La star égyptienne Houda Sûltane fut invitée au Maroc par le Syndicat Libre des Musiciens du Maroc à l'occasion du Festival de la Chanson Arabe de Casablanca. Rayonnante de beauté et de sérénité, elle a gagné le monde stellaire en portant toujours l'Islam
LE MATIN
26 Mars 2002
À 18:18
Houda Sûltane, un mythe toujours rayonnant de beauté et de grâce, de cette génération des mégastars des années 50, telles que Fatine Hamama, Majda, Samia Gamal, Imad Hamdi ou Farid Chawki…, tant d'autres encore sont à citer. Elle appartient au sublime patrimoine artistique arabe contemporain où s'inscrivent en lettres d'or des noms comme Mohammed Abdelwahab ou Oumkelthoum... Houda Sûltane est une grande référence du cinéma et de la chanson arabes. En guise de clôture de ce Festival, un somptueux déjeuner a été offert ce lundi 25 mars par Abdelilah El Amrani, plus connu sous le nom de Bilal El Amrani. Un artiste dans l'âme qui aurait peut-être été un merveilleux artiste professionnel si le destin l'avait orienté dans cette voie. Il a un immense amour pour l'art et pour les artistes qu'il admire, ne cesse d'encourager. La musique classique arabe emplit sa vie et sa grande passion est Mohammed Abdelwahab. Une aura éclatante, une beauté qui rappelle celle d'Omar Sharif, générosité d'âme et noblesse de cœur, goût raffiné dans l'art, Bilal est en retour très aimé des artistes, ses amis. Sa maison est comme un " salon " prestigieux de l'art de haut niveau, qui aime recevoir des artistes tels que Nadia Ayoub, Saïd Chraïbi, que Dieu le guérisse promptement, Hayat El Idrissi, Adyl Zerhouni, Fatem-Zohra Laâroussi, Mahmoud El Idrissi, ou de grands artistes arabes de passage au Maroc. Dans ces soirées il réserve souvent une surprise, celle de prendre le micro et de chanter, accompagné des musiciens présents, " Kaalat " ou " Min ghir lih " de M. Abdelwahab. Ce " salon de l'art " ne saurait resplendir sans la présence et l'accueil de l'adorable épouse de Bilal, Asmae Laraki.
«L'artiste est messager»
La réception donnée par Bilal et son épouse Asmae en l'honneur de Houda Sûltane et des festivaliers eût un caractère presque familial dans une ambiance chargée de spiritualité. Comme ce lundi était celui du jour sacré de Achoura, ce fut la troupe des Issaouas de Bensouda qui anima la journée, ce qui réjouit l'actrice égyptienne ainsi que sa fille et sa petite fille qui l'accompagnaient. Habillée de noir et léopard, d'une sobre élégance, Houda Sûltane a le visage lumineux auréolé d'un hijab noir qui met en valeur ses magnifiques et immenses yeux noirs où le regard peut se perdre infiniment. Avec ces yeux de biche qui s'étalent même sur son profil, une grande bouche superbement dessinée et un nez fin, elle a la beauté de ces houris de l'Egypte antique. Aucun lifting, un teint pur et presque pas de rides, le sourire radieux, elle est aussi sympathique que sereine. Sa fille Nabila est aussi belle et porte une tenue de hijab très élégante. " Je suis née dans une famille religieuse et j'ai grandi dans un foyer où retentissait tous les jours la lecture du Coran, dit Houda Sûltane. J'ai toujours porté l'Islam et Al Imane (foi puissante) dans mon cœur, et reçu l'enseignement islamique. Al Imane n'est pas une surprise, un rendez-vous dans votre vie ; il est une essence, une quintessence qui évolue en votre être, un cheminement…Les rendez-vous en ce domaine sont ceux qui fortifient en vous la connaissance par la rencontre de saints ou de savants, par exemple ". Dieu lui a ouvert les voies de l'art et a tracé son chemin d'étoile. " L'art ne saurait être en contradiction avec l'Islam, poursuit-elle. Car il est extrême raffinement, élévation, se nourrit de qualités divines et par nature est porteur de message, même dans les cas où l'artiste veut fuir toute intention de délivrer un message. L'artiste est foncièrement messager… L'art est message de Dieu et se téophanise de beauté divine ". Tout au long de sa carrière, Houda Sûltane a incarné la femme fatale arabomusulmane tout en ne s'éloignant jamais de l'Islam. Cela fait 14 ans qu'elle porte le hijab, sans se rattacher à aucune confrérie ; ses maîtres uniques sont le Coran, la sunna et la chariâ. Son " iltisam " (engagement dans une piété surérogatoire), est la Omra chaque année durant Ramadan. Elle a de même pris coutume d'ajouter au mois sacré sur les lieux saints six jours de Chaoual durant lesquels elle jeûne encore, au lendemain de Aïd Al Fitr. Dieu l'a aussi comblée de bonheur par deux pèlerinages de haj. Ce qu'elle affirme comme étant de plus beau dans sa vie, c'est son rapport avec Dieu, puis, ses enfants et ses petits enfants. Devant cela, sa gloire de star a peu d'importance. Lorsque les Issaouas marquent une pause, c'est Adyl Zerhouni qui chante " Sahirtou " de M. Abdelwahab, ou Nadia Ayoub qui interprète " Wahaqquika " de Oumkeltoum ou encore Atika Ammar dans " Ya m'saharni " toujours d'Oum Keltoum. Houda Sûltane savoure le talent marocain dans la chanson marocaine. Elle est actrice mais aussi chanteuse. Elle prendra le micro pour dire tout l'amour qu'elle a envers le Maroc et le public marocain, toute l'admiration qu'elle a pour Feu Sa Majesté Hassan II qui l'avait reçue lors de ses précédentes visites en notre pays, évoquant sa personnalité extraordinaire en tant que Roi, en tant que grand amateur d'art et en tant qu'homme. Elle présente aussi ses félicitations pour le mariage de Sa Majesté Mohammed VI. Puis, sur la demande du compositeur égyptien Tawfik Hilmi (qui vit au Maroc), qui lui a rendu un vibrant hommage dans une allocution poétique, elle chante un morceau de sa célèbre chanson " Lamouni " avec une voix toujours aussi limpide et douce. Elle a séduit le public arabe par d'autres belles chansons signées par d'illustres compositeurs, Mohammed Abdelwahab, Ryad Sanbati, Mohammed El Mougui, Mohammed Faouzi (ce dernier étant le frère de Houda Sûltane), Zakaria Ahmed,…
Le couple géant de l'écran
C'est au cinéma qu'elle affirma le plus sa grandeur, dans " Chauffeur de minuit ", " Rassif n°5 ", " Hamidou " de Niasy Mostapha, " Jaâlouni mougrima " de Atif Salim, " Une femme sur la route " de Azzedine Dou Al Fakar (ce dernier étant le premier mari de Fatine Hamama), et tant d'autres films encore. Elle n'a jamais accepté de jouer n'importe quel rôle et a toujours sélectionné ses scénarios. L'autre gloire de Houda Sûltane est qu'elle fut l'épouse du monstre sacré de l'écran, feu Farid Chawki. Un mot de lui, dit par elle : " Un roi ", suivi d'un silence d'émotion… Elle ne put rien dire d'autre, comme si tout était dit en un seul mot. Elle joua la plupart de ses rôles auprès de lui et eut de lui deux filles, Mahae et Nahed. Son premier mari était un homme d'affaires, Najib Al Kachir, père de Nabila. Aujourd'hui Houda Sûltane joue au cinéma le rôle de mère qui lui plaît bien, surtout à la télévision. Si on lui demande quelle est la qualité féminine qu'elle place au-dessus de toutes et qu'elle souhaite transmettre comme éternel message à la femme arabe, c'est la sincérité. " La sincérité vient du cœur qui ne ment jamais et parvient au public avec force ", dit-elle. Lors de ce séjour de Houda Sûltane au Maroc le chanteur Adyl Zerhouni et l'ingénieur du son et musicien Monsef Adyel se sont particulièrement occupés d'elle. Elles les considère désormais comme ses fils, ayant partagé avec eux affection, humour, anecdotes. Le jour de son départ ils l'ont accompagnée à la Wilaya où M. Saâd El Abbassi, Adjoint du Gouverneur lui a remis " la clé de Casablanca ", un objet doré symbolique. A l'aéroport, Houda Sûltane dit à ses nouveaux fils " En partant je vous enferme à clé ", ce à quoi Adyl Zerhouni lui répondit : " Cela ne sert à rien puisque j'ai le double de la clé ".