L'administration Bush renforce son dispositif antiterroriste
La création d'un super-ministère de la sécurité intérieure, qui constitue la plus grande réorganisation du gouvernement fédéral américain depuis un demi-siècle, a pour objectif d'éviter une répétition d'attaques terroristes comme celles du 11 septembre
En demandant au Congrès en juin 2002 de se joindre à lui pour créér un nouveau ministère baptisée «Homeland Security», le président George W. Bush définissait ainsi ses missions: «Assurer la sécurité du territoire et protéger le peuple américain».
Il avait en fait fini par endosser une idée lancée et défendue par les démocrates après les attentats du 11 septembre contre New York et Washington qui ont fait plus de 3.000 morts.
Après un compromis mardi, la Chambre des représentants et le Sénat vont finalement voter très prochainement, à l'issue de plusieurs mois de blocage entre démocrates et républicains, une nouvelle législation qui lancera la plus ambitieuse refonte gouvernementale aux Etats-Unis depuis 1947.
Missions multiples
Le président Harry Truman avait cette année-là, en réponse au début de la guerre froide, créé le département de la Défense en fusionnant l'Armée de Terre et la Marine.
Le futur ministère de la sécurité intérieure sera formé en réalignant les différents programmes et politiques fédérales en fonction de la lutte anti-terroriste et en réaffectant 170.000 fonctionnaires qui travaillent actuellement à 22 ministères et agences.
Les ressources budgétaires du «Homeland Security» seront également tirées des budgets de ces différents ministères et pourraient se monter, une fois opérationnel, à quelque 37 milliards de dollars annuellement mais sans se traduire, en principe, par une augmentation du budget fédéral.
Pour l'année fiscale en cours (2002/2003), la Maison Blanche pourrait tirer des autres agences quelque 640 millions pour le «Homeland security».
Les missions de ce futur ministère, qui prendra des années à être organisé, consisteront à la fois à empêcher des terroristes d'entrer aux Etats-Unis, à renforcer la sécurité du transport aérien, accroître le degré de préparation en cas d'urgence, réduire les risques d'attaques chimiques, biologique et nucléaire et à protéger les infrastructures du pays.
C'est ainsi que le «Homeland security» aura toutes les responsabilités de la sécurité des frontières, coiffant ainsi les Gardes Côtes, les Douanes, les services d'Immigration et de Naturalisation ainsi que la toute nouvelle agence de Sécurité du transport aérien.
Le super-ministère servira également de centre de collecte de toutes les informations concernant le terrorisme collectées par la CIA, la centrale de renseignement, et le FBI, le police fédérale. Cette fonction est jugée particulièrement importante après qu'une commission d'enquête du Congrès a mis en lumière de sérieuses insuffisances et manque de coordination de ces deux agences avant les attaques du 11 septembre.
Mais la CIA et le FBI resteront indépendants du futur super-ministère.
Pour Thomas Mann, un analyste de la Brookings Institution, «le Homeland Security n'est qu'une énorme organisation bureaucratique totalement désordonnée qui nécessitera plusieurs années à mettre en place».
«Il s'agit davantage d'un symbole et d'un outil politique que d'une composante essentielle des efforts entrepris pour améliorer la sécurité intérieure des Etats-Unis», a-t-il encore estimé, ajoutant qu'on «ne verra aucun effet avant probablement plusieurs années».