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Affaire du petit Larbi: déficit de coordination entre police et parquet

L'affaire du petit Larbi, disparu le 4 décembre 2001 et retrouvé mort après deux semaines dans une benne à ordures, à deux pas de son domicile au quartier des Aubiers à Bordeaux, continue de soulever le mécontentement et la déception des Bordelais, en rai

18 Janvier 2002 À 21:40

Arrêté le 3 janvier, Alain Diaz, 40 ans, avait déjà purgé six mois de prison en 1997, pour une agression sexuelle sur mineur. Une information dont les fichiers de police n'ont conservé aucune trace, selon la presse française, qui rappelle que l'homme a aussi une petite fille de 3 ans, placée dans une famille d'accueil à la demande d'un magistrat qui a dû statuer sur le danger éventuel que représentait le père.En résumé, si la justice connaissait bien Alain Diaz, les services de police ignoraient tout sur son parcours, faute de transmission d'informations.
Ce manque de coordination explique que l'assassin, résidant dans le même quartier que l'enfant marocain, soit passé inaperçu pendant les premiers jours de l'enquête. Il aura fallu plusieurs jours pour retrouver l'enfant, faire les analyses du contenu de la poubelle qui avait été déversé sur la victime, et arrêter enfin le suspect qui a été interné du 6 au 11 décembre à l'hôpital psychiatrique de Bordeaux, juste après la disparition du petit Larbi. Certes, les services de la police judiciaire se sont mobilisés sur ce dossier (50 fonctionnaires dotés de moyens techniques sophistiqués, selon un enquêteur), mais le mystère plane toujours au sujet du courrier envoyé, selon des sources proches du dossier, par l'équipe médicale de l'hôpital psychiatrique le 24 décembre au procureur de la République Bertrand de Loze, ainsi qu'une télécopie au parquet de Bordeaux pour lui signaler le cas Diaz, traité par leurs services.
Ce jour-là, répond-on au tribunal, le fax manquait de papiers… mais qu'en est-il du courrier arrivé à destination le 26 décembre, s'interroge-t-on à Bordeaux où des dizaines de personnes avaient manifesté devant le tribunal pour demander justice pour Larbi et exiger un jugement exemplaire dans cette affaire.
Selon le parquet, le courrier aurait été mal transmis à cause des fêtes de fin d'année, et ce n'est que le 3 janvier que les policiers apprennent enfin son existence.De son côté, la ministre française de la Justice, Marylise Lebranchu, a annoncé qu'elle avait demandé une enquête administrative sur un éventuel dysfonctionnement au parquet de Bordeaux.
Je trouve logique pour les affaires très lourdes et dramatiques qu'une population s'interroge à chaque fois sur le service public de la justice, a-t-elle indiqué à France-Soir.
Alors que tous les éléments de l'enquête s'accordent à imputer le retard dans la transmission à la période de fin d'année, les habitants du quartier des Aubiers, eux, s'interrogent encore : que serait-il advenu si, entre le 24 décembre et le 3 janvier, Alain Diaz avait pris la fuite?
Ils sont toutefois consolés: les investigations de la police ont permis l'arrestation d'une autre personne, suspectée elle aussi d'être un dangereux délinquant pédophile. Cet homme, qui n'habitait pas le quartier mais le FRF, a été incarcéré. Ce problème de pédophilie est aujourd'hui au centre d'une réunion du gouvernement français qui doit examiner les mesures à prendre d'urgence pour la lutte contre ce fléau. Alors que chaque jour apporte son lot de révélations effroyables sur les petits martyrs, le Premier ministre, Lionel Jospin va consacrer l'essentiel de cette réunion bimensuelle pour lancer un nouveau plan de bataille contre la délinquance pédophile.
La ministre de la Famille, Segolene Royal, détaillera une série de mesures nouvelles dans quatre directions : lever davantage la loi du silence, améliorer la prise en charge des enfants victimes, renforcer la répression et mieux prévenir la récidive.
En dépit d'un filet de protection et d'un arsenal répressif accru depuis 1998, la situation reste particulièrement préoccupante, avec près de 13.500 affaires recensées en 1999 (33 % de viols, 67 % d'agressions sexuelles) reconnaît le ministère.
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