homme. Cette âme qui constitue en quelque sorte l'essence de l'être et qui détermine tous ses comportements. Ils exhortent à se soumettre à Dieu et à son Prophète, soumission qui assure la sécurité et évite les troubles à la société. Le Prophète a dit à ce propos: «Je vous ai légué le Livre de Dieu et ma tradition, si vous vous y conformez, vous ne vous égarerez jamais».
Ce n'est qu'après tout cela que nous voyons Dieu persuader les croyants de s'engager dans la voie du repentir et de la récompense en disant: «Elancez-vous vers un pardon de votre Seigneur, (vers) un jardin aussi large que les cieux et la terre, préparé pour les pieux». Cette image éloquente imprègne le texte d'un mouvement bien perçu et confère à la promesse faite par Dieu aux croyants pieux une réalisation effective et concrète. Enfin vient la description des caractéristiques de la dévotion, autres que celles déjà présentées dans le Coran, car elles représentent, comme nous l'avons déjà signalé, la quintessence et l'idéal de toutes les vertus précitées.
La première de ces caractéristiques apparaît dans le fait de s'acquitter de l'aumône dans la félicité et dans l'infélicité. Pareille attitude constitue une preuve de la sincérité de la foi en Dieu, car ces fidèles donnent aux pauvres, qu'ils se trouvent dans le confort ou en difficulté, dans l'aisance ou le besoin.
Ni l'opulence ne les rend vaniteux, ni l'infortune et la pauvreté ne suscitent chez eux inquiétude et morosité. Dans les deux situations, ils restent charitables pour prouver leur foi ferme et entière exactement comme le confirmait le Prophète (P.S.) quand il récitait ces versets: «L'aumône est une preuve (de la foi)!» Et quand il lui fut demandé quelle serait la meilleure aumône, il dit: «Que tu fasses l'aumône alors que tu es en bonne santé, même si tu es un avare qui crains la pauvreté et recherches la richesse et qui, en ouvrant la bouche pour avaler une bouchée tu dises: -tel possède ceci et tel possède cela, mais tel autre possédait cela, comme celui qui recense le pardon et les belles récompenses que Dieu réserve à ceux qui font dépenses (de leurs biens) au profit des pauvres. Chaque jour, défilent devant le Créateur deux anges. le premier dit: «Dieu accorde à tel généreux un héritier et le second dit: «Dieu provoque chez tel avare pertes et ruine». Certes, donner aux pauvres lorsqu'on vit dans l'aisance est chose tout à fait naturelle, mais lorsqu'on est dans le besoin et en difficulté, le fait de donner signifie l'aspiration à un idéal, une foi véridique et une réelle solidarité sociale, comme le spécifie le Coran: «Ceux qui font dépense (en aumône) dans la félicité et l'infélicité... ceux qui domptent leur colère et effacent les offenses des Hommes....».
Outre cette solidarité sociale, le verset décrit l'état psychologique qui caractérise les personnes pieuses, et qui devrait régner parmi l'humanité entière.
L'expression de la colère, elle, apparaît sur le visage et dans les gestes de la personne, mais le fait de la dompter et de la contenir traduit la lutte que mène la personne contre les faiblesses qui fragilisent son âme lorsqu'elle est sous l'empire de la colère ou lorsqu'elle se sent l'objet d'une quelconque agression.
Lorsque la personne arrive à vaincre sa colère, cela veut dire qu'elle a été assistée dans sa lutte par Dieu. Comme nous l'explique le Prophète (P.S.), quand un individu s'était attaqué à Abu Bakr pendant qu'il était en compagnie du Prophète, Abu Bakr avait d'abord maîtrisé sa colère, mais l'agresseur n'arrêtait pas ses invectives. La troisième fois, Abu Bakr, voulant mettre fin à cette agression, réagit, et, se tournant du côté du Prophète, vit que celui-ci s'était éloigné d'eux. Il courut alors, le rejoignit et lui dit: «O Envoyé de Dieu, est-ce que tu me reproches d'avoir voulu mettre fin aux attaques de cet homme après qu'il m'a provoqué à trois reprises? «Le Prophète lui répondit alors en guise de leçon : «O Abu Bakr, tant que tu parvenais à retenir ta colère, Dieu t'assistait en cela par un ange, mais lorsque tu avais décidé de répondre au mal par le mal, l'ange avait cédé la place à Satan et je ne suis pas homme à prendre place dans un groupe de personnes où s'introduit Satan». Ainsi donc, l'assemblée où l'on rend le mal par le mal est un foyer où Satan se délecte alors que celle où les gens arrivent à maîtriser leur colère est recherchée par les anges du Miséricordieux.
Néanmoins, une personne peut très bien réussir à retenir sa colère malgré ses griefs. C'est pourquoi les idéaux islamiques élèvent le croyant pieux à un état d'âme ne souffrant aucune haine et lui apprennent qu'il ne doit pas uniquement se contenter d'apaiser sa colère et s'abstenir de répondre au mal par le mal, mais il doit aussi pardonner à son prochain.
Certes, le pardon est la vertu des personnes généreuses. le Prophète a dit: «Le jour du jugement dernier, une voix demande: - Où sont ceux qui ont mérité la récompense du Seigneur?. Ne se lèveront alors que ceux qui auront pardonné à leur prochain». Tels étaient les principes que le Prophète avait toujours appliqués dans ses rapports avec ses adversaires, ceux qui le combattaient et ceux qui vouaient la haine aux Musulmans.
Lorsque, par exemple le Quraïchite Thamal ibn Athal fut fait prisonnier et que lui fut proposé à trois reprises de se convertir à l'Islam, il refusait à chaque fois en disant: «Si vous me tuez, moi aussi j'ai tué (des Musulmans), si vous êtes généreux, vous ne l'aurez pas été envers un ingrat». Le Prophète l'abandonna à son sort et ordonna alors qu'on le libère.
Lorsque Thamal se retrouva tout seul, maintes questions traversèrent alors son esprit: «Quels sont ce prophète et cette religion? Je les ai combattus la veille et quand il m'ont fait prisonnier et que j'ai refusé d'embrasser cette nouvelle religion, ils ne m'y ont point obligé, ni ne m'ont tué et m'ont plutôt accordé la liberté. Par les dieux ce ne sont point là les vertus d'un être humain, mais plutôt celles d'un Prophète authentique». Il fit ses ablutions et revint trempé d'eau auprès de l'Envoyé de Dieu pour proclamer tout haut sa conversion à l'Islam en disant: «Sache O Mohammad que ton pays, qui, la veille, était l'objet de mon abhoration est devenu celui que j'aime le plus, que ta religion que je détestais par dessus tout est devenue ma religion préférée, que ta face que je ne pouvais supporter de voir est devenue le visage que j'aime le plus au monde. Je témoigne qu'il n'y a pas de Dieu en dehors d'Allah et que tu es son envoyé».
Nous citons cet exemple dans le cadre de notre conférence sur les beaux idéaux islamiques en réponse aux attaques et aux surenchères de ceux qui prétendent que notre religion est intolérante et agressive.
Toute notre législation peut en effet être résumée en un mot, à savoir la clémence qui est l'essence même de tout le message transmis par le Prophète Mahammad quand il lui fut dit dans le Coran: «Et Nous t'avons envoyé seulement en tant que clémence pour les mondes».
Il est bon que l'être maîtrise sa colère. Qu'il pardonne à celui qui lui veut du mal est certes meilleur. Mais l'idéal c'est qu'il parvienne à lui faire du bien.
C'est pourquoi il est bien mentionné dans les versets objet de notre conférence: «Ceux qui domptent leur colère et effacent les offenses des hommes! Allah aime les bienfaisants». Certains exégètes font valoir que la bienfaisance dans le verset découle des deux premières caractéristiques, mais la grande majorité veulent -et c'est là notre avis aussi- qu'elle constitue une caractéristique indépendante par laquelle on doit comprendre que le fait d'être généreux envers qui nous veut du mal est bien une vertu.