Baghdad annonce la reprise de ses exportations
L'Irak reprendra dans la nuit du 7 au 8 mai ses exportations de pétrole, après avoir fait cavalier seul pendant un mois en les suspendant pour protester contre l'offensive israélienne en Cisjordanie, a annoncé dimanche la télévision d'Etat.
>La décisio
Le gouvernement a décidé de «reprendre les exportations de pétrole à l'issue de ce mois (de suspension), c'est-à-dire après minuit, dans la nuit du 7 au 8 du mois en cours», a indiqué la télévision. «Les pays arabes pétroliers n'ont pas collaboré avec l'Irak pour que nous réussissions ensemble», a déploré la télévision, en référence au refus de ces pays d'un appel de Baghdad à une interruption de leurs exportations. L'Irak, sous embargo international depuis 1990, exportait quelque 2 millions de barils par jour (MBJ) sous contrôle de l'ONU dans le cadre du programme dit «pétrole contre nourriture».
Saddam Hussein avait décidé de le 8 avril de suspendre les exportations de brut pour une période de 30 jours renouvelable pour tenter d'amener l'administration américaine à faire pression sur Israël et obtenir le retrait de ses troupes des villes palestiniennes réoccupées en Cisjordanie. Le 23 avril, il a appelé, en vain, les pays pétroliers arabes et islamiques à réduire de 50% leur production et à en priver les Etats-Unis et Israël pour accroître la pression sur Washington.
Message reçu
Les pays arabes pétroliers, notamment l'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial, avaient refusé de s'associer à l'embargo irakien, estimant que le pétrole ne pouvait pas servir d'arme dans le conflit israélo-arabe comme ce fut le cas en 1973.
Des diplomates occidentaux à Baghdad avaient estimé qu'en recourant à l'arme du pétrole au nom de la cause palestinienne, Saddam Hussein vise à renforcer sa popularité au sein des masses arabes pour garantir leur soutien contre une éventuelle frappe américaine. «Le fait de ne pas recourir au pétrole, l'un des facteurs de notre puissance, ne fera que renforcer notre ennemi», avait déclaré le président irakien le 23 avril.
En dépit du faible impact de l'embargo irakien sur les cours du brut, le ministre irakien du Pétrole Amer Rachid avait estimé que le message était bien parvenu aux Etats-Unis.
Il en a voulu pour preuve l'adoption à une écrasante majorité le 18 avril par le Sénat des Etats-Unis d'une législation interdisant aux compagnies pétrolières américaines d'acheter du pétrole irakien.
«C'est une réaction à la décision historique de l'Irak d'arrêter les approvisionnements de pétrole et elle démontre l'efficacité de cette mesure», avait-il déclaré.
L'Irak, qui dispose des deuxième réserves mondiales de brut après l'Arabie Saoudite, avait interrompu à trois reprises depuis 1999 ses exportations de brut, en général brièvement, en raison des tensions avec l'ONU qui lui impose des sanctions depuis son invasion du Koweït en 1990.
L'Irak est membre du l'OPEP mais n'est pas soumis au système des quotas du cartel en raison de l'embargo. Ses exportations sont effectués sous strict contrôle international dans le cadre de l'accord «pétrole contre nourriture», en vigueur depuis fin 1996. Les Etats-Unis sont les premiers destinataires du brut irakien, absorbant 40% des exportations de Baghdad. !