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Téhéran : iran renvoie dos à dos ses deux ennemis, les Taliban et les USA

L'Iran a désormais adopté une ligne de conduite claire face à la crise afghane: il renvoie dos à dos ses deux ennemis que sont les Taliban et les Etats-Unis, accusant les premiers de fanatisme religieux et et les autres d'agression militaire hégémonist

15 Octobre 2001 À 21:08

Lundi, le Guide de la République islamique iranienne l'Ayatollah Ali Khamenei s'en est pris dans des termes très durs aux Etats-Unis. Ils «menacent la paix mondiale en poussant la planète vers une guerre généralisée», a-t-il estimé, rappelant toutefois que l'Iran «est opposé au terrorisme».
Le même jour, le président Mohammad Khatami s'est quant à lui employé à dénoncer les Taliban et leur version de l'Islam. «Nous condamnons le terrorisme sous toutes ses formes», a-t-il affirmé, accusant les Taliban de «semer la terreur et la mort à travers le monde».
«Il n'y a pas d'autre option à notre position qui consiste à nous démarquer des Taliban et Ossama Ben Laden, mais aussi des Etats-Unis», a expliqué dimanche soir le ministre iranien de l'Intérieur Abdolvahéd Moussavi-Lari.
Après une période d'observation marquée par la condam110n rapide des attentats du 11 septembre, les dirigeants iraniens ont recentré leur position.
Ils se démarquent idéologiquement des Taliban au pouvoir à Kaboul depuis 1996, et politiquement des Etats-Unis, leur ennemi juré depuis la Révolution islamique de 1979.
«Le peuple innocent et sans défense d'Afghanistan est aujourd'hui victime de deux injustices: le pouvoir de dirigeants obscurantistes et l'agression des puissances qui l'attaquent pour se venger d'un acte criminel», avait déjà souligné dimanche le Président Khatami.
Très hostile à l'arrivée au pouvoir des Taliban pro-pakistanais et pro-saoudiens à Kaboul, Téhéran n'a jamais reconnu la milice fondamentaliste sunnite et a continué de soutenir, politiquement et militairement, l'ancien Président Burhannudin Rabbani.
L'Iran, pays à forte majorité chiite, est directement concerné par toute crise en Afghanistan, pays avec lequel il partage 920 km de frontières.
Pour les dirigeants iraniens, «les obscurantistes au pouvoir en Afghanistan veulent propager sous couvert de l'Islam violence, guerre, meurtre et drogue à travers le monde».
Mais l'hostilité de l'Iran aux Taliban ne devrait pas pour autant le pousser dans le giron des Etats-Unis, pays considéré par Téhéran comme l'ennemi juré de la révolution islamique de 1979.
Plus la menace d'une offensive terrestre américaine en Afghanistan se précise, plus les dirigeants iraniens prennent leur distance vis-à-vis de Washington qu'ils accusent de chercher à étendre son hégémonie sur la région.
«Ben Laden est un prétexte, car l'objectif principal des Etats-Unis est de frapper l'Islam et les pays islamiques», estime l'Ayatollah conservateur Mohammad-Ali Movahédi-Kermani, représentant personnel de l'ayatollah Khamenei auprès des Gardiens de la révolution (Pasdaran).
Pour M. Movahédi-Kermani, dont les propos ont été rapportés par la presse iranienne, l'Afghanistan «n'est qu'une première étape pour les Etats-Unis».
Téhéran étudie donc de près l'avenir de l'Afghanistan après les Taliban.
Les dirigeants iraniens craignent en effet l'émergence d'un pouvoir pro-américain à Kaboul.
«Un mois après le 11 septembre et une semaine après le début de l'agression américaine, la diplomatie iranienne a décidé de bouger», a indiqué dimanche l'éditorialiste du journal réformateur Aftab, proche du chef de l'Etat.
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