Absence d'harmonie entre le moderne, le traditionnel et le non-réglementaire
Située sur le versant ouest du Moyen Atlas à une altitude d'environ 1.250 m; la ville d'Azrou s'y trouve être l'une des plus importantes agglomérations de la province d'Ifrane. Le périmètre urbain de cette localité qui est aussi un centre commercial impor
Limitée au nord par la ville d'Ifrane et encerclée par les deux communes rurales respectives de Bensmim et Tigrigra, la ville d'Azrou devenue pachalik par décret N° 468.92.2 daté du 30 juin 1992 est le chef-lieu du cercle d'Azrou regroupant six communes rurales à savoir El Had Oued Ifrane.
D'après le recensement de 1994, la population de la ville d'Azrou est de 40.810 habitants. Selon les projections démographiques à l'horizon 2010, cette population peut atteindre les quelque 56335 âmes ce qui fait que cette localité demeurera pour longtemps encore une ville moyenne sans accéder au stade de bille pôle d'attraction régional qui offre des possibilités stables en matière d'emploi, d'habitat et de scolarité… Elle joue à cette égard le rôle de zone tampon entre la grande ville et la campagne en constituant ainsi un moyen d'intégration urbain très relatif pour les ruraux des régions proches des grandes agglomérations.
Selon une étude de terrain bien réussie comme première au Maroc par les techniciens de la délégation provinciale du secrétariat d'Etat à l'Habitat d'Ifrane sur «L'habitat et le développement urbain de la ville d'Azrou»; il nous a été donné de relever que le parc logement de cette ville en 2001 est constitué de 12863 logements qui abritent 10123 ménages soit une population totale de l'ordre de 44792 âmes.
La répartition en deux secteurs d'habitat avec notamment l'habitat réglementaire et l'habitat non-réglementaire a fait ressortir 19 quartiers initialement réalisés de façon non-réglementaire composés de 8.644 logements occupés par 6.805 ménages sur une superficie de 72 ha et 23 quartiers réglementaires composés de 4.219 logements abritant 3.323 ménages.
De même, l'enquête par échantillonnage sur l'occupation des logements a révélé que 10.110 logements sont totalement occupés soit 78,6% du parc logement (dont 8.605 sont occupés en totalité ou en partie et 1.505 vacants lors de l'enquête) et que les logements exploités en service sont au nombre de 2753 soit 22,4% dont 1132 occupés en services socio-économiques et 116 en services socio-éducatif RS. Le nombre total des lots est de l'ordre de 5.613 lots dont 1.019 construits en rez-de-chaussée, 2.345 en R+1,1851 en R+2,389 en R+3 et 09 lots construits en R+4.
Prédominance de la maison marocaine moderne
Selon la même étude, la typologie d'habitat dans la ville d'Azrou est caractérisée par la grande prédominance de la maison marocaine moderne qui représente 80% du cadre bâti, suivi de l'habitat rural persistant encore et qui s'élève à 07% du total des constructions recensées. Viennent ensuite les locaux destinés à l'habitation, de l'ordre de 4%, des maisons sommaires ou bidonvilles ainsi que des constructions en cours représentant 02%. Les maisons marocaines traditionnelles et les maisons menaçant ruine représentent 1% des constructions recensées.
Quant à la répartition des ménages selon le nombre de pièces habitables, l'enquête en question a révélé que les logements à trois pièces viennent en tête avec 3188 ménages (plus que 31% du total des ménages) dont 50% dans le secteur non-réglementaire suivi des logements à deux pièces avec 3.095 ménages représentant 31% du total et dont 73% dans le secteur non-réglementaire reléguant ainsi les logements à une seul pièce au troisième rang hébergeant 1.405 ménages représentant 14% du nombre total des ménages de la cité et dont 92% relevant du secteur non-réglementaire.
D'après la même source, les différentes tailles des logements (respectivement deux pièces et une pièce) représentant 45% du total des ménages de la ville d'Azrou sont occupés en majorité par des ménages du secteur non réglementaire, elles en abritent 52%, ce qui traduit une grande marge de différence par rapport au secteur réglementaire .
Pour ce qui est du statut occupation, il ressort de l'étude que 55% des ménages d'Azrou sont propriétaires; 28% des locataires, 7% des hypothécaires, 6% des logés gratuitement, 2% sont accédants à la propriété et 2% occupent des logements de fonction.
