CAN-2002: le Mali accueille la fête du football africain
Dans deux semaines, la Coupe d'Afrique des Nations soufflera sa 23e bougie (CAN-2002) au Mali, avec la participation de 16 équipes nationales, à leur tête le champion en titre et favori, le Cameroun.
MAP
08 Janvier 2002
À 20:33
Accueillant, pour la première fois de son histoire, la plus prestigieuse compétition continentale, le Mali a fourni de grands efforts pour réussir l'organisation d'un tournoi de plus en plus prise de par le monde.
Une gigantesque opération coup de balai a été menée, pour le nettoyage des cinq sites retenues pour abriter les matches :
Bamako, la capitale, Sikasso (Sud), Mopti (Nord), Segou (Nord), et Kayes (Ouest), dont les stades flambant neufs sont prêts.
«Nous sommes un pays pauvre certes, mais nous devons montrer que nous sommes propres », a déclaré le Président malien Alpha Oumar Konaré.
Deux semaines durant, le Mali sera donc la capitale du continent noir qui est parvenu, au fil des années, à s'offrir une compétition digne de la réputation de ses footballeurs. La CAN, une riche histoire et un avenir prometteur...
La Coupe d'Afrique des Nations, qui a vu le jour à Khartoum, deux jours seulement après l'assemblée générale constitutive de la Confédération africaine de football (CAF), le 8 février 1957 au Soudan, est la traduction concrète de la naissance de la plus haute instance continentale (CAF).
Œuvre de trois nations (Égypte, Éthiopie et Soudan), - l'Afrique du Sud sera vite écartée pour cause d'apartheid- la CAN, comme toutes les grandes compétitions, a connu des hauts et des bas, des remaniements et autres changements, sous l'impulsion des cinq présidents qui se sont succédé à la tête de la Confédération : les Egyptiens Abdelaziz Abdellah Salem (1957/1958) et le général Abdelaziz Mustapha (1958/1968), le Soudanais Abdelhalim (1968/1968), l'Ethiopien Ydnekatchew Tésséma (1972/1987), et le Camerounais Issa Hayatou (en poste depuis mars 1988).
Aux origines,des visionnaires
Plusieurs autres personnalités ont apporté leur pierre à l'édifice, comme le Dr Abdelhadi Mohamed et les secrétaires généraux Youssef Mohamed, Mustapha Kamel Mansour, Mourad Fahmy et Mustapha Fahmy.
L'histoire de la CAN peut être subdivisée en quatre étapes principales qui correspond chacune à une formule de compétition:
1957-1965, 1968-1990, 1992-1994 et 1996 jusqu'à aujourd'hui.
Ainsi, lors de la première édition (Khartoum-1957), le tournoi est joué selon la formule de l'élimination directe.
Deux ans plus tard, avec les mêmes sélections, la compétition se déroule sous forme de championnat avec addition de points.
Cependant, lors de la troisième édition (Ethiopie-1962) qui a accueilli deux nouveaux venus, la Tunisie et l'Ouganda, on assiste à un retour à la formule de l'élimination directe avec en prime un match de classement.
La CAN-63 au Ghana connaîtra un important renouveau : six équipes réparties en deux groupes de trois. Ce changement a été inévitable après que de nouvelles associations nationales ont rallié la Confédération africaine, notamment le Maroc et le Ghana.
A partir de 1968 en Éthiopie, la CAN prendra la formule qui semblait être la forme idéale: deux groupes de quatre équipes, le tournoi, qui comporte un programme chargé de 16 parties, se joue désormais durant deux semaines dans deux villes du pays organisateur, voire plus.
Cette forme de compétition résistera jusqu'en 1992, édition au cours de laquelle le Sénégal accueille 12 sélections au lieu de huit. Sous la pression du nombre grandissant des pays affiliés à la CAF (plus de 50 actuellement), l'organisme continental a pris cette initiative pour permettre à toutes les grandes équipes de pouvoir animer cette compétition et de s'assurer une large médiatisation grâce à la présence des professionnels a l'étranger, surtout dans les championnats européens.
De cavalcades en cavalcades, la Coupe d'Afrique des Nations de football changera, pour la énième fois, de peau. C'est ainsi que la CAF a confié en 1996 à l'Afrique du Sud, qui venait de réintégrer le concert africain, d'héberger les 16 nations qui se disputeront le trophée.
La question des footballeurs africains expatriés a constitué l'un des importants aspects de cette permanente évolution de la plus prestigieuse compétition continentale. En effet, les discussions ont été chaudes au siège de la CAF au Caire, sur ce sujet, qui sera résolu définitivement par le quatrième président, l'Éthiopien Ydnekatchew Tésséma.
Au début de la compétition, seuls les joueurs évoluant dans leurs pays étaient autorisés à figurer sur la liste communiquée à la Confédération africaine en prévision de chaque tournoi, comme le stipulaient les règlements de la FIFA.
Les sélections qui disposaient de joueurs évoluant à l'étranger ont été ainsi privées des services des enfants du pays. Elles ont dû attendre la réunion du Caire (24-25 mai 1967) pour qu'une Fédération nationale puisse finalement utiliser un maximum de deux joueurs jouissant de la nationalité de leur pays bien que licenciés et pratiquant dans un autre pays et quel que soit leur statut en tant que joueur.
Ce nouvel amendement a profité dès 1972 au Congo-Brazaville qui a remporté le trophée continental grâce a ses deux professionnels M'Pele et Balekita.
Constellation de megastars
Dix ans plus tard à Tripoli (3-4 mars), l'Ethiopien Tésséma va mettre fin aux discussions byzantines. Conformément à l'article 3 du nouveau règlement de la FIFA, désormais tout joueur, citoyen d'un pays en vertu de ses lois, est qualifié pour jouer en équipe nationale ou représentative de ce pays.
Cette décision de la CAF a été bénéfique pour le football africain qui, grâce à l'apport des professionnels, est devenu un produit lucratif pour les plus grandes chaînes internationales qui s'arrachent les droits de retransmission des matches.
A l'approche de chaque édition, le trésorier de la CAF se frotte les mains. La manne des droits de retransmission, du sponsoring et de la publicité feront saliver n'importe quelle fédération. Une manne aussi pour les grandes sélections du continent qui reçoivent des prix de plus en plus alléchants...