Débat sur l'Islam et le Christianisme: identité commune
Un débat philosophique et inter-religieux autour des points communs liant l'Islam au Christianisme a réuni, mercredi soir à Fès, les universitaires de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Dhar Mahrez de Fès et le philosophe autrichien Josef
MAP
22 Février 2002
À 20:08
Ce débat, qui a été une occasion de présenter «Dieu en tant que preuve de l'existence de Dieu», l'ouvrage du Pr. Seifert que Hamid Lchab a traduit en langue arabe, a permis aux spécialistes de méditer sur l'actualité d'un discours doctrinal à la fois ancien et nouveau touchant l'universel, puisque se rapportant à l'ontologie de l'existence de Dieu.
Partant des hypothèses avancées par des philosophes musulmans et chrétiens tels Imam El Ghazali et Saint Thomas d'Aquin, le Pr. Seifert a construit son argumentaire, pour démontrer la communauté des liens entre les 2 religions, à partir des «99 attributs et noms de Dieu présents dans le Coran et l'évangile. Dans son intervention intitulée, prions nous le même Dieu? Et, peut-il y avoir, une communauté spécifique religieuse entre chrétiens et musulmans», le conférencier a affirmé l'existence d'»une base réelle pour une solidarité religieuse véritable. Avançant les concepts d'«unicité», «verité», «d'amour», «d'adoration» et de «prière», contenus dans les religions musulmane et chrétienne, l'orateur, a estimé, «qu'une philosophie qui parle seulement d'un Dieu comme objet de la conscience humaine nie la base commune de toutes les religions monothéistes, dans la mesure où il existe un Dieu transcendant en face de toutes les pensées humaines.
Ainsi, selon lui, «il y a un lien décisif et profond de l'unité entre l'Islam et le Christianisme qui n'est pas seulement une vue des chrétiens croyants mais une connaissance partagée par toutes les religions». Par conséquent, a-t-il poursuivi, ce que dit la philosophie sur Dieu est donc en principe commun aux 2 religions, notant à cet égard que les philosophes chrétiens et musulmans peuvent concorder presque totalement.
S'interrogeant sur l'existence d'une base de l'unité dans le religieux lui-même, le Pr. Seifert a répliqué que les 2 religions s'en tiennent à des vérités éternelles (Dieu unique, vrai, miséricordieux, éternel, omniscient). Elles sont liées dans ces vérités de foi communes décisives par «un autre lien profond, celui de la fonction de la prière religieuse par laquelle les véritables croyants musulmans et chrétiens, recherchent l'amour de la vérité et de la foi au nom de la vérité par la prière.» Et le Pr. Seifert de rappeler que la problématique actuelle que confronte toutes les religions sous l'assaut de la modernité, (...) Concerne pareillement les fondements de toutes les religions monothéistes, du Judaïsme, de l'Islam, et du Christianisme.
Le concept de vérité en général qui forme, a-t-il dit, l'assise de la foi musulmane comme de la foi chrétienne, les normes éthiques objectives dont la reconnaissance relie les Juifs, les Chrétiens, et les Musulmans, la possibilité pour l'homme de faire des affirmations sur le supra-sensible et même sur la réalité divine.
Toutes ces choses, selon lui, sont radicalement remises en question et niées dans la philosophie contemporaine.
Donc, face à la situation décrite, le temps est arrivé actuellement de reconnaître combien nombreux sont les fondements essentiels communs des grands penseurs de l'Islam et du Christianisme et des partisans des 2 religions, a conclu le Pr. Seifert qui est par ailleurs directeur de l'Académie internationale de philosophie à la principauté de lienchentein.