France: Jean-Pierre Raffarin nommé Premier ministre
Un nouveau Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, 53 ans, peu connu du grand public mais familier du monde de l'entreprise, a pris ses fonctions hier pour succéder au socialiste Lionel Jospin. >Il a été nommé lundi par le président Jacques C
06 Mai 2002
À 21:51
M. Raffarin, un sénateur libéral, a cinq semaines, avant des élections législatives en juin, pour démontrer aux Français que lui et l'équipe qu'il va mettre en place sont en mesure de répondre à leurs inquiétudes, notamment dans le domaine de la sécurité et de l'emploi. Le verdict sera rendu les 9 et 16 juin, à l'occasion du renouvellement de l'assemblée nationale qui depuis 1997 est dominée par une alliance de partis de gauche, notamment les socialistes, les communistes et les Verts. Une victoire de la gauche sonnerait le glas de son cabinet et ouvrirait la voie à une nouvelle cohabitation entre un gouvernement de gauche et le président Chirac, un conservateur. Cette éventualité est fortement combattue par la droite qui y voit une recette confirmée pour la paralysie de l'action de l'appareil d'Etat. Pour l'ancien Premier ministre gaulliste Alain Juppé, proche conseiller de M. Chirac, l'enjeu des législatives est de donner au président «les moyens de gouverner» pour éviter de «retomber dans une situation de paralysie, de moindre efficacité que serait une nouvelle cohabitation». M. Raffarin est arrivé au siège du Premier ministre, l'hôtel Matignon, en fin d'après-midi et a salué M. Jospin, qui a quitté ses fonctions après cinq ans à la tête du gouvernement sur un échec électoral cuisant. M. Jospin, 64 ans, a été éliminé du scrutin présidentiel par Jean-Marie Le Pen, créant ainsi une situation sans précédent depuis 1969, celle d'un second tour sans candidat de gauche. Auparavant, M. Raffarin avait été reçu pendant une heure et demie par le président Chirac au palais présidentiel de l'Elysée. «Le président de la République a nommé Jean-Pierre Raffarin Premier ministre et l'a chargé de former le gouvernement», a déclaré le secrétaire général de la Présidence de la République, Dominique de Villepin, à l'issue de de cet entretien. Membre de la garde rapprochée du président Chirac, le nouveau Premier ministre avait été nommé en 1995 ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce et de l'Artisanat. C'est le seul poste ministériel qu'il ait occupé. Ancien publicitaire, M. Raffarin est considéré comme l'archétype de l'élu de terrain, prêt à défendre «la France d'en bas» contre les élites. Volontiers gouailleur, tout en rondeurs, il a le sens des formules bien senties. Né le 3 août 1948 à Poitiers, dans l'ouest de la France, il est diplômé de l'Ecole supérieure de commerce de Paris, mais pas, comme se plaisent à souligner ses amis, de l'Ecole nationale d'administration, la pépinière de la haute fonction publique et des élites politiques. Au soir du triomphe de M. Chirac et avant l'annonce de sa nomination, il avait plaidé pour «d'autres méthodes, d'autres attitudes, d'autres actions» de gouvernement et souhaité que «le mécontentement» ne soit pas oublié. Sa nomination illustre la volonté de M. Chirac de procéder rapidement à la mise en place du «gouvernement de mission» dont il avait annoncé dimanche soir la formation. Le premier devoir du gouvernement «sera de rétablir l'autorité de l'Etat pour répondre à l'exigence de sécurité, et de mettre la France sur un nouveau chemin de croissance et d'emploi», avait souligné M. Chirac. Cette équipe devra également préparer le scrutin législatif de juin. Le premier secrétaire du Parti Socialiste, François Hollande, a estimé que l'élection présidentielle «n'a pas permis de donner un choix en terme de politique à mener pour les cinq ans qui viennent» et estimé que «les vrais arbitrages politiques» se feront aux législatives. Le président du Parti communiste, M. Robert Hue, a déjà critiqué M. Raffarin, estimant qu'il «incarne cette politique de droite qui écrase ceux d'en bas, qui vilipende les services publics et veut en réduire les missions et les moyens».