L'Acteur studio : un grand acteur est un être vrai

" Ça fait 10 ans que j'ai envie d'être actrice. Ici je le ferai. C'est génial ! " confie Nawal, une élève à l'école de l'acteur de Rabat, l'air enthousiaste.
Mais si, pour les uns, ces cours sont un moyen de se frayer un chemin vers une carrière d'acteur, pour d'autres il s'agit avant tout de savoir s'affirmer et communiquer plus facilement comme c'est le cas pour Salima : " Je compte, ici, donner le mieux de moi-même jusqu'à pouvoir bien m'exprimer et affronter le public ".
Et parfois c'est la passion qui dicte ce choix : "Je suis amateur.
J'espère continuer pendant plusieurs années " confirme Eric.
Quelque soit l'objectif escompté, chacun des élèves devrait se confronter au credo " Stanislavskien " ardemment revendiqué par Jean-Marie Courtois qui ne cesse de répéter lors de ses cours : " Ne jouez pas, soyez vrai, restez-vous même ". pour ce comédien déjà formé par une ancienne élève de l'acteur studio, l'acteur doit se débarrasser de tout ce qui pourrait se substituer à sa nature, il doit préparer le terrain propice dont l'inspiration a besoin pour descendre en lui et lui donner la possibilité d'atteindre son rôle en suivant une voie qui lui est propre, celle où le poussent sa nature créatrice et son expérience personnel : " l'acteur studio est une école new-yorkaise de l'après-guerre, qui a formé les plus grands acteurs mondiaux américains comme Orson Welles. Elle est issue de la technique du Russe Stanislavski qui a révolutionné le théâtre au début du siècle. Son principe se résume ainsi : le sentiment qui déclenche l'action.
On doit d'abord être habillé par un sentiment pour réaliser une action et vivre un personnage qui a été crée par un auteur " explique J.M Courtois.
On retrouve ici " la méthode des actions physiques " de Stanislavski, qui va plus loin encore: elle exige que l'acteur qui aborde un rôle soit vierge de toute idée de ce rôle, que cette idée lui ait été donnée par le metteur en scène ou qu'il se la soit faite lui-même, en d'autres termes qu'il oublie ce qu'il sait de la pièce et du rôle. La méthode de l'Ecole de Rabat consiste, comme l'explique Youssef, ancien élève de J.M. Courtois et son assistant actuellement, en plusieurs points. D'abord, la relaxation qui permet une disponibilité de l'esprit et du corps. Puis, l'expression corporelle qui vise à sensibiliser les élèves à leurs possibilités motrices et émotive, à leur schéma corporel et à leur faculté de projeter ce schéma dans leur jeu. Ensuite, l'expression orale qui permet, surtout aux enfants, à mieux s'exprimer et qui comporte un travail de textes cours, lecture à haute voix et articulation. Le travail de scène, quant à lui, développe, à l'aide de textes appuis, la mémoire et la capacité d'expression. et enfin, l'improvisation : les élèves sont souvent appelés à jouer quelque chose d'imprévu et " inventé " dans le feu de l'action.
Aujourd'hui, J.M.Courtois annonce le thème sous le regard attentif de ses élèves qui devraient, ensuite, donner libre cours à leur invention gestuelle et verbale : " Le thème donc est un honne qui rentre chez lui après un voyage d'un mois et demi et trouve son appartement squatté ! ". Une élève qui vient de rejoindre l'école, panique déjà car c'est un travail devant la caméra. On s'apprête à jouer mais attention ! il ne faut surtout pas oublier la recette magique du maître: " Etre vrai, prouver le sentiment pour réaliser l'action". Pour Eric, la tâche est ardue: "Ce n'est pas facile. Tout l'art du comédien c'est de trouver ce sentiment recherché". L'improvisation dure cinq minutes. Juste après, on visionne la cassette. Le jeu de chaque comédien est analysé en profondeur ? Le rire des comédiens, surpris par leur prestation, envahit la salle et le professeur donne ses remarques sans oublier le conseil de tous les jours pour réussir n'importe quel rôle : " être vrai ! ".