Israël a retiré hier ses troupes des villes palestiniennes et annoncé sa disposition à reprendre les négociations de paix après un cessez-le-feu avec les Palestiniens, au lendemain de l'arrivée de l'émissaire américain Anthony Zinni pour une nouvelle mis
15 Mars 2002
À 20:20
Dans la bande de Gaza, deux Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens. Un Palestinien armé qui tentait de s'infiltrer dans une colonie juive a été repéré et tué par une patrouille, alors qu'un policier se trouvant devant son domicile à Rafah a été mortellement atteint à la poitrine. L'armée israélienne a annoncé à l'aube le retrait total de ses troupes des villes de Ramallah, Qalqiliya, Tulkarem, et de la plus grande partie de Bethléem, en Cisjordanie, ainsi que du camp de réfugiés d'Al-Boureij dans la bande de Gaza. Les soldats continuent cependant d'encercler tous ces zones. «En accord avec la décision politique, les forces israéliennes ont annoncé leur retrait de toutes ces villes», a déclaré un porte-parole de l'armée. Des témoins ont confirmé que les troupes s'étaient retirées des villes. L'offensive israélienne à Ramallah, où le président palestinien Yasser Arafat est bloqué depuis plus de trois mois, était, par les moyens mis en œuvre, la plus importante jamais lancée par l'armée israélienne en 35 ans. Le département d'Etat avait réclamé dès jeudi soir un «retrait complet» de l'armée des secteurs palestiniens réoccupés. Le médiateur Zinni, qui a rencontré dans la nuit le Premier ministre israélien Ariel Sharon, a aussi fait cette demande à M. Sharon. M. Zinni, arrivé hier en Israël, rencontrait vendredi matin à Tel-Aviv le ministre israélien de la Défense Binyamin Ben Eliezer et devait s'entretenir ensuite avec le chef de la diplomatie Shimon Pérès. L'émissaire américain, dont c'est le troisième voyage dans la région depuis novembre, a été chargé par le président George W. Bush d'obtenir une diminution de la violence qui a atteint des sommets ces deux dernières semaines, et si possible un cessez-le-feu. Depuis le début de l'Intifada fin septembre 2000, 1.532 personnes ont été tuées, dont 1.184 Palestiniens et 343 Israéliens. Israël, en annonçant son retrait des zones autonomes et sa disposition à reprendre les négociations de paix après accord de cessez-le-feu avec les Palestiniens, semble vouloir donner des signes de bonne volonté pour ne pas être accusé d'avoir fait échouer la mission de Zinni. A Al-Qods, un haut responsable de la présidence du Conseil a annoncé que «le Premier ministre Sharon a informé l'émissaire américain qu'il était prêt à engager des négociations de paix dès la conclusion d'un cessez-le-feu et que dans ce but une commission mixte israélo-palestinienne sera activée». Selon ce responsable, M. Pérès devra diriger la délégation israélienne dans la commission. Plan palestinien De son côté, le président palestinien Yasser Arafat présentera à M. Zinni un «plan palestinien» portant sur un cessez-le-feu, lors d'une rencontre vendredi soir à Ramallah, selon le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat. Selon M. Erakat, «le plan se rapporte à l'application des plans Tenet et Mitchell (afin de) mettre un terme à l'occupation israélienne des villes et villages palestiniens», et porte sur «la fin totale du bouclage et de l'agression israélienne contre les Palestiniens». Le plan du directeur de la CIA George Tenet, rédigé en juin 2001, établit un mécanisme de cessez-le-feu. Le rapport de la commission présidée par l'ex-sénateur américain George Mitchell porte sur un guide de mesures devant permettre, une fois le calme revenu, à reprendre le dialogue politique. D'autre part, la présidence américaine a rejeté une recommandation faite par le département d'Etat d'accorder à Israël une aide militaire additionnelle de 200 millions de dollars, a indiqué un responsable américain jeudi. Les sommes recommandées par le ministère des Affaires étrangères américain devaient figurer dans le cadre de fonds supplémentaires demandés au Congrès pour l'année budgétaire 2003, a indiqué ce responsable sous couvert de l'anonymat. La Maison Blanche et le Conseil de sécurité nationale qui lui est lié ont toutefois décidé de ne pas donner suite, a-t-il assuré, sans toutefois donner les motivations de cette décision. «C'était la recommandation (du département d'Etat), mais ils ont dit non», s'est-il borné à déclarer. Ces fonds étaient destinés à aider Israël à surveiller ses frontières pour prévenir des attaques. Ils devaient venir d'un projet de fonds de plusieurs milliards de dollars destiné à aider divers pays à lutter contre le terrorisme. Ce responsable a toutefois ajouté que cet argent n'était pas lié à un fonds de 800 millions de dollars que l'ancien président Bill Clinton avait promis à l'Etat hébreu dans le cadre des efforts pour soutenir le processus de paix israélo-palestinien. Des responsables à la Maison Blanche ont refusé de commenter cette information, renvoyant sur le département d'Etat. Le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, a à son tour renvoyé sur les services budgétaires du gouvernement, dont les responsables n'ont pu être joints jeudi. Les Etats-Unis sont le principal allié d'Israël sur la scène internationale, et lui apportent chaque année quelque 3 milliards de dollars d'aide, dont les deux-tiers environ sous forme d'assistance militaire.