L'humain au centre de l'action future

"Ah ! si j'étais riche" : des Français moyens au rayon luxe

Au moment où il croule sous les dettes, Aldo gagne au loto. Mais pour ne pas partager avec sa femme qui vient de demander le divorce, il décide de cacher son nouveau train de vie. Cette comédie resterait tristement caricaturale si ses réalisateurs, scénar

31 Décembre 2002 À 19:53

Il y a sûrement des gens riches et malheureux et des gens pauvres et heureux. Mais enfin, quand un couple va mal, les problèmes d'argent ne font qu'aggraver la situation. On ne sait pas, au juste, depuis quand Aldo et Alice ne s'entendent plus. Mais lorsqu'elle débarque à une petite réception au travail d'Aldo, on comprend vite qu'ils se tapent respectivement sur les nerfs. Lui (Jean-Pierre Darroussin) : « Tu aurais pu t'habiller autrement ». Elle (Valeria Bruni-Tedeschi) : « On est criblé de dettes et tu t'achètes une nouvelle voiture ? ». Rien ne va plus. Direction : la procédure de divorce. Scène de ménage à la fois drôle et sordide chez l'avocat, au cours de laquelle perce une information essentielle : les ex-tourtereaux sont mariés sous la communauté des biens. Ce qui veut dire qu'ils partagent tout à 50/50, dettes comme gains. Vu l'état de leur compte en banque et la perspective de la séparation, l'ambiance est des plus aigres à la maison. Au boulot, ca ne va guère mieux. Aldo est représentant dans une entreprise de cosmétiques qui vient de voir arriver un nouveau patron (Richard Berry). Le genre de type aux dents qui rayent le parquet, arriviste, grossier, faux-derche, et raciste en plus. Or celui-ci se permet non seulement de virer un copain d'Aldo mais en plus de draguer Alice qui se laisse faire. Trompé par sa femme et les poches vides, Aldo n'est plus loin du caniveau. Arrive alors ce qui n'arrive jamais : il gagne au loto. Mais s'il en parle, il devra partager sa fortune avec Alice. Dilemme.
Le pauvre devenant riche et conséquences, ce thème tellement rabaché ferait soupirer d'avance s'il n'y avait cette petite originalité : l'heureux gagnant doit cacher son nouveau train de vie. Ce qui, une fois énumérées les incontournables maladresses des Français moyens au rayon luxe, donne lieu à quelques gags plus novateurs. Comme Darroussin reversant un grand cru dans une bouteille de piquette. Mais les denrées fines sont plutôt rares sur ce buffet de caricatures et d'humour gras : cortège de gueules cassées en guise de potes (le bègue, le débile et le gros beauf), problèmes digestifs et délires toxiques... Finalement, les scènes dramatiques ont nettement plus de goût. Jean-Pierre Darroussin est épatant, même dans les moments les plus ridicules. Pour leur premier film en tant que rélisateurs, Michel Munz et Gérard Bitton, scénaristes de La Vérité si je mens (1 et 2), en font trop. Ce qui les sauve c'est la justesse du regard, la flexibilité de la morale et le fait d'avoir rajouté un peu de sentiments à cette histoire aussi vieille que les jeux d'argent. Cela dit, bonnes bouffes, jolies filles et belles bagnoles, les fantasmes restent tristement au ras du conformisme. Et vous, que feriez vous si vous étiez riche ?

Ah ! si j'étais riche de Michel Munz et Gérard Bitton, avec Jean-Pierre Darroussin, Valeria Bruni-Tedeschi, Richard Berry, François Morel, Zinedine Soualem.

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