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Après vingt-neuf d'exil, l'ancien roi Zaher Shah revient en Afghanistan

L'ancien roi d'Afghanistan, Mohammad Zaher Shah, devenu le symbole des espoirs de paix de son pays meurtri par plus de deux décennies de guerre, est rentrée hier à Kaboul après 29 ans d'exil à Rome.
>L'ancien monarque, âgé de 87 ans, a foulé le sol de s

18 Avril 2002 À 20:02

Le vieil homme, veste de cuir, tête nue, démarche mal assurée, est descendu de l'Avion C130 de l'armée de l'Air italienne, précédé de gardes du corps en gilets pare-balles, et suivi par Hamid Karzaï, son plus fidèle allié, pachtoune comme lui, en costume traditionnel vert et toque d'Astrakan.
L'un des premières à saluer le roi en cette journée ensoleillée a été le redoutable chef de guerre Ouzbek, le général Abdul Rashid Dostam, maître de Mazar-I-Sahrif, la grande ville du nord de l'Afghanistan, qui avait pour l'occasion revêtu un costume cravate à l'occidentale.
Salué par plusieurs autres notables sur le tapis rouge déroulé au pied de l'avion, Zaher Shah s'est engouffré après cette brève cérémonie dans une mercedes aux vitres fumées qui l'a conduit jusqu'à sa nouvelle résidence, une villa cossue du centre de Kaboul, protégée par des dizaines de gardes du corps et policiers afghans.
L'ancien monarque, hériter du clan des durrani, avait quitté l'Afghanistan en 1973, après 40 ans de règne, chassé du trône par son cousin Mohammad Daoud qui avait proclamé la République.
Tiré de l'oubli par la communauté internationale dans la foulée des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis et de la campagne militaire qui a précipité la chute des talibans en Afghanistan, Zaher Shah, en rentrant au pays, symbolise les espoirs d'une paix retrouvée et ranime le souvenir d'une époque de relative prospérité pour le pays.
Mais son retour porte aussi la marque des menaces qui pèsent toujours : initialement prévu il y a un mois, pour les fêtes du nouvel ans afghan, il a été différé plusieurs fois à cause de menaces d'attentat.
Sans fonction officielle, Zaher Shah a été investi, par les signataires des accords inter-afghans conclus à Bonn le 5 décembre, d'une mission hautement honorifique : l'inauguration en juin la Loya Jirga d'urgence, assemblée traditionnelle qui doit désigner un gouvernement de transition chargé de convoquer des élections démocratiques dans un délai de 18 mois.
Le reste de ses jours

Le dernier Shah d'Afghanistan affirmait récemment qu'il souhaitait passer le reste de ses jours «au service» de son pays, et qu'il accepterait de jouer un rôle officiel si son peuple le lui demandait.
L'ancien souverain a regagné Kaboul accompagné d'une vingtaine de ses proches, dont ses trois fils, Ahmad Shah, Nader Shah et Mirwais Zahir, laissant en revanche à Rome son épouse, l'ex-reine Homaira.
Pour la sécurité de ce retour, la capitale Afghane été placée sous haute surveillance des forces afghanes et de la force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF), déployées le long du parcours menant de l'aéroport au centre, tandis que des quartiers entiers étaient fermés à la circulation.
La sécurité personnelle de l'ancien roi sera cependant laissée à l'administration intérimaire, et 40 gardes du corps afghan ont été spécialement entraînés par des soldats italiens et suédois de l'ISAF. La force de paix, en charge de la sécurité dans la capitale avec 4.500 hommes, a souligné que sa mission ne comprenait pas la protection de Zaher Shah, et qu'elle se limiterait à fournir une assistance médicale si besoin. Dans la matinée, des centaines d'afghans avaient envahi les rues de Kaboul pour acclamer l'ancien roi sur le parcours menant à sa nouvelle résidence. Des moment où la limousine royale quittait l'aéroport, les dirigeants tribaux et les représentants des anciens ont vivement applaudi alors que des confettis argentés étaient jetés sur la voiture.
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