Fête du Trône 2006

Sidi Bel Abbès: sublime spiritualité...

A seize ans, Abou El Abbès a déjà appris le saint Coran, entre les mains du Cheikh Abdellah El Fekhar…
>Désirant apprendre davantage, il se rendra à Marrakech - sur les directives de ce dernier - « la ville réputée pour la science et la prospérité»…

30 Novembre 2001 À 21:59

A son arrivée, la bourgade est encerclée par Abdelmoumen El Mouahidi… Ce qui contraint parait-il Abou El Abbès, à trouver refuge à Gueliz, lieu de médiation et de réclusion.
Il y demeurera une quarantaine d'années, selon les historiens, soit entre 540 et 580 de l'Hégire. Abou El Abbès va acquérir alors une solide réputation. Toutefois, son itinéraire ne demeure pas sans points obscurs. Une chose est certaine, Abou El Abbès, se rendait de temps à autre auprès du Cheikh Abou Yaâcoub Ben Amghar à Tit, sur la côte d'El Jadida. Zemmouri rapporte qu'au cours d'une de ses visites au Cheikh, qui était son hôte dans la mosquée, la servante s'était étonnée des beaux habits du jeune et du charme de ses traits. Le Cheikh lui dit : «Ne te fais pas de mauvais sang, ce jeune est le wali Abou El Abbès, béni à l'Est comme à l'Ouest, sur la terre et sur la mer, il est venu nous rendre visite, comme d'habitude…»
Une fois établi en ville, Abou El Abbès, encouragé par El Mansour, qui lui aurait légué par le système «Habs» une école et une maison, va pouvoir exercer ses talents d'orateur et d'enseignant de la langue et des mathématiques. Parcourant les souks, il prêchait la bonne parole et incitait les gens à effecteur leurs prières à temps et à pratiquer la charité ou le commerce avec Dieu (un dirham contre dix…).
Le nombre des déshérités qui l'entouraient, lui créaient beaucoup de difficultés, avec les autorités de la capitale, mais il ne baissait jamais les bras.
Période d'épidémies et de sécheresse, Abou El Abbès, se montrant toujours disponible pour venir en aide aux orphelins et aux veuves et soutenir les défavorisés.
Sa devise étant bien entendu, depuis sa tendre enfance : «Dieu a ordonnée équité et abnégation…»
Il ne va jamais faillir à la règle, au point de dire qu'il est un des précurseurs d'un système de solidarité qui a tenu avec le temps jusqu'à nos jours
L'étoile de l'aube
Voulant pactiser avec le Tout-Puissant, Abou El Abbès va dans un premier temps partager ses revenus entre sa famille, ses proches et les démunis. Cela a duré une vingtaine d'années.
Dans une seconde phase, il ne gardait plus qu'un tiers des revenus obtenus, il donnait les deux tiers aux nécessiteux.
Ibn Arabi, un des plus grands mythiques du monde islamique, a écrit dans son fameux traité El Foutouhat : «Je suis entré à Marrakech et j'ai trouvé qu'Abou El Abbès est au sommet de la hiérarchie, nommant, limogeant, donnant, interdisant…»
Dans ses dernières années, Abou El Abbès, voulait atteindre ce rang si convoité : celui de la gratitude.
Il procédera alors à la distribution de cinq septième de ses revenus à ceux qui sont dans le besoin, ne gardant que deux septième pour lui, sa femme, ses enfants et ses ayants droit (32 personnes).
Ses vœux sont toujours exaucés par le Tout-Puissant au point que la population de Marrakech l'interpelle pour prier Dieu à faire tomber la pluie lors des années de sécheresse, mais Abou El Abbès n'avait pas que des amis. Loin s'en faut.
Dieu est dans mon cœur
Abou El Hassane Ali Ben Zakaria raconte : «j'ai entendu Abou El Abbès dire : C'est moi le pôle”.
Agonisant, Abou El Abbès, répondra à un de ses disciples Abou Yaâcoub El Hakim : «Dieu est dans mon cœur…»
Abou Yaâcoub avait pris sa main, lui demandant de prononcer : «il n'y a de dieux que Dieu…» Ibn Al Hakim est mort de chagrin quelques années après. Dans une mosquée à Casablanca Ibtihalate de Sidi Bel Abbès sont récitées périodiquement par un fkih aveugle nommé Zemrani qui vient de temps à autre de Marrakech.
Ses grands maîtres El Ghazali, Abdelkader El Jilali et Abi Yaâza ne peuvent qu'être fiers de cet élève si exceptionnel.
Le sanctuaire de Sidi Bel Abbès rénové dernièrement reçoit des milliers de visiteurs chaque année.
Le Saint Coran qui coulait à flots sur les lèvres ne l'a jamais abandonné… son âme règne dans cette ville considérée à juste titre comme une des plus belles villes du monde.
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