Un colloque sur la vie et le parcours littéraire de feu Mohamed Khaïr Eddine sera organisé les 26 et 27 avril à Fès, à l'occasion de la publication du journal de l'écrivain. >L'objectif de la rencontre : rendre compte de l'itinéraire de cet homme rongé
LE MATIN
20 Avril 2002
À 21:49
Il est vrai que «Khaïr», comme l'appelaient ses amis, disposait, lui, d'une richesse de vocabulaire inouïe. Jamais, pourtant, il ne parut vraiment satisfait de ses écrits, fussent-ils salués par la critique. «Je désire, disait-il, trouver une phrase qui résume tout.» Tout, c'est-à-dire la beauté qu'il chantait, la révolte qui l'habitait, et l'insoumission dont il rêvait de vêtir ses frères en désespoir. Khaïr-Eddine a publié ses premiers poèmes dans «La Vigie marocaine» avant de collaborer dans les années 60 à la revue «Souffles» qu'animait le poète Abdellatif Laâbi. Il s'installa en France, en 1966, et publia, l'année suivante «Agadir» (Seuil). Suivront bientôt, chez le même éditeur, «Corps négatif » puis «Histoire d'un bon dieu» (1968), «Soleil arachnide» (1969), « Moi l'aigre » (1970), «Le Déterreur» (1973), «Ce Maroc !» (1975) et «Une odeur de mantèque» (1976). Pas un de ses livres qui ne soit un séisme, une coulée de lave charriant les imprécations d'un poète qui savait qu'il ne se réconcilierait jamais avec lui-même. Il se fit ensuite plus rare, mais sa colère vibrait encore et toujours, dans «Une vie, un rêve, un peuple toujours errants» (Seuil, 1984), la «Résurrection des fleurs sauvages», «Légende et vie d'Agoun'chich» et enfin « Mémorial » (Le cherche midi éditeur, 1991). Sur ses dernières photos, Mohammed Khaïr-Eddine apparaissait comme étant déjà sur l'autre rive, mais son regard est demeuré inchangé, levé, comme toujours, vers des cieux qu'il espérait plus cléments.