Spécial Marche verte

De nouvelles études confirment les dangers du clonage

Deux études, l'une japonaise montrant la mort précoce de souris clonées et l'autre américaine sur la réussite d'un clonage à partir de cellules adultes très spécialisées, confirment les dangers et les difficultés du clonage.

12 Février 2002 À 20:22

Selon les chercheurs japonais, la majorité de leurs souris mâles (10 sur 12) clonées sont mortes prématurément, avant 800 jours, la durée normale d'espérance de vie d'une souris. De quoi justifier, selon eux, les inquiétudes suscitées par les tentatives de reproduire un être humain par clonage.
Parallèlement, selon des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, Etats-Unis), les cellules adultes se prêtent particulièrement mal au clonage d'animaux. Ils suggèrent même que la plupart des clones d'animaux réussis ne proviendraient pas de n'importe quelles cellules adultes ordinaires et complètement matures, mais, en fait involontairement, des rares cellules souches présentes dans tout organisme adulte. Ces cellules souches constituent une cible de la recherche thérapeutique, car elles peuvent générer différentes sortes de cellules.
Le clonage consiste schématiquement à enlever le noyau d'un ovule pour le remplacer par le matériel génétique d'un donneur.
Ces travaux sont en ligne lundi, respectivement sur les sites du mensuel américain spécialisé Nature Genetics et de l'hebdomadaire britannique «Nature».
Pneumonie, défaillance inexpliquée du foie (nécrose), production insuffisante d'anticorps, et tumeurs (leucémies et cancer du poumon) chez un animal, sont aussi relevés à l'autopsie de six rongeurs par Atsuo Ogura de Tokyo (Institut national des maladies infectieuses).
Ces observations confirment les dangers multiples menaçant les clones (anomalies du coeur, des poumons, du système immunitaire, obésité, morts fréquentes avant ou juste après la naissance...) déjà signalées, sans oublier le vieillissement prématuré de Dolly, premier animal cloné, après 277 tentatives, avec une cellule de mammifère adulte. Le clonage se solde encore souvent par des malformations et des morts prématurées, rappelait encore l'an dernier le Britannique Ian Wilmut, à l'origine de la naissance de Dolly, au moment où l'Italien Severino Antinori et l'Américain Panos Zavos annonçaient leur intention de se lancer dans le clonage humain avec plus de 200 femmes volontaires.
Au MIT, Rudolf Jaenisch et Konrad Hochdlinger ont pris des globules blancs hyper-spécialisés, des lymphocytes B et T, pour produire 21 clones de souris, après mille tentatives et de laborieuses manipulations.
Ils prouvent «sans équivoque qu'une cellule adulte totalement différenciée peut être reprogrammée pour cloner un animal». Et Rudolf Jaenisch, en rappelant le taux d'échecs considérable de cette forme de clonage, n'hésite pas à suggérer que «la plupart des clones survivants sont, en fait, dérivés de cellules souches adultes présentes en faible quantité dans tous les organes adultes».
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