Bush prône, au Bundestag, l'inflexibilité des alliés face au terrorisme
Ignorant les dizaines de milliers de manifestants qui ont défilé à Berlin contre sa politique, le Président américain George W. Bush devait, hier, exhorter les Allemands et l'Europe à se montrer inflexibles devant le terrorisme dans un discours au Par
L'allocution du Président américain devant le Bundestag sera «un message de force face au terrorisme (...) il reflétera nos valeurs et visions communes avec le peuple et le gouvernement allemands. Il sera aussi un message exprimant le triomphe de la liberté», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer à la presse en esquissant les grandes lignes de ce discours.
Le Président américain a consacré la matinée hier à des entretiens avec les dirigeants allemands. Il a été reçu par le Président Johannes Rau au Palais Bellevue, la résidence de la présidence de la République, avant de retrouver le chancelier Gerhard Schroeder pour une nouvelle série d'entretiens et un déjeuner de travail, qui devait être suivi d'une conférence de presse conjointe .
Selon des sources proches des deux responsables, leurs discussions devaient être centrées sur la guerre contre le terrorisme, l'évolution de l'OTAN, le resserrement des liens de l'Alliance Atlantique avec Moscou, qui sera concrétisé mardi lors d'un sommet à Rome à 20 (les 19 de l'OTAN et la Russie), les questions bilatérales, ainsi que les tensions commerciales sur l'acier et les subventions agricoles.
Avant son départ de Washington, M. Bush n'avait pas caché qu'il voulait que ses alliés de l'OTAN augmentent leurs dépenses de défense pour accélérer la transformation de l'Alliance atlantique, «plus que jamais nécessaire» dans la lutte contre le terrorisme.
Le chancelier Schroeder, lui, avait affiché son intention d'entendre le Président américain sur ses intentions précises vis-à-vis de l'Irak. Berlin exclut tout soutien à une intervention militaire sans un mandat spécifique de l'ONU.
Si les partenaires de Washington restent pleinement acquis à la nécessité d'éliminer le réseau d'Oussama Ben Laden responsable des attentats du 11 septembre contre l'Amérique, ils se montrent plus circonspects sur l'extension de la guerre à l'Irak.
Maintenir une concertation
Les opinions publiques européennes paraissent encore plus sceptiques.
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a toutefois estimé «important» mercredi soir pour Washington de maintenir une concertation étroite avec ses partenaires sur les mesures à prendre contre l'Irak, que ce soit ou non dans le cadre des Nations unies. Quelque 20.000 manifestants ont protesté contre la politique américaine dans les rues de Berlin, mercredi à l'arrivée de M. Bush dans la capitale allemande, ainsi que dans une soixantaine de villes allemandes, à l'appel d'organisations pacifistes, des néo-communistes (PDS) mais aussi des Verts, le parti du ministre des Affaires étrangères, Joschka Fischer.
Malgré quelques incidents en fin de soirée, avec jets de pierres et de bouteilles contre la police et drapeaux américains brûlés, les protestations se sont déroulées largement dans le calme. La police est intervenue fermement dès les premiers débordements, et la manifestation a aussitôt été dispersée. 58 personnes ont été interpellées.
La police avait déployé dans le centre de la capitale l'un des plus importants dispositifs d'après-guerre, avec 10.000 policiers. Tout le quartier gouvernemental, qui inclut l'hotel Adlon ou résidait le Président américain et son épouse Laura, avait été en outre totalement isolé.
M. Bush devait quitter Berlin en milieu d'après-midi pour Moscou ou il doit signer aujourd'hui avec le Président Vladimir Poutine un traité de désarmement prévoyant la réduction des deux tiers sur douze ans des arsenaux nucléaires de deux pays. Il doit ensuite passer le week-end avec le Président russe à Saint-Pétersbourg, avant de se rendre dimanche après-midi en France.