Par ailleurs, on notera d'après notre source d'information que 87% des ménages de la ville d'Azrou sont branchés au réseau d'eau potable et que 13% restent toujours non branchés vu leur proximité de bornes fontaines de l'ordre de 26 points d'eau situés dans 14 quartiers leur assurant l'alimentation en eau potable - 1.323 ménages en majorité dans le secteur non-réglementaire-. Pour ce qui est du réseau d'électricité, on relève que 63% des ménages y sont branchés; le reste des ménages non branchés est équitablement réparti sur les deux secteur : réglementaire et non-réglementaire.
Selon la même étude 95% du nombre total des ménages d'Azrou sont branchés au réseau d'assainissement. Le reste : Soit 475 ménages dont 364 procédant par assainissement à ciel ouvert et 111 ménages sont situés dans des secteurs réglementaires et qui n'ont pas achevé leurs constructions. A noter que sur les 364 suscités, 225 sont situés dans les quartiers clandestins de M'charmou et de Tizi bas et 141ménages sont situés dans les quartiers précaires - Bidonville - d'Ajellabou, de Tiboukallaline, M'charmou bidonville, Rettaha et Aït Amar.
Concernant le réseau téléphonique, il nous a été donné de relever paradoxalement que sur les 42% des ménages Azrouis branchés à ce réseau, 43% relèvent du secteur réglementaire et 57% du secteur non-réglementaire. Ceci, dit; il est à rappeler selon la même source que la ville d'Azrou souffre de quelques poches d'habitat insalubre et taudifié, illégal, sous-équipé et peu ou pas relié au centre ville. Ces poches constituant des quartiers sous équipés sont situés dans des zones montagneuses ou pied-montaises et attirent des ruraux sans qualification à la recherche d'une zone intermédiaire non voyante et à contrôle difficile, à ceci s'ajoute la nature des terrains très accidentés. Ces quartiers qui ont pour nom M'charmou, Sebbab, Tizi Ouribane et Tizi Bas comptent au total 845 ménages constituant une population de 3.750 habitants et 1.071 constructions dont la plupart sont érigés sur des superficies variant entre 40 et 80 m2. Tous ces quartiers disposent du réseau électrique sauf que le taux de branchement des logements et ce réseau varie entre 40 et 100%. En outre, l'existence de bornes fontaines ou des puits dans trois de ces quartiers dispense la population du branchement au réseau d'eau potable ce qui coûte énormément de fonds pour la municipalité de la ville.
Conséquence de l'exode rural
De même, nonobstant l'opération de recensement Aïn Aghbal intéressant le bidonville Bou Ighial et malgré le durcissement du quartier M'charmou d'origine bidonvilloise, ce quartier connaît toujours l'existence d'habitations sommaires construites en matériaux légers et qui sont au nombre de 36 baraques. D'autre bidonvilles recensés en 1992 et qui n'ont pas connu d'intervention demeurent encore de nos jours notamment à Ajellabou avec 43 baraques abritant 56 ménages et à Tiboukallaline qui compte quatre baraques abritant six ménages. Ces deux derniers bidonvilles ne disposent d'aucun équipement d'infrastructure hormis quelques bonnes fontaines ou puits qui leur assurent l'alimentation en eau potable. En outre, la ville d'Azrou a connu depuis lors la création de nouvelles poches embryonnaires, susceptibles de s'étendre en raison de l'exode rural et de la cherté des lots équipés en l'absence de lots de superficie réduite à la portée du pouvoir d'achat et de la demande de la population de bas revenu. D'autre part, il ressort de cette étude effectuée sur «l'habitat et le développement urbain dans la ville d'Azrou» que les logements menaçant ruine dans cette localité se situent dans sept quartiers non-réglementaires avec notamment Azrou centre, El Kachla, Tizi Ouribane, Hay Mohammadi, Ahadaf, Bouyakour et Sidi Assou. Les logements menaçant ruine recensés dans ces quartiers sont au nombre de 69 constructions abritant 94 ménages d'une population globale de l'ordre de 281 habitants. Parmi les 69 logements ainsi recensés, 26 sont des habitations marocaines modernes et 47 des habitations de type rural. La majorité des constructions est réalisée en pisé ou en pierres avec du mortier en terre, les planchers étant construits en bois couvert de terre. Selon la même source, la plupart des logements menaçant ruine constituent des dangers pour la voie publique et pour les constructions mitoyennes. Ils présentent des fissures dans les murs et dans le plancher qui se retrouve d'ailleurs fléchi. D'autres pathologie se présentant tels que le gonflement des sols et la présence d'affouillements ainsi que la pourriture du bois et l'humidité et l'infiltration d'eau.