LE MATIN
10 Décembre 2002
À 17:18
Mais en fait, la solitude la travaille ferme. Ses parents font pression : «Alors ma chérie, quand est-ce que tu nous présentes quelqu'un ? - Tu n'est pas homosexuelle au moins ?» Et ses amies lui vantent les vertus de l'indépendance. Mais ça ne règle pas le problème : «Les garçons qui m'intéressent ne s'intéressent pas à moi. « Et ceux qui s'intéressent à elle ne l'intéressent pas. Les contes de fées n'ont plus cours : la dépression de son quinquagénaire de patron le confirme. Quant aux princes charmants, ils sont méconnaissables. Celui (Bruno Putzulu) qui repeint ses murs, mange bio et squatte sa douche, l'agace au plus haut point. L'autre (Olivier Sitruk) lui plairait plus mais il est branché «relations virtuelles par Internet». De quoi faire s'échouer la fillette qui rêvait d'être ballerine, ivre morte dans un caniveau. A part Bruno Putzulu, peut-être pas prince mais charmant, les acteurs en font trop. Problème de ton : ils s'évertuent à faire croire à une comédie quand ils brossent la chronique, souvent pas drôle, d'une génération en mal d'amour. Le «J'attends personne» de la demoiselle a de quoi attendrir les plus récalcitrants. Résultat : des mouvements instables entre rires et larmes. Mais l'ensemble, presque grinçant, compte de bons gags : Irène trépignant toute nue sur un tabouret devant son portable qui vient de suspendre une tendre connexion... Et cette idée, bien exploitée de l'homme ordinateur... Irène est un film truffé de maladresses et de stéréotypes mais il a su garder simplicité et vraisemblance. Et comme devant quelqu'un qui apprend à danser, on se prend à lui passer ses faux pas pour trouver son petit manège plutôt mignon.
Irène de Ivan Calbérac Avec : Cécile de France, Bruno Putzulu, Olivier Sitruk et Patrick Chesnais